Le meilleur des mondes

Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles

O, Wonder!
How many goodly creatures are there here!
How beauteous mankind is!
O brave New World!
That has such people in’t!
Ô, merveille !
Combien de belles créatures vois-je ici réunies !
Que l’humanité est admirable !
Ô splendide Nouveau Monde
Qui compte de pareils habitants !

William Shakespeare La Tempête (1611)

Adapter au théâtre le roman de Aldous Huxley (Brave New World) est un pari risqué. Les deux adaptations pour la télévision (1980 et 1998) n’ont pas laissé un souvenir bien favorable. Les tentatives d’adaptations au cinéma et en série télé ont été abandonnées. Guillaume Corbeil à l’écriture et Frédéric Blanchette, à la mise en scène, s’en sortent merveilleusement bien.

Nous sommes en 1931. La Grande Guerre est terminée depuis 13 ans et deux années se sont écoulées depuis la crise économique de 1929. Issu d’une famille composée d’intellectuels et de scientifiques célèbres, Aldous Huxley publie à 37 ans un roman fondamental. Il anticipe le devenir de la société de consommation dans 600 ans. Un roman passionnant, de près de 500 pages, rempli de personnages et de situations troublantes et prophétiques. Par exemple, les humains sont fabriqués en séries et génétiquement conçus pour occuper leurs places dans la société. Ils sont conditionnés à être heureux. La société est divisée en castes rigides. Une drogue obligatoire, le soma, brime toute envie d’être différent ou non conforme. Les couples n’existent plus, remplacés par des rencontres éphémères et fréquentes.

La pièce

Moins de 100 ans plus tard, beaucoup trop des traits caricaturaux dressés par le roman sont déjà d’actualités. Le dramaturge prend un malin plaisir à ajouter des traits de notre cyber-société et de notre télé-réalité contemporaines. Ces ajouts s’entremêlent judicieusement avec ceux du roman. Ces clins d’œil ont fait beaucoup rire le public enthousiaste.

La scène
Sobriété de la scène

La mise en scène est dépouillée et simple. Les projections sur trois murs faits de draps blancs qui cernent la scène sont réussies et à propos. Exit les côtés cour et côtés jardin, les acteurs et actrices sortent de deux longs plans inclinés et dissimulés qui font deux longues brèches sur la scène. Pour une pièce de 1 h 45, il va de soi que les rôles ne sont pas le reflet des personnages du roman. Cependant, les rôles sont bien écrits, bien dirigés et campés avec brio par des acteurs et actrices de grand talent.

Le meilleur des mondes
du 25 septembre au 19 octobre 2019
Théâtre Denise-Pelletier

Le Pois PenchéLas Olas

Anthropologue de formation, spécialisé en archéologie, Raymond Carpentier travaille dans le milieu des nouveaux médias et de l’internet depuis des décennies. Passionné de cinéma, de technologies, de cuisine, d’histoires, de sciences, de santé, de nutrition, de musique, c’est un touche-à-tout.