Marina Gavanski Zissis une artiste d’exception

Une femme, Marina Gavanski Zissis, tenant un tableau devant un chevalet. Une femme, Marina Gavanski Zissis, tenant un tableau devant un chevalet.

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J’ai rencontré Marina Gavanski Zissis, artiste peintre bien connue et Consule Honoraire de la Serbie,  qui  m’a accordé cette entrevue :

  

RH. – Madame Gavanski Zissis, vous êtes originaire de l’ancienne Yougoslavie, et vous habitez et exercez votre art de peintre à Montréal. Racontez-nous votre cheminement avant votre arrivée au Québec.

MARINA GAVANSKI ZISSIS. – Je suis née à Sarajevo, en Yougoslavie, qui se trouve maintenant en Bosnie-Herzégovine et je suis arrivée en Amérique du Nord avec mes parents, alors que j’étais toute petite. Après le lycée à Vancouver, en Colombie-Britannique, je suis allée étudier l’art à l’Université de Belgrade, en Serbie. Le pays tout entier s’appelait alors la Yougoslavie et Belgrade en était la capitale.

RH. – Qu’est-ce qui vous a décidée à vous installer à Montréal?

MARINA GAVANSKI ZISSIS. – C’était plutôt le hasard. Après l’université, je suis rentrée au Canada et j’ai passé un été à Montréal pour rendre visite à des amis et voir la scène artistique. J’y ai rencontré mon futur mari et je suis venue ici pour faire de Montréal mon espoir, et cela dure depuis 35 ans.

RH. – Comment était la vie artistique alors à Belgrade et comment elle est aujourd’hui?

MARINA GAVANSKI ZISSIS. –  Belgrade était très animée à cette époque, car c’était une très grande et importante capitale du sud de l’Europe et des Balkans. À l’époque, la Yougoslavie était un pays socialiste non aligné avec une communauté intellectuelle très active. Toute l’éducation était gratuite, mais pour entrer dans des facultés spécialisées, telles que celle d’Art, il fallait du talent et énormément d’efforts. Les «artistes universitaires» étaient donc très appréciés. Il y avait beaucoup de communication avec l’Ouest et d’expérimentation de nombreux styles artistiques.

     

RH. – Comment définissez-vous votre art?

MARINA GAVANSKI ZISSIS. –  Je dirais que mon art est «réaliste-expressif». Mon travail se divise en plusieurs catégories selon les thèmes et les matériaux utilisés. La plupart des travaux en studio sont figuratifs, réalisés à l’huile. Quand je dis figuratif, beaucoup sont des nus avec des modèles vivants. Dans ces circonstances, les émotions et les sens occupent une part importante. Il y a quelques années, un ami et moi avons créé le terme de «Sensu-expressionnisme» pour désigner mes peintures figuratives.

Mes aquarelles sont réalisées principalement dans la nature et tout comme l’aquarelle elles sont plus douces et plus calmes. J’appelle mes aquarelles des « poèmes » et mes huiles des « drames ». J’écris souvent de la poésie pendant que je peins et les poèmes se rapportent généralement au travail effectué. Chez-moi, certains états d’âme, expériences et circonstances appellent à la poésie.

Je suis aussi portraitiste et je peins parfois des portraits sur commande. Au fil du temps, j’ai également peint de nombreux portraits de famille, d’amis et de personnalités.  Pour l’exposition au Consulat général de Pologne, j’exposerai des aquarelles et des portraits, ainsi que 2 œuvres plus importantes, qui illustrent «l’âme slave».

RH. – En quoi Montréal a contribué et influencé votre art?

MARINA GAVANSKI ZISSIS. – Ma famille a toujours été très artiste. Mon grand-oncle Alex Djigurski était un artiste bien connu en Amérique et ma tante Ivanka Gavanski était un peintre professionnel à Belgrade. Mes parents ont encouragé mon talent dès mon plus jeune âge.

Je réalise maintenant que les diverses communautés ethniques et linguistiques de Montréal ont joué un rôle important dans mon choix de modèles. C’est par hasard que j’ai rencontré et peint des personnes d’horizons différents que je trouvais intéressants. Je dirais donc qu’une grande partie de mon travail reflète cette diversité, une sorte de portrait de la population montréalaise rencontrée au cours des 25 dernières années.

Dans mes aquarelles, je suis aussi inspirée par la fluidité de la nature.

RH. – Est-ce que Montréal est un milieu favorable aux artistes?

MARINA GAVANSKI ZISSIS. – Montréal est une bonne ville pour les artistes, dans le sens où il y a tellement d’artistes de tous les types et genres. L’art n’étant pas une profession réglementée, comme la médecine ou l’architecture, tout le monde peut devenir artiste, qu’il soit amateur ou diplômé. Il y a beaucoup de liberté!

RH. – J’ai l’impression que les gouvernements canadien et québécois, investissent beaucoup d’argent dans certains domaines culturels  comme la musique, le cinéma et les maisons d’édition, qu’ils subventionnent à coups de millions, mais semblent négliger les artistes des Beaux-arts. Les Musées mêmes, donnent beaucoup plus d’importance à des couturiers qu’à des peintres et sculpteurs locaux. Qu’est-ce qu’il faudrait faire pour promouvoir le milieu des beaux-arts et des créateurs qui vivent et travaillent ici?

     

MARINA GAVANSKI ZISSIS. – Je n’ai jamais été subventionnée  par un gouvernement et je ne saurais pas par où commencer pour demander du financement, même si ce serait apprécié. Il est difficile de vivre de son art et la plupart des artistes indépendants doivent avoir plus d’une source de revenus pour survivre.

L’intervention du gouvernement crée différents types d’artistes. Il y a ceux qui bénéficient de subventions, et ceux qui n’en ont pas et qui se débrouillent pour vendre par eux-mêmes et qui trouvent des moyens novateurs pour survivre en tant qu’artistes. J’ai toujours démarré de nouveaux projets, tels que deux spectacles à Ottawa pour la journée internationale de la femme, et des expositions antérieures de bienfaisance intégrant des concerts à la présentation de mes œuvres d’art.

RH. – En votre qualité de Consule Honoraire de la Serbie, en collaboration avec le Consul Général de la Pologne vous créez un événement culturel important qui porte le titre de Diplomart 2019. Expliquez-nous en quoi il consiste.

MARINA GAVANSKI ZISSIS. – J’étais si heureuse de trouver dans le Consul général de Pologne, Dariusz Wiśniewski, un esprit sensible qui a immédiatement accepté d’entreprendre ce projet avec moi et qui comprend l’importance de la créativité dans la diplomatie. La culture et l’art sont des sources de paix et de compréhension. Quand on crée, on cherche des réponses à un monde troublé, pour trouver la paix et des solutions intelligentes, et pour canaliser l’angoisse dans l’harmonie. Cet événement porte en particulier sur « l’Âme slave« , car il est organisé par des représentants de deux nations à prédominance slave, mais « l’âme » appartient à tous et je crois que tout le monde peut s’identifier à ce thème. En ce qui concerne Viktor et Justina qui vont donner un concert pendant le vernissage, ce sont des pianistes exceptionnels qui ont tous deux étudié à Montréal. Ils canalisent autant l’âme montréalaise que l’âme slave de leurs ancêtres. L’architecte et peintre polonais, Marek Zoltak, nous rejoint avec enthousiasme dans cette entreprise avec son art coloré.

  

RH. –  Le vernissage de Diplomart 2019 aura lieu au Consulat de Pologne le 20 août. C’est un événement sur invitation uniquement.

MARINA GAVANSKI ZISSIS. – Oui. C’est un projet que je caresse depuis un bon moment. J’en ai discuté avec quelques autres consuls et ils ont tous eu des réactions favorables. Le but est que toutes les nations se rassemblent dans des projets artistiques. Diplomart 2019 est le premier effort de ce type et j’espère qu’il y en aura beaucoup d’autres à l’avenir.

RH. – C’est une belle initiative! Est-ce que les amateurs d’art pourront visiter cette exposition après le vernissage?

MARINA GAVANSKI ZISSIS. – Il sera possible d’appeler le Consulat de Pologne pour une visite jusqu’à la semaine suivante après l’ouverture.

RH. – Votre atelier de peinture se trouve au cœur bouillonnant de la rue Saint-Laurent.

MARINA GAVANSKI ZISSIS. – L’Atelier se trouve au 3713 Boul. Saint- Laurent, suite 302 tel. 514-288-4375.  Je reçois sur rendez-vous.

RH. – Espérons que votre initiative sera bientôt suivie d’une série d’autres avec d’autres pays.

MARINA GAVANSKI ZISSIS. – Oui absolument! Il y a tellement d’individus créatifs de toutes nationalités et leur travail doit être placé dans leur contexte. J’aimerais initier plus d’événements collaboratifs ou chaque pays pourra choisir un ou plusieurs artistes pour le représenter. Nous pourrons faire connaître ainsi notre art que nos racines.

RH. – Merci de m’avoir concédé cette entrevue, Madame la Consule.

MARINA GAVANSKI ZISSIS. –

www.studiomarina.com

Roger Huet

Chroniqueur

https://lametropole.com/arts/arts-visuels

Poésie Trois-RivièreLe Pois Penché

Ce Québécois d’origine sud-américaine, apporte au monde du vin, sa grande curiosité, et son esprit de fête. Ancien avocat, diplômé en sciences politiques et en sociologie, amoureux d’histoire, auteur de nombreux ouvrages, diplomate, éditeur. Dans ses chroniques Roger Huet parle du vin comme un ami, comme un poète, et vous fait vivre l’esprit de fête.