Trois hommes, Baronet et Jean Beaulne, posant pour une photo devant un rideau rouge.

Jean Beaulne, plus qu’un Baronet

C’est dans un taxi pour aller voir Tex Lecor en spectacle que Jean Beaulne et René Angélil ont eu l’idée de lancer le groupe les Baronets.

Le premier groupe dans la musique populaire au Québec, les Baronets ont débuté en 1957 pour cesser leurs activités en 1970. Le groupe a fait plusieurs tournées au Québec, au Canada, même aux USA. Les Baronets ont tracé la voie à près de 400 groupes qui ont émergé par la suite au Québec. Les Beatles furent une source d’inspiration pour les Baronets. Les Baronets ont d’ailleurs eu l’opportunité de rencontrer Paul McCartney, John Lennon et le gérant des Beatles, Brian Epstein. C’est René Angélil qui a convaincu Pierre Labelle, le troisième membre du groupe, à se joindre aux Baronets. À la fin de sa vie, René Angélil tenait à rencontrer Jean Beaulne à son domicile à Las Vegas pour parler de l’histoire des Baronets. « J’ai passé une dizaine de jours en sa compagnie, je n’en revenais pas qu’il tenait autant à parler des Baronets. C’est à ce moment là, qu’il m’a appris qu’il souffrait d’un deuxième cancer, et qu’il ne lui restait que quelques semaines à vivre. Ce fut très émotif comme rencontre. J’en garde un précieux souvenir », de me confier le dernier des Baronets qui planche en ce moment sur un documentaire en français et en anglais, relatant l’histoire du groupe, et sur un nouveau cd, Amour-amour, pour témoigner de son grand respect pour les femmes.

Au début des années 70, Jean Beaulne et René Angélil ont décidé de se lancer dans la gérance d’artistes. « Nous n’avions pas de compositeur pour écrire nos chansons, c’est la raison pour laquelle nous avons décidé moi et René de changer d’orientation, tout en demeurant dans l’industrie du show business. Personnellement, je n’aimais pas l’école, moi tout ce qui m’intéressait c’était la musique, la création, tout comme René d’ailleurs. C’était une passion pour nous », souligne Jean Beaulne. Le survivant des Baronets a touché à tout par la suite, il a réalisé des documentaires, lancé un concours « La relève super talent », l’ancêtre de Star Académie, qui a permis de faire connaître Mario Pelchat, André-Philippe Gagnon et Marina Orsini notamment. Il a aussi été le gérant du groupe les Bel Canto, ils ont donné une série de spectacles au Japon, de France Castel, Joël Denis, pour lequel il a beaucoup d’admiration, Monsieur Pointu, et plusieurs autres. « Nous avons passé des auditions à plus de 1 000 candidats », raconte avec fierté Jean Beaulne pour son concept de show pour la relève. Il compte aussi à son actif un documentaire sur Gilbert Bécaud avec Monsieur Pointu qui a fait le tour du monde. Il a également travaillé avec les Joe Dassin, Michel Fugain. Il s’est beaucoup inspiré de Georges Martin et Brian Epstein, le gérant des Beatles, Roméo Pérusse fut également un de ses mentors. Il voue une admiration sans borne pour le parolier Pierre Delanoe. Il déplore que nos artistes québécois ne soient  pas reconnu à leur juste valeur, et prétend que René Angélil fut le plus grand gérant dans l’histoire du show business. «

C’est éprouvant comme métier la gérance d’artistes, René a fait trois crises cardiaques et deux cancers. Epstein y a laissé sa peau également. C’est beaucoup de stress, c’est pourquoi j’ai changé de nouveau d’orientation, mais j’ai tout de même vécu de belles expériences comme gérant », confie Jean Beaulne. Même s’il a la double citoyenneté, il est fier d’être québécois. « Nous sommes un peuple de huit millions d’habitants, c’est fou le talent qu’il y a au Québec. Je pense, bien sûr, à Céline Dion, à René Angélil, mais aussi au Cirque du Soleil, et plusieurs autres », relate Jean Beaulne qui ne baisse jamais les bras même en période de pandémie. « Cette pandémie me garde à la maison, j’en profite pour travailler sur mes projets. Cependant, cela retarde mon départ pour la Californie. J’ai beaucoup de contacts là-bas, des gens à rencontrer en rapport à mes projets », selon Jean Beaulne qui habite à Sainte-Agathe dans les Laurentides.

Michel Legrand le jugement en option

En faisant le bilan de sa carrière, sa plus grande déception fut sa rencontre avec Michel Legrand.  « Un cerveau plein de notes, mais pas de jugement. Il m’a fait perdre beaucoup d’argent en me mettant des bâtons dans les roues dans un projet », souligne au passage Jean Beaulne qui a gardé contact avec Céline Dion. « On ne se parle pas au quotidien, mais nous avons gardé contact depuis le décès de René », souligne le légendaire Baronet qui n’a jamais eu de paye à la semaine, pas de sécurité d’emploi. Sa passion pour les arts et spectacles, qu’il anime depuis toujours, lui a permis de rencontrer les plus grands artistes de la planète : Barbara Streisand, Quincy Jones, Al Pacino, Michaël Douglas, Robert Stack, Robert de Niro, et il en retire une grande satisfaction. « J’ai eu du succès en carrière, mais aussi des déceptions, mais je ne regrette rien, je suis toujours dans la course », de conclure le sympathique Baronet au bout du fil, la tête toujours pleine de projets.


Le dernier des Baronets aux Éditions Mortagne

 

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