A Star is Born avec Lady Gaga

Une femme joue du piano devant un grand écran, qui n'est pas sans rappeler "A Star is Born". Une femme joue du piano devant un grand écran, qui n'est pas sans rappeler "A Star is Born".
S’attaquer à une quatrième version de A Star is Born relevait du pari audacieux de la part de l’acteur Bradley Cooper qui signe ici sa première réalisation en plus d’y jouer.

Le choix de Lady Gaga semblait, en revanche, un choix judicieux pour succéder à Barbra Streisand dans le rôle principal. J’y allais, donc, avec plaisir, sachant que le film avait reçu un très bon accueil à la Mostra de Venise. Il en ressort un excellent film qui, de toute évidence, ambitionne de rafler plusieurs oscars, car il en présente toutes les conditions : Une excellente réalisation de la part de Bradley Cooper qui arrive à inscrire un film différent de celui de son prédécesseur, Frank Pierson (1976). L’histoire d’amour entre ce chanteur de country déclinant et sa jeune protégée, dont il fait une star de la musique pop, est menée avec beaucoup de justesse, de personnalité et d’émotion. Nous nous laissons emporter par une mise en scène réaliste et subtile. Un grand bravo pour la rencontre entre les protagonistes dans ce bar de drag queens. Cette scène, juste et attachante, nous fait tout de suite tomber amoureux de ce couple en devenir.

Un jeu d’acteurs exceptionnel qu’il faut saluer. Bradley Cooper est tout simplement parfait dans ce rôle de chanteur alcoolique et addict. On y croit dès les premières minutes et il nous touche sans aucun artifice. Bien sûr, on attendait Lady Gaga au tournant. Après Barbra Streisand, la barre était haute, mais pas infranchissable quand on connaît un peu la carrière de la chanteuse qui a su, avec beaucoup de talent, s’extirper de son côté « Gagesque ». Elle nous touche par sa simplicité et sa timidité tout au long de la première partie. Elle n’est pas tombée dans le panneau de faire du « Gaga-Streisand », et ne joue pas sur le côté grande gueule incarnée par l’icône de « Funny Girl ». Elle arrive, aussi, avec une justesse impressionnante, à nous faire oublier la star qu’elle est, même lorsqu’elle chante.

Malgré toutes ses qualités, on peut regretter une deuxième partie de film trop longue et erronée sur le personnage d’Ally, auteure-compositrice intimiste country, devenue pop-star rousse à paillettes. On ne peut s’empêcher de penser que le réalisateur et la chanteuse ont eu du mal à se départir du spectre Gaga. Quand au jeu de Cooper, il devient un peu complaisant au fil du film.

Reste, tout de même, à se poser la question de savoir si Lady Gaga est vraiment une grande comédienne, comme le laisse entendre plusieurs critiques. Pas si sûr. En effet, si on a vu l’excellent documentaire sur l’artiste « Gaga : Five Foot Two », qui montre une lady Gaga dans toute sa simplicité, force est de constater que le personnage derrière A Star is Born n’est autre que Stefani Johanna Germanotta alias Lady Gaga elle-même, merveilleuse et attachante.

Il n’en demeure pas moins que ce premier film de Cooper est une grande réussite sur bien des points et un excellent divertissement à ne pas manquer.
Le Pois PenchéPoésie Trois-Rivière