La couverture d'En ager les dessous de l'éducation.

Comprendre l’éducation au Québec

Le sujet, épineux et sensible, est sans cesse débattu, surtout depuis la sacrée réforme… Tous reconnaissent ou presque que l’éducation au Québec pose problème. Ne serait-ce que celui d’un retard par rapport à d’autres pays, ou provinces du Canada. Et pourtant, malgré des discussions récurrentes, cette affaire de première importancesemble tourner en rond, stagner comme s’il s’agissait d’un enjeu impossible à surmonter. Comment comprendre ce qui se passe vraiment? Il n’y a qu’une seule voie, celle de l’intérieur. Julie de Belle, avec son essai Ensaigner, les dessous de l’éducation vient de fournir à tous les acteurs de ce milieu une espèce d’incontournable clé pour se familiariser avec l’ensemble du sujet.

Fille de prof elle-même, Julie de Belle a travaillé quelque trente ans dans ce monde. Elle a enseigné au primaire, au secondaire, au cégep, auprès d’une communauté amérindienne. Le témoignage qu’elle livre de ses diverses et riches expériences dévoile en effet de nombreux dessous de l’éducation : chicanes au sein des commissions scolaires, rivalités et mesquineries des professeurs, absence de méthodes efficaces, gaspillage d’argent dans les administrations, ignorance, mauvaise volonté, tout y passe. L’auteur décrit clairement un milieu victime de lamentables décisions et d’une ambiance pourrie de l’intérieur.

Dans ce cauchemar, toutefois, il y a la lumière, mais qui peine à percer : les professeurs dévoués jusqu’au suicide – ils en saignent – les élèves doués affamés d’apprendre, les moments d’une grande humanité entre les uns et les autres. Julie de Belle est ce type d’enseignant non pas zélé mais concerné, comme cela devrait être, mais prise comme un pauvre homard dans son filet. La mort est certaine, hélas. Mais sait-on jamais…

Il faudrait, urgemment, un réveil. Comme déclare Julie de Belle : « Nous avons une éducation qui nous ressemble. » C’est bien triste,car l’éducation est tout simplement la base d’une société.

Cet essai se lit comme un roman, ou mieux : se voit comme une émission de téléréalité. On pénètre partout, dans les salles de classe, de profs, les réunions syndicales, les maisons des élèves, dans les peines et les espoirs des enseignants, dirigeants,jeunes, parents, etc.

Les étudiants en pédagogie devraient considérer ce bouquin comme une bible, les professeurs comme un livre de chevet, les dirigeants comme un mode d’emploi, les parents comme un guide, et les médias comme un des meilleurs ouvrages de référence jamais publiés.

À lire, pour comprendre un peu mieux comment se construit une société…
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Auteur de romans, d’essais et de biographies, Marie Desjardins, née à Montréal, vient de faire paraître AMBASSADOR HOTEL, aux éditions du CRAM. Elle a enseigné la littérature à l’Université McGill et publié de nombreux portraits dans des magazines.