L’Amérique de Jean-Paul Daoust

Un homme lisant un livre de Jean-Paul Daoust. Un homme lisant un livre de Jean-Paul Daoust.
Et si la poésie était plus qu’un poème sur le spleen et l’amour.

Si la poésie devenait discours de résistance et l’Amérique, un vaste recueil de poésie sociologique? Une analyse de l’Amérique, qui, au-delà du genre, cherche un angle précis. Dans la boîte de Pandore, le poète parle et décortique les années 80, tant dans ses références culturelles, politiques, que publicitaires. Amère América, chantait Luc De Larochellière, l’Amérique, la terre promise.

Anges et mains liés à l’ordinateur, le poète a peur d’être avalé vivant par l’Amérique (p. 39).  Un pèlerinage, presqu’un documentaire, en pleine errance poétique. L’Amérique offre ses airs de stars, parfois cheap, parfois snob, son maquillage de milliardaire, sa peau d’esclavage, ses rituels climatisés. (p. 79). Le poète Daoust s’intéresse, en effet, aux stars et aux « Money makers » dont les Américains sont prolixes.

L’Amérique, poème en cinémascope, a été publié en 1993*. Un poème qui est aussi un livre prisme sur les mille visages d’une société constamment menacée. L’optimisme crucifié sur un bulletin de vote, ce triste constat décourage de nombreux Américains à voter.  Dans les prisons, les gangs signent des pactes < blood in, blood out >, la foi de Caïn est florissante en Amérique. (p.139).  Véritable mantra du poète, Daoust répète de façon hypnothique le mot Amérique 397 fois!

Aujourd’hui c’est différent, l’époque a basculé. L’Amérique de Trump inquiète et se dirige droit vers un mur. Les stimuli nous empêchent de rêver mieux l’humanité ou l’animalité. Ce livre de mémoire a été réédité en 1999 et une troisième fois en 2017.  Pour écrire ce grand poème sociologique, le poète et ex-professeur a consacré plus de dix ans à colliger des statistiques, démarche singulière et admirable. <L’admiration est bien un <acte de la joie>, pour le dire dans les mots de Misrahi.> (Michel Onfray. Le magnétisme des solstices.).

Le poète Jean-Paul Daoust a reçu le prix du gouverneur général pour Les Cendres Bleues (réédité 5 fois aux Écrits des Forges) depuis 1990. Le poète qui aime se décrire comme un dandy, est devenu le poète le plus médiatisé avec une apparition remarquée à l’émission culte Tout le monde en parle. À l’heure de l’hyperconnectivité, Jean-Paul Daoust, le poète de toutes les origines, survole le cynisme ambiant grâce à sa grandeur d’âme. Visionnaire, Daoust parle, depuis longtemps, et sans détour, du désenchantement de l’Amérique. Le temps est fluide. Les mots restent. <Le style est l’homme même…>. (Buffon. Discours de réception à l’Académie français. 1753.).

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* 1993 est une année importante : Jean–Paul Daoust devient directeur de la revue Estuaire. C’est aussi la parution du deuxième roman de Dany Laferrière. Bill Clinton est assermenté président des États-Unis, et le Canadien gagne la coupe Stanley.

Jean-Paul Daoust lit : Ode temps

https://ici.radio-canada.ca/premiere/emissions/plus-on-est-de-fous-plus-on-lit/segments/prestation/54484/temps-jean-paul-daoust-poesie

 

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