Un homme portant des lunettes et une chemise rayée.

Les historiens sont parmi nous

… mais pas toujours où on pense. 

Sur les plateaux de télé, les présentoirs des librairies grande surface, au micro des radios les plus écoutées, on entend les historiens médiatiques… ceux qui traitent de figures illustres, de thème scandaleux ou encore résolument populaires, et rarement ceux qui travaillent sans tapage sur des sujets insolites, ou encore sur la généalogie des familles qui ont fait un pays. Quel mérite ils ont, ceux-là, d’œuvrer pendant des années sans la carotte de la reconnaissance ou de la célébrité. C’est une passion qui les conduit, un insatiable désir de découvrir, de savoir, de percer le mystère qui les fascine. Quitte à ce que les résultats de leur recherche restent dans l’ombre.

Vraiment?  On ne sait jamais qui on touche.

Ainsi, Gérard Leduc, scientifique ayant longtemps enseigné à l’Université Concordia, est fasciné, lui, par l’histoire des Templiers. Il sait tout sur le sujet, si cela se peut. Les croisés et les francs-maçons, par ailleurs, n’ont plus de secret pour lui. Ces confréries sont-elles si loin de nous? Dans Le mythe de Potton Springs décodé, Leduc, résidant des Cantons de l’Est, propose de parcourir cet endroit où, en 1828, trois sources sulfureuses furent découvertes au pied d’une falaise. Moins de cinquante ans plus tard, les francs-maçons y inscrivaient leur logo et divers symboles, puis y construisaient un bâtiment dont la renommée dépassa les frontières. Tout cela, ici même, au Québec. Pour Gérard Leduc l’historien, Potton Springs est ni plus ni moins un lieu sacré à préserver.

Son petit livre, dense et détaillé, agréablement écrit, publié aux Éditions Paume de Saint-Germain, est enrichi de diverses photos d’époque et d’illustrations explicatives de pétroglyphes, figures symboliques et autres curiosités.  Leduc ne s’en expliquera jamais dans les médias, mais son travail, pour qui tombe dessus, est à découvrir.

Pour sa part, aux éditions du Patrimoine, François-Xavier Simard propose Des figures marquantes au pays des Simard et des Maltais, un ouvrage quasi encyclopédique sur trois cent cinquante ans d’existence des principaux membres de cette lignée. Chaque portrait est un éclairage sur l’Histoire du Québec et en particulier dans les régions de Beaupré, Baie Saint-Paul et Petite-Rivière-Saint-François. Les familles se recoupent, leurs accomplissements sont minutieusement énumérés par cet auteur dont il faut rappeler la prolificité. À l’écart, en effet, plus que sur le devant de la scène, François Xavier-Simard n’a cessé de travailler depuis maintenant des décennies pour faire connaître certaines familles, dont celle des Berthiaume de Hawkesbury, des entrepreneurs ayant participé à faire prospérer cette ville d’Ontario. Cela est sans compter l’imposante biographie que Simard, en qualité de co-auteur, a consacré à Jean Desprèz, comédienne et journaliste s’étant illustrée avec le succès de ses téléromans et feuilletons radiophoniques.

En 1993, le même auteur passionné publiait un roman aux Éditions Vent d’Ouest : Milenka, texte de jeunesse envoûtant présentant de grandes qualités de narration et de style. Si François-Xavier a privilégié l’écriture biographique et historique, se coupant d’une avancée en littérature, c’est parce qu’un auteur est d’abord un être humain. Simard est généreux, ambitieux, et n’a pas hésité à vouer sa plume à autre qu’à lui-même. On peut peut-être le regretter, mais ceux qu’il a servis l’ont bien été.

Photo principale :  François-Xavier Simard

Mains LibresLas Olas

Auteur de romans, d’essais et de biographies, Marie Desjardins, née à Montréal, vient de faire paraître AMBASSADOR HOTEL, aux éditions du CRAM. Elle a enseigné la littérature à l’Université McGill et publié de nombreux portraits dans des magazines.