Une couverture du livre 'habitants' avec une photo de maison, mettant à l'honneur la littérature française.

Les poètes à découvrir : Anick Arsenault et Christophe Condello

Cette semaine, deux poètes, deux univers à découvrir.
Anick Arsenault, Habitantes

Être résilient devant la violence (la masculinité toxique). J’ai mis du temps à parler de ce livre. J’y ai lu ma propre histoire. Ça se passe dans ma famille. Je dois me protéger contre mon propre frère. L’autrice est une femme violentée. Enjamber les obstacles, les doutes, la sphère entière. On repart en grimpant.

En détails

“Avec le recul tout me revient
Tu sortais tes armes pendant la nuit

Laissais les couteaux cachés partout

Même une machette sous le matelas”(P. 26 )

Sade comme sadique. L’origine de faire souffrir, ce goût pervers de faire souffrir. Une cérémonie funeste se déploie dans un récit poétique. “Il n’y a rien a comprendre” (Jean Leloup). Une perversion au grand jour. Le déséquilibre, les instincts, l’affrontement, l’étendard de la haine.  “J’attends la nouvelle lune à plumes de corneille” (p.54).

Et cet extrait, je souligne :

“Affamée par les bourrasques Subversives à avaler
Des tranches d’amour
Sauté bien chaud dans les champignons Et les potions magiques

À montrer les dents sortir les chaises (…)
J’avance forcément vers l’explosion ou l’effondrement Tout à fait autonome” (p. 58)

Incorporer la mort à la poésie

J’ai lu cet ouvrage avec la rage au cœur. Des moments d’insomnie. L’angoisse du poète (de l’autrice). Comment se protéger devant la Bête insoumise ? J’ai pensé à Paul Celan :

“Ce n’est plus cette lourdeur

Enfoncée avec toi parfois dans l’heure

C’est une lourdeur autre” (1).

Est-il possible d’espérer une résurrection ? Adhérer à une forme de lumière fugitive ? Courir pour dénouer ce qui se brise au fond de nous. L’affect binaire : aimer ou détester. Adorer ou haïr. Comment vivre une vie normale en 2022, à l’abri des guerres, des thèses complotistes, de la censure dans les universités, de la haine de l’Occident… Non à l’intimidation. Oui, de toutes mes forces, à la poésie. Résister dans l’énergie créatrice.

Christophe Condello, Rien de plus qu’un écho

La poésie peut être un exercice de méditation. Ce livre me rappelle la joie de vivre au quotidien. L’intuition du poète. Cette joie qui se déploie dans le hasard. Dans les fondements originels. C’est Bouddha qui passe.

“Tous les poèmes guettent à même L’ombre rougissent en secret
Tissent un velours tapis sur la mousse” (p.23).

Le poète et sa bienveillance. Gloire aux humains, à la nature, à la découverte de Soi. Pas de logique. Être présent. Incarner dans le poème de l’empire.

“Un poème dit ce qui est là et n’y est plus
Le murmure de l’arc-en-ciel Toute la beauté volatilisée Du nid” (p.33).

La sagesse du poète

J’ai pensé à Victor Hugo. J’aime ces vieux poèmes sur les luttes et les rêves :

“O contemplation splendide

Oh! de pôles, d’axes, de feux

De la matière et du fluide

Balancement prodigieux” (1).

Tout est cyclique entre le passé et le présent.Un élan poétique puis un mouvement perpétuel qui tourne et qui vous obsède. Le caractère cosmique de “Rien de plus qu’un écho” :

“Les eaux sensibles
Pour faire comme si” (p.73).

Une scène alchimique du poème se dessine. Le poète joue aux dés mais ses dés sont stellaires. Je pense ici à Mallarmé.

Christophe Condello est le poète de l’Absolu.

Notes

Anick Arsenault est née à Montréal en 1972. Elle a d’abord publié dans l’ouvrage collectif ”Poèmes du lendemain deux”, aux Écrits des Forges, en 1993. Elle fait paraître son premier recueil de poésie, ”Noire sœur barbelée”, aux Éditions Docteur Sax en 1996, dans lequel figurent des dessins d’Éric Burman. Son second recueil de poésie, ”Salopette”, y parait également en 1997. C’est aux Écrits des Forges qu’elle publie son troisième recueil, ”Morts diverses”, en 2000. En 2002, ”Femmes de sous mon lit”, son quatrième opus, paraît aux Éditions Triptyque.  Habitantes est finaliste aux Prix des Libraires.

1- Note Citation, Paul Celan, Anthologie, NRF Gallimard 2002.

Habitantes, Anick Arsenault, Éditions de l’Écrou 2021.

Blogue : https://christophecondello.wordpress.com/ Courriel: [email protected]
–1er prix du meilleur texte de 4 lignes La Bonante, 2022, décerné par l’Université du Québec à Chicoutimi.

-Publication du recueil de poésie Rien de plus qu’un écho chez Le lys bleu éditions en janvier 2022.

-Participation au jury du Concours intercollegial de poésie au Québec en décembre 2021 et janvier 2022.

-Participation au salon du livre des auteurs de la Société littéraire de Laval en décembre 2021.

-Finaliste de la 30e édition des Grands Prix Desjardins de la culture de Lanaudière, catégorie littérature (octobre 2021).

Ou trouver le livre de Christophe Condello : Le Lys Bleu, Amazon, Gallimard, Les Libraire.ca,.fr, FNAC, Decitre, Cultura, Québec Loisirs, Walmart, Chapters.  On peut aussi le commander dans n’importe quelle librairie.

Citation (1) Victor Hugo, Les Contemplations. P. 168. GF Flammarion 2008.

Rien de plus qu’un écho, Christophe Condello. Le Lys Bleu. 2022.

Prix Desjardins de la culture de Lanaudière, catégorie littérature (octobre 2021) .

Ou trouver le livre de Christophe Condello : Le Lys Bleu, Amazon, Gallimard, Les Libraire.ca, .fr, FNAC, Decitre, Cultura, Québec Loisirs, Walmart, Chapters, etc.  On peut aussi le commander dans n’importe quelle librairie. 

Citation Victor Hugo, Les Contemplations. P. 168. GF Flammarion 2008. 

Rien de plus qu’un écho, Christophe Condello. Le Lys Bleu. 2022.

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Ricardo Langlois a été animateur, journaliste à la pige et chroniqueur pour Famillerock.com