Simon Boulerice, un homme en chemise bleue, souriant devant la caméra.

Simon Boulerice, Pleurer au fond des mascottes

On le voit beaucoup au petit écran. En plus d’être chroniqueur télé (Sucré salé, cette année-là), il est également auteur de la série « Six degrés » à Radio-Canada Télé. C’est un intellectuel habité par un enfant intérieur. Il sème la joie sur tous les plateaux. J’envie sa folie, son écriture. 
Une autobiographie 

D’abord cette phrase : « Écrire roman pour qualifier mes autobiographies sera toujours une habile forme de perfection » (1). Cette tentation d’écrire ce que l’on est, on la retrouve chez Proust, Rimbaud, Michel Tremblay. Ils sont là pour décrire la beauté d’être en vie. Tout simplement. En Simon Boulerice, je me projette. Il y a la solitude et la joie. L’architecture du désir, son amour pour Van Gogh (2), pour l’écriture de Kundera (il en est addict). Il cite Kundera : 

« Cette tristesse signifiait : nous avons atteint la dernière saison. Ce bonheur signifiait : nous sommes ensemble. La tristesse était la forme et le bonheur. » (3)   On traverse la vie de l’auteur comme un tourbillon sans fin. Le cyclone du désir. L’immense intensité de la joie traverse tout le récit. C’est un ange étrange. 

À fleur de peau 

Simon est connu pour son travail au théâtre et en littérature jeunesse. Il n’a pas quitté le monde de l’enfance. Il sera mascotte avant de gagner sa vie dans l’écriture. Il dira : « Car la mascotte montre si peu et donne tout. Elle exhibe toutes les coutures de sa joie, fanfaronne, pavane son enthousiasme. » (4) ou « Être vu sans être reconnu, c’est aussi les débuts de l’écrivain qui parcourt les salons du livre. “(5) J’ai pensé à un de mes poètes préférés, Jacques Prévert : 

“Et ce qu’il voit est si beau 

Et ce qu’il sait est si vrai 

Que bien peu peuvent le voir 

Que bien peu peuvent le savoir 

Et que beaucoup l’ont oublié.” (6) 

Qui est Simon Boulerice ? 

Pour moi, Simon Boulerice est une énigme. Il écrit beaucoup (une cinquantaine de livres à 39 ans). Il veut être acteur. Il est multiple. J’ai pensé un visage aux mille visages. Je le cite : “Chez moi, des miracles à chaque jour, des dieux multiples me secouent.” (7)

Ce poème est une image. Boulerice parle très peu de son homosexualité. De toute façon, l’être humain est plus que ça. Il note une phrase : “l’identité sexuelle est une construction performative. Notre identité de genre serait donc une construction sociale.” (8) J’ai pensé au poète André Roy : 

“J’ai toujours rêvé de vivre, 

D’être visible comme les ruines 

De la terre. Le cœur, accélérateur 

D’intensité, gît ailleurs.” (9) 

Des larmes de joie

Il instrumentalise la joie de vivre. Son admiration pour la comédienne Johanne Fontaine, Marjo “la chanteuse effervescente” (10). Dionysiaque dans une forme apollinienne. Les vertiges d’un surdoué ? Il n’est pas l’acteur souhaité. La joie d’un empereur. Il donne des conférences, il écrit de la poésie, des romans jeunesse. Il est multiple. L’idée de la pluralité d’un monde intérieur très fort. Des larmes de bonheur roulent sur mes joues à la toute fin de son livre. Fou de lumière, il est une heure du matin. Merci Simon. 

Notes 

  1. Simon Boulerice, Pleurer au fond des mascottes, p. 39. 
  2. Idem, p. 39.
  3. Idem, p. 76.
  4. Idem, p. 83.
  5. 5.Jacques Prévert, Grand bal du printemps, Livre de poche. Folio 2000.
  6. Poème Ricardo Langlois, prochain livre de poésie fin 2021. 
  7. Simon Boulerice, Pleure au fond des mascottes, p.147.
  8. André Roy, L’accélérateur d’intensité, p.45. Les Herbes rouges, 2019. 
  9. Simon Boulerice, Pleure au fond des mascottes, p. 125. 

Simon Boulerice a été finaliste au Prix du Gouverneur général 2019 en tant qu’auteur pour Le pelleteur de nuages (littérature jeunesse). 

Simon Boulerice, Pleurer au fond des mascottes, Québec Amérique 2020, Réimpression 2021.

JGALe Pois Penché