L’incandescence de Ghostly Kisses

Une femme en robe blanche posant contre un mur rouge.

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Never Let Me Go : l’incandescence renouvelée de Ghostly Kisses. 

La dernière décennie fut pour la ville de Québec un important incubateur d’artistes musicaux, aux talents quasi invariablement étincelants. Bien que dernièrement, Hubert Lenoir ait occupé l’avant-scène québécoise et française avec son coup d’éclat fracassant lors de la parution de son premier album solo, d’autres artistes de la vieille capitale se sont eux aussi démarqués en planchant sur d’importantes œuvres Indie. Pensons à L_i_l_a, Harfang, Floes, Lou-Adriane Cassidy, Julien Chiasson et Gabrielle Shonk, pour ne nommer que ceux-là…

Margaux Sauvé, elle aussi de Québec, de son nom d’artiste Ghostly Kisses, promet un parcours créatif puissant, voire incandescent. Oui, oui, incandescent ! Comme le sont les braises volcaniques… Si, de prime abord, on constate l’approche intimiste, voire minimaliste et gorgée d’une fragilité évidente, il n’en demeure pas moins que, en filigrane, surgit une émotion dense et profonde rendue par sa voix – unique – à la fois inquiétante et apaisante : un écho à une certaine forme de dualité – déchirement et union amoureuse.


Avec la parution de ses deux premiers EP,
What You See (2017) et The City Holds My Heart (2018), l’artiste n’a cessé de propager son flambeau sur les scènes de l’Occident et même en Orient. Néanmoins, c’est surtout sur les plateformes de diffusion numériques qu’un nombre considérable d’auditeurs furent happés par sa musique flamboyante. Ghostly Kisses, suivant sa propre effervescence créative, vient de lancer, en juin 2020, un troisième EP : Never Let Me Go. Le mini album sera-t-il perçu comme l’un des jalons importants d’une carrière, ou encore comme une balise d’un réel avenir artistique ? On peut le présumer en écoutant des pièces saisissantes, telles que « Never Let Me Go » et « Barcelona Boy » qui exposent un nouveau niveau de perfection à l’ensemble du corpus : réalisation irréprochable, arrangements savamment construits, textes simples, mais d’une profondeur incendiaire. Cette démarche donne l’ouverture à cette voix, qui occupe tout le corps de l’artiste, enrobant l’entièreté de l’espace sonore : une projection vocale lévitant telle une brume qui perce une perspective d’infini entre la nuit et le jour…

Parmi les six chansons de ce mini album, « Call My Name » pourrait être la plus considérable, sinon grandiose, en ce sens où, dès la première écoute, qu’elle semble posséder cette particularité mélodique pouvant donner l’impression qu’elle existe depuis toujours. À ce titre, pensons à McCartney qui ne pouvait se résigner à l’idée, après avoir rêvé à la mélodie de « Yesterday », qu’elle soit sienne – singulière – et nouvelle. « Call My Name » est sans équivoque embrasé par ce type de force pérenne. Un des passages forts de cette chanson, illustrant précisément son intensité, est ce simple vers, posé chirurgicalement en amont du crescendo final : « Save your prayers and take my hand »…

Une autre force chez Margaux Sauvé : réussir à établir de solides collaborations autorisant sa voix à s’illuminer de pleins feux. Parmi celles-ci, il faut citer Louis-Étienne Santais, musicien, arrangeur et chef musical à la maîtrise déconcertante ; Alex Ouzilleau, assistant à l’ingénierie sonore ; Alex Kirouac, mettant en place un battement cardioïde précis avec ses tambours ; Antoine Angers, enrobant l’œuvre avec sa guitare spatiale ; Vann Delorey, guide à la plume catalytique lyrique.

Souvent la musique populaire regorge d’étoiles filantes. Ghostly Kisses se dirige vers une forme de phénomène inverse : un contrôle solide de la trajectoire de l’astre, enligné selon une conception artistique individuelle, et inaltérable par certains des trous noirs décideurs de cet univers musical… Ghostly Kisses est un feu – une étoile – à observer avec un œil assurément ébloui.

 

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Intervenant à différents titres dans l’industrie musicale, Louis Bonneville, mélomane, est également un collectionneur de disques vinyle. Cette passion lui permet de découvrir et d’analyser un nombre considérable d’albums.