Un policier se tient sur les marches d'un immeuble, assurant la sécurité publique au milieu de la pandémie de COVID-19.

COVID-19, contraventions à des jeunes sans-abris !

Non seulement les Québécois sont en prison dans leurs résidences, mais les plus vulnérables subissent la répression policière.

Tous les Québécois sont confinés à résidence.  Cette mesure extrême aurait pu être atténuée par un programme universel de dépistage par l’exigence d’un test obligatoire pour tous.  Dans l’attente des résultats du test, pendant quelques jours, nous aurions été en confinement.   Les personnes infectées auraient eu l’obligation du confinement avec un suivi rigoureux sur leur état de santé.  Pour les autres, plus de 90 % de la population, les activités sociales, économiques et culturelles aurait pu continuer avec une distance sanitaire de deux mètres entre les personnes et des mesures d’hygiène accrues. Cette approche aurait permis d’éviter : la psychose et la panique générale et de tuer l’économie, le vivre-ensemble et les événements culturels.

Les Québécois sont déstabilisés dans leurs emplois, leurs familles et les activités sociales et culturelles.   Dans ce contexte, la répression policière contre les jeunes itinérants devient particulièrement odieuse.  Qui a donné le droit aux policiers de Montréal de condamner à des amendes de 1 000 $ à 6 000 $ des simples citoyens qui sont plus de deux en privé ou en public ? Fondé sur un jugement discutable des policiers de Montréal ont donné des amendes de 1 546 $ à des jeunes itinérants qui étaient près du métro Papineau.  Les jeunes itinérants pourtant ne peuvent pas s’isoler à la maison tout simplement parce qu’ils n’ont pas de maison.   Le 8 avril 2020, un petit groupe de cinq jeunes et un autre de trois jeunes ont reçu des amendes de 1 546 $ chacun parce qu’ils ne respectaient pas le deux mètres de distance sanitaire.

« Ce sont des jeunes qui ont nulle part où aller ». Depuis que l’état d’urgence sanitaire a été déclaré, de nombreuses ressources permettant d’accueillir ces jeunes ont dû restreindre ou fermer leurs activités. De plus, presque tous les lieux publics ou les commerces où ils pouvaient se poser quelques heures sont fermés. Ils vivent les contrecoups de la crise. Ce n’est vraiment pas évident au centre-ville en ce moment. Ils vivent beaucoup de stress, beaucoup de détresse. Recevoir une contravention ne les aide pas du tout », qui parle de pratique contreproductive puisque ces constats ne pourront jamais être payés.  (Caroline Dufour, directrice stratégie et impact social chez Dans la rue.  directrice générale du Refuge des jeunes de Montréal,)

« Les jeunes de la rue n’ont pas de domicile. Ils ne peuvent pas s’isoler chez eux. C’est vrai qu’ils se regroupent, mais ils sont coincés dans l’espace public. Ils sont doublement exclus en décrivant la crise sanitaire et économique comme étant aussi une crise sociale. Si la Ville de Montréal a déployé des mesures d’urgence comme des refuges temporaires ou des centres de jour dans les parcs, il reste que les jeunes de la rue sont refoulés à l’extérieur dès 8 h chaque matin. Il s’agit d’un comportement tout naturel de se regrouper dans le métro qui reste l’une des seules infrastructures accessibles. France Labelle encourage la Ville de Montréal à loger ces jeunes de la rue de manière temporaire pendant que l’état d’urgence sanitaire se prolonge. Montréal a notamment réquisitionné des chambres d’hôtel au centre-ville pour isoler des personnes en situation d’itinérance en attente d’un résultat de test à la COVID-19.  Ces constats d’infraction sont tout simplement contreproductifs. Ce n’est pas plus de judiciarisation qui va éloigner (les jeunes). Ce sont encore une fois les organismes communautaires qui vont devoir prendre en charge ces dossiers pour contester les contraventions. Une pression supplémentaire dont le réseau n’a surtout pas besoin.  On craint également qu’une accumulation de multiples constats puisse entraîner des jeunes de la rue dans un engrenage pénal qui n’aiderait en rien leur réinsertion sociale. « (France Labelle du Refuge.)

Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a confirmé les deux événements ayant mené à la rédaction de huit constats d’infraction (de 1 546 $ !) en lien avec le non-respect des consignes de la santé publique. (SPVM, Jean-Pierre Brabant, porte-parole du SPVM.).  Huit jeunes à Chicoutimi ont aussi reçu des amendes récemment.  Ils étaient dans un garage à discuter, quel crime!  Les policiers doivent cesser de menacer et intimider, matraque à la main, les itinérants et les sans-abris. Devons-nous rappeler aux policiers qu’ils sont à notre service, qu’ils gagnent 70 $ de l’heure et que payons leurs salaires avec nos taxes. Les Québécois et les itinérants souffrent suffisamment.  Souhaitons de la compassion et un meilleur jugement aux policiers.

Poésie Trois-RivièreLe Pois Penché

Carrière à Patrimoine canadien, au Commissariat aux langues officielles et aux Archives et Bibliothèque Canada. Conférencier à l'UNESCO-Paris, à l'Internet Society à Washington, à l'Université de la Sorbonne à Paris et à l'Internet Society au Japon. Maîtrise de l'École nationale d'administration publique et M.A en histoire canadienne de l'Université de Sherbrooke.