Un groupe de personnes marchant sur une place à Cuba.

Cuba, révolte contre la dictature

De la devise des Trois Mousquetaires:  » Tous pour un!  Un pour tous!  » le régime cubain n’a retenu que la première partie. À Cuba, le peuple est assujetti au maintien des privilèges du petit nombre qui profite de la dictature cubaine. Le régime à parti unique communiste cubain utilise les outils classiques des régimes totalitaires : la peur, le contrôle de l’information et de sa population.
La peur

Si des opposants cubains au Parti communiste tentent d’organiser un mouvement de révolte ou de contestation, le Tribunal de la Révolution les jugera et ils seront fusillés. Un étudiant qui exprime une critique au régime à un touriste sera condamné à cinq ans de prison. Selon le PEN International, après la Chine, le Vietnam et la Russie, Cuba est le 4e pays où il y a le plus grand nombre de prisonniers politiques, journalistes et écrivains, et il est impossible de les visiter. Vous pouvez rêver à un Printemps cubain ou à un mouvement Gilets jaunes à Cuba.  Ce rêve légitime sera réprimé.

Cuba produit peu, notamment, du tabac, de la canne à sucre et du maïs. Le gouvernement doit obtenir les devises étrangères pour importer les produits essentiels à la vie quotidienne et, de prime abord, exigés des touristes en vacances.  Un cercle vicieux : il faut tout consacrer les produits importés vers le tourisme afin d’obtenir les devises étrangères indispensables à l’industrie touristique, quitte à affamer la population. Un raisonnement qui fonde son économie sur les sacrifices du peuple cubain. L’idéologie communiste mène à des situations où ceux qui devaient bénéficier de la Révolution en deviennent, en fait, les victimes. Tout est fait pour nier l’évidence : le système communiste à parti unique est un échec. La démonstration éloquente a été faite en URSS et heureusement Gorbachev a réussi à réformer ce pays. Le chavisme a conduit le Vénézuela à la misère et aux troubles sociaux.  Cuba a perdu perdu l’aide du Vénézuela. Le maintien, à tout prix, du régime socialiste à Cuba devient une façon de rationaliser l’inacceptable et de maintenir les privilèges des dirigeants du Parti communiste cubain.

Les Cubains vivent un rationnement comparable à celui de la 2e Guerre mondiale. La famille moyenne a « droit », chaque mois, à un peu d’huile, du riz et du pain. Pas de poisson, de la viande, deux ou trois fois l’an, et pour les œufs, il faut négocier au marché noir. Vous êtes pris en flagrant délit de vente de bœuf, vous serez condamné à vingt ans de prison!  Le boucher qui coupe le bœuf n’a pas le droit d’en manger ou d’en donner à sa mère. Tout le bœuf (sauf des boulettes congelées) doit obligatoirement être accordé aux hôtels et aux restaurants pour les devises étrangères. La population cubaine souffre, en effet, de malnutrition et ce, même dans les campagnes, car l’idéologie du collectivisme et le manque d’engrais et d’équipements ne permettent même pas l’agriculture de survie pour les familles. Les produits de base sont souvent inaccessibles. La boîte de lait maternisé en poudre, par exemple, coûte 8 CUC, ce qui représente 200 CPC (l’ex-monnaie non convertible pour le peuple) ou l’équivalent de deux semaines de travail. Le lait est très difficile à trouver, le rhum par contre est partout accessible, et à bas prix.

Le contrôle de la population

Cuba a abandonné récemment sa monnaie locale, mais l’objectif reste le même, pour garder le peuple dans l’impossibilité de quitter Cuba, un moyen simple, vous accordez des salaires très bas.  Le boucher et le fonctionnaire cubains gagnaient l’équivalent en monnaie cubaine de 15 CUC par mois, le médecin environ 30 CUC et le militaire 45 CUC. (Le CUC correspond à la valeur du dollars américain.) Payer en CUP, le Cubain ordinaire ne pouvait pratiquement rien acheter.  Au marché, peu de légumes et de fruits en saison, du poulet et du porc très chers. Pour le pain, et tout le reste, il faut faire la queue, et les œufs, vous vous souvenez, sont accessibles sur le marché noir, pour ceux qui peuvent les payer. Cuba, en fait, produit beaucoup de fruits et légumes, mais ils sont quasi exclusivement réservés aux touristes et à l’exportation. Par exemple, Cuba produit d’excellentes mangues dans l’Est de l’île, mais Israël achète la totalité de la production, du coup les Cubains mangent peu de fruits car les acheter au marché coûtent trop chers.

La qualité des soins de santé au peuple cubain est pitoyable. Les médecins des hôpitaux publics n’ont aucune motivation, car sous-payés. Les hôpitaux publics sont insalubres : la saleté et de l’équipement médical déficient et une carence chronique de médicaments et de gants chirurgicaux. L’embargo américain depuis 1962 a ici un lourd impact sur la population. Pour aider ses proches qui doivent subir une opération, il faut laver la chambre et parfois soutenir la lampe pendant l’opération.  Pour les touristes, les Cubains détenteurs d’un passeport étranger, les amis du gouvernement et les militaires, les hôpitaux privés sont chers. La carte VISA est acceptée évidemment. Les Cubains qui réussissent à obtenir des dollars US, par exemple en louant des chambres aux touristes ou en vendant des souvenirs, n’ont pas accès, aux hôpitaux privés. Les restaurants et maisons avec chambres à louer à gestion « privée » sont étroitement contrôlés et lourdement taxés.  La course aux équivalents des dollars US accélère les fractures sociales et provoque des injustices systémiques dans la société cubaine.

Le contrôle de l’information

À l’ère de l’Internet, contrôler l’information représente tout un défi. La solution adoptée par le gouvernement cubain est simple, rendre l’accès à l’Internet est trop cher pour le peuple. De plus, les contenus sont vérifiés et contrôlés par des instances gouvernementales. Les touristes évidemment réclament le WiFi dans les hôtels. Les hôtels sont contrôlés et non accessibles aux Cubains . Le WIFI déborde des hôtels et les jeunes s’agglutinent sur les trottoirs à l’extérieur des hôtels pour se brancher.   Cet acte est mal vu des autorités et des clôtures de métal apparaissent du jour au lendemain pour couper l’accès à ces espaces. Le gouvernement n’appréciait pas les images du quartier détruit par une tornade que les jeunes diffusaient sur réseaux sociaux. La solution? Le gouvernement a coupé l’Internet sur toute l’île pendant une journée complète.

Séjourner une semaine dans un ressort tout compris à Varadero et dire que vous connaissez Cuba, c’est comme affirmer que vous connaissez les États-Unis après une semaine à Disney World.  Un touriste dépense en moyenne en deux jours ce que le Cubain gagne en un an.  Les autorités aiment les touristes aimant dépenser, le bon rhum et fermant les yeux sur la réalité politique.  Plus de 80% des devises étrangères des touristes Québécois et autres servent à soutenir le ministère de l’Armée, dirigé par le gendre de Raoul Castro.  Tous les postes d’autorité dans le tourisme cubain sont accordés à des membres de l’armée. Derrière les façades rénovées des édifices coloniaux, pour offrir l’image que les touristes veulent voir, se cache la misère des Cubains logeant dans des taudis humides et insalubres. Les quartiers populaires sont parfois confrontés à des manques d’eau potable. Les femmes et les enfants allaient à la fontaine de la Plaza Vieja pour puiser l’eau et les enfants en profitaient, bien sûr, pour y jouer.  La misère du peuple sans eau ainsi exposée aux yeux des étrangers ne plaisait pas au gouvernement.  Les autorités ont fait ériger une clôture de deux mètres autour de la fontaine. (Photo principale, la fontaine clôturée, Plaza Vieja.).

Comment aider le peuple cubain

Pas facile d’aider le peuple cubain.   Les médicaments donnés à Cuba sont vendus au peuple par le gouvernement.   Des Tylenols avec la mention, dons de la Pharmacie Jean Coutu, sont vendus à La Havane par le gouvernement.  L’aide internationale et humanitaire est aussi vendue aux plus démunis.  Les victimes de la tornade récente doivent acheter le pain et les hotdogs aux autorités gouvernementales autorisées à intervenir. Même les églises cubaines ne peuvent aider les plus démunis sans la permission du gouvernement. L’embargo américain manifestement ne fonctionne pas. Faire souffrir le peuple afin qu’il se soulève contre le régime communiste cubain, est non seulement une approche inhumaine, mais politiquement inefficace. Pourtant, les financiers de Wall Street rêvent du marché cubain, qui représente des milliards de dollars US par année, et les intellectuels américains, épris de liberté, feront tout pour favoriser l’abolition du communisme cubain. La menace de Donald Trump de mettre en oeuvre le chapitre III de la loi Helms-Burton, qui permettrait aux exilés cubains de poursuivre devant les tribunaux américains les entreprises étrangères pour les gains réalisés grâce à des actifs nationalisés après la révolution de 1959, produira un véritable imbroglio juridique.  Le président Biden doit mettre fin à l’embargo!

Une suggestion
Une suggestion pour les riches de ce monde, installer un satellite géostationnaire au-dessus de Cuba pour donner un accès haute vitesse gratuit à tous.

Grâce à l’Internet, la jeunesse se soulèvera un jour pour se libérer du régime communiste autoritaire cubain. De la devise des mousquetaires, la dictature cubaine, en effet, n’a retenu que la première partie. Le « Tous pour un! » cubain finira un jour.  L’URSS a prouvé de façon éloquente la faillite du communisme. La Révolution cubaine a maintenant 63 ans, une mauvaise idée n’en devient cependant pas une bonne en prenant de l’âge. La façade que présente les autorités cubaines craque de partout.

La prostitution était bien présente à l’époque de Batista et certaines rues se spécialisaient même dans certaines pratiques sexuelles.  Castro a prétendu nettoyer Cuba de la prostitution.  En fait, aujourd’hui, la prostitution à Cuba existe toujours à Cuba mais a pris d’autres formes. Les jeunes cubaines rêvent de se faire acheter par un étranger qui les sortira de la misère et la prostitution homosexuelle est florissante. « La faim incite beaucoup à la prostitution. »  (William Boyd. Les nouvelles confessions.).

Les maisons à Cuba n’ont pas été repeintes depuis 63 ans.  L’état de vétusté et de délabrement des maisons donnent l’impression que La Havane a été bombardée.  Pourquoi faire l’entretien d’une maison qui ne nous m’appartient pas?  C’est au gouvernement à le faire et, bien sûr, avec des millions de maisons qui ont été spoliées en 1959, cette tâche s’avère impossible.  À la campagne, même attitude, pourquoi faire l’effort de cultiver la terre à côté de ma maison dans le contexte où le gouvernement réclame mes bras dans les grandes productions collectives de cannes à sucre, tabac, que la terre ne m’appartient pas et que le gouvernement doit me nourrir.  L’éventuelle production de mon jardin sera de toute façon volée par le gouvernement et par le voisin.  Le peuple devient passif et attend, conformément à la propagande idéologique, le miracle du bien-être communiste qui se traduit, dans les faits, par la misère.  Le communisme à parti unique exige de céder les droits et libertés individuelles pour le bien-être matériel de tous. Le résultat, le despotisme et la misère pour tous, sauf pour les dirigeants du Parti communiste et les étrangers. 

Le maintien par la force du régime socialiste cubain suscite des tensions palpables et aujourd’hui la révolte dans les rues de La Havane. Les jeunes sont conscients et informés de la réalité économique et des iniquités grandissantes dans le pays. Souhaitons qu’un Gorbachev cubain pourra un jour imposer les réformes essentielles pour accroître les libertés, favoriser le développement économique et améliorer le sort des plus pauvres.  Les Québécois arrivent souvent à Varadero avec des valises de vêtements et produits de base pour les donner à des familles cubaines. C’est généreux, mais malheureusement cela ne représente qu’une goutte dans la mer de misère du peuple cubain et l’argent que les Québécois dépensent pour leurs vacances-soleil soutient l’armée qui impose le régime dictatorial.  La Chambre de commerce et d’industrie Canada-Cuba et le gouvernement du Québec qui a établit une représentation officielle à Cuba, depuis novembre 2017, devraient réfléchir à l’impact de leurs investissements sur le soutien de l’armée cubaine. À 10 minutes de Varadero, dans un quartier appelé Central, le peuple cubain vit dans un bidonville.

Espérons que la révolution par l’accès à l’information par un Internet haute vitesse gratuit pour l’ensemble de l’Île de Cuba favorisera les indispensables changements politiques et économiques.  Une nouvelle Constitution a été proclamée, le 25 février 2019, suite à un vote contrôlé par un Parti unique communiste. Le rétablissement des relations avec les USA a empiré la situation pour les Cubains (contrairement aux idées reçues) car Obama a dû en échange abolir la Loi des pieds secs, qui depuis 1959 assurait à tout Cubain qui parvenait à mettre un pied sur le sol américain (pied sec) d’obtenir automatiquement l’asile (par opposition aux pieds mouillés, ceux qui, attrapés en mer, devaient être renvoyés à Cuba), la façade non seulement craque mais la situation est à l’état de crise.

La Constitution réitère la fable de la propriété au peuple qui, en réalité, se traduit par le contrôle absolu des quelques membres du Comité politique du Parti communiste cubain.  La nouvelle Constitution sous la présidence de Miguel Diaz-Canel permet aux Cubains fortunés d’acheter une maison, les investissements étrangers sont possibles, mais contrôlés à 51% par le gouvernement, et le premier ministre exercera son pouvoir absolu un maximum de dix ans. L’essentiel demeure, un gouvernement socialiste autoritaire à parti unique communiste qui interdit les libertés individuelles. Raúl Castro a par ailleurs souligné que ces réformes ne « prétendaient pas modifier le caractère irrévocable du socialisme à Cuba ».  Los barbudos, les barbus qui ont vécu la guerre de guérilla veillent au grain. L’enseigne a changé, mais le vin est toujours le même!  » (Balzac. Une ténébreuse affaire.).  À Cuba, malgré les contrôles et la propagande, la colère gronde et la façade craque!

Photo principale, la fontaine clôturée, Plaza Vieja.

  • Notre éditorial du 2 mars 2019 est malheureusement d’actualité.  Nous le publions de nouveau aujourd’hui.
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