Une plaque de rue Luc Rabouin dans une rue enneigée.

Du sens unique au bon sens !

L’article de Luc Rabouin dans la chronique Libre Opinion : Le déséquilibre fiscal impossible dans lequel la Ville de Montréal et les autres municipalités se retrouvent (1), publiée le 29 juillet dans Le Devoir, m’incite à partager ces quelques réflexions. Luc Rabouin, candidat à l’investiture pour la mairie du Plateau-Mont-Royal, réagit au texte : Pauvre Montréal publié le 26 juillet, de Pierre Delorme. (2).

Luc Rabouin qualifie de démagogique l’opinion de Pierre Delorme invoquant la démocratie et la justice sociale pour demander une baisse d’impôt foncier et la disponibilité de stationnements gratuits. Selon Luc Rabouin, cet argumentaire ne serait pas fondé sur des faits et étonnants « (…) émis par un professeur honoraire spécialisé en études urbaines. ».  De prime abord, mentionnons qu’il n’y a aucune contradiction à souhaiter une baisse d’impôt foncier et la disponibilité de stationnements gratuits et être professeur spécialisé en études urbaines. Le lien que Luc Rabouin fait entre une opinion contraire à la sienne et la profession de Pierre Delorme est un argument démagogique. Contrairement à Projet Montréal, les universités n’imposent pas aux professeurs une pensée unique fondée sur une idéologie. La démagogie, c’est disqualifier l’opinion contraire par la profession de l’autre.

Luc Rabouin affirme ensuite que : «  L’administration de Projet Montréal, positionnée à gauche, donc sensible au sort des personnes les moins favorisées de la société, (…) ne prendrait pas de ‘ (…) décisions autoritaires qui vont à l’encontre des intérêts de ces personnes. «  Une politique qui se déclare de gauche serait ainsi nécessairement favorable aux personnes les moins favorisées. Cette déclaration manichéenne relève de la naïveté et de la démagogie. Ce n’est pas parce qu’on se drape de vertu que l’on devient vertueux. Luc Rabouin s’auto proclame porte-parole des pauvres, dont il ne fait manifestement pas partie. Une politique ne doit être jugée qu’à l’aune de ses conséquences concrètes sur la vie réelle des citoyens. Comme l’affirme l’adage populaire : je veux votre bien et je l’aurai. L’enfer étant parfois pavé de bonnes intentions…

La baisse de l’impôt foncier ne serait pas, selon Luc Rabouin, un outil valable de justice sociale. Pourtant, les retraités, souvent à revenus fixes et modestes, éprouvent de sérieuses difficultés à conserver leurs maisons au Plateau Mont-Royal, notamment à cause des niveaux abusifs d’impôts fonciers qui augmentent plus rapidement que l’inflation, et ce, contrairement à la promesse électorale formelle de Valérie Plante. Au Mexique, les personnes de 65 ans et plus bénéficient d’une baisse progressive de l’impôt foncier. Ceci permet de garder leurs maisons et de transmettre leur patrimoine à leurs descendants.

Luc Rabouin affirme également : « Pour la tarification du stationnement, je trouve qu’on y accorde une importance démesurée, comme si c’était un droit de la personne fondamentale qui était bafoué. ».   Rappelons-nous que le salaire minimum est de 12,50 $ l’heure. Les citoyens qui souhaitent prendre un café dans Le Plateau sont rationnels et se demandent pourquoi ils paieraient davantage pour stationner que le coût de leur café. Résultat, nos amis de Longueuil et de Laval ne vont plus prendre un café dans Le Plateau. C’est l’hécatombe des commerces sur la rue Saint-Denis (3). Il importe d’aider les commerçants, notamment par une exemption de taxes pendant des travaux majeurs. Le programme actuel d’aide est fondé sur un calcul complexe pour compenser en partie les pertes moins 15% du bénéfice brut assumé par le commerçant pendant les années des travaux. Le résultat, la Ville de Montréal enverra un chèque aux grands commerces et abandonne les petits qui ont survécu en coupant les dépenses, les propriétaires qui ont travaillé sans salaire et n’ont pas produit des pertes énormes. Bien des commerces sont acculés à la faillite par l’incurie de la Ville. Ah oui, j’oubliais, tant mieux dirait Luc Ferrandez et ses émules cela fera moins de voitures extérieures (étrangères) dans notre quartier . Ce qui est enfreint dans les tarifs exagérés de stationnement ce n’est pas, en effet, un droit fondamental, mais le simple bon sens. Un couple avec deux enfants qui doit faire l’épicerie à moins 30 C ne le fera pas à bicyclette ! Ce couple, payeur de taxes très élevées, a le droit de circuler avec sa voiture et de stationner à coûts raisonnables.

Luc Rabouin poursuit, il serait raisonnable « (…) d’envisager que les utilisateurs du domaine public assument une partie des coûts liés à l’entretien des espaces de stationnements. ».  Les coûts des espaces publics de stationnements sont pourtant grassement payés par nos taxes foncières . Avec pareil raisonnement, Projet Montréal pourrait justifier des augmentations pour les piscines, les parcs et les rues avec, bien sûr, une réduction pour les nids-de-poule. Projet Montréal a une fixation idéologique anti-stationnements et anti-automobiles.  Si la tendance se maintient, Projet Montréal créera des stationnements gratuits, les bouchons des rues en feront d’excellents ! Sans compter le fait que les voitures dans les bouchons sont beaucoup plus polluantes et traversent beaucoup plus lentement le fief du Plateau.

Luc Rabouin continue : «  les personnes les plus pauvres habitant dans les quartiers centraux se déplacent généralement à pied, à vélo et en transport en commun. ». Une proportion importante des résidents du Plateau ne possède, en effet, pas de voiture. Ce n’est pas parce qu’ils sont pauvres, mais plutôt parce que se déplacer en voiture dans le Plateau est devenu un cauchemar. Le dédale des rues du Plateau est absurde.  Au fond du labyrinthe se cacherait une ville champêtre pour bobos fortunés.  Arrachons les pavés et vive les tomates ! Rêvons plutôt à l’arrêt de la politique des sens uniques et au retour du bon sens.  Selon Luc Rabouin, la Ville de Montréal se retrouve (sic) dans une situation « impossible » de déséquilibre fiscal. « (…) une pression énorme sur l’impôt foncier et la tarification des services municipaux.» Voilà un engagement qui a le mérite d’être clair. Les contribuables continueront d’être pressés comme des citrons au nom d’une idéologie qui s’intéresse peu à la réalité complexe qu’impose le vivre ensemble dans une grande ville moderne.

Pourtant, une meilleure approche serait de mieux gérer les fonds publics, diminuer les dépenses et augmenter les revenus en favorisant les commerces, notamment par des stationnements étagés et abordables. Au Marché By à Ottawa des stationnements étagés, avec une belle architecture bien intégrée au quartier, permettent aux citoyens de fréquenter facilement et agréablement leur marché. Autres exemples, la Ville de Montréal a davantage d’élus que la ville de New York, c’est coûteux et absurde. Valérie Plante refuse de discuter de la diminution du nombre d’élus(es).   Les travaux sont, plusieurs en conviennent, trop longs et mal gérés. Saviez-vous que des ingénieurs paysagistes supervisent de très coûteux travaux de réfection de rue effectués par des ingénieurs civils ? Les salaires et avantages sociaux des employés de la Ville de Montréal sont supérieurs à ceux des fonctionnaires du gouvernement du Québec. La masse salariale énorme de la Ville de Montréal pourrait diminuer progressivement par attrition, c’est-à-dire ne pas remplacer les postes, sauf ceux jugés essentiels, suite aux départs volontaires à la retraite.

L’argumentaire de Luc Rabouin indique clairement pourquoi il importe de ne pas voter pour Projet Montréal aux prochaines élections. Davantage de taxes et une augmentation de la tarification des services municipaux, une mentalité de ville assiégée entourée d’un mur réglementaire. L’arrogance de Projet Montréal influence les divers niveaux de l’administration municipale. Les policiers, faut-il le rappeler, sont des agents de la paix et de la sécurité et non des machines à contraventions aux montants excessifs livrées sans un premier avertissement aux citoyens. Nos policiers ne devraient pas être utilisés comme guichets automatiques.

Projet Montréal n’écoute pas les citoyens, il prêche la bonne parole de son idéologie. Pourtant, la pensée unique n’est favorable ni à la démocratie ni aux progrès économiques et sociaux. Il est difficilement concevable qu’après dix ans de règne Ferrandez les citoyens du Plateau ne balaient pas, le 6 octobre, l’héritage arrogant et idéologique de Projet Montréal.  Suite à sa démission, Luc Ferrandez a affirmé qu’il importe de :  « Taxer 100% du stationnement sur rue et hors rue, taxer l’entrée au centre-ville, taxer les investissements étrangers, taxer les déchets; lobbyer pour empêcher l’agrandissement de l’aéroport, pour faire taxer les vols aériens, pour limiter le développement des activités pétrolières du port, pour réintroduire les tarifs douaniers sur certaines catégories de produits et pour taxer la viande. »  Lors d’une entrevue, Luc Ferrandez exprime un millénarisme environnemental, une utopie de la fin du monde qui aura lieu lorsque la terre aura réchauffée de 1,1C à 1,5C soit 0,4C supplémentaire. Luc Ferrandez, Cavalier noir de l’Apocalypse, prédit la famine et la mort.   » Avec 0,4C de plus l’agriculture s’effondrera de 40% (… ) Je regarde mon fils et c’est la première génération qui n’aura pas le droit de procréer. » : https://m.facebook.com/watch/?v=2068612653431064&_rdr

Les idées ne manquent pourtant pas pour améliorer de façon utile et réaliste la vie quotidienne des résidents du Plateau et de Montréal.

Pour

Une augmentation des taxes foncières inférieure à l’inflation. Il faut mettre fin à la loterie de la fiscalité foncière en fonction de l’augmentation imprévisible de la valeur des propriétés. La possibilité de payer les taxes foncières sur douze mois sans intérêts. La diminution progressive des taxes à 70 ans -10 %, 80 ans -20 %, 90 ans et plus -30 %.  Un congé de taxes la 1e année pour les nouveaux commerces.

L’allègement des entraves administratives, offrir plus de flexibilité et réduire les coûts et les délais aux propriétaires de commerce qui veulent convertir leur usage. Une exemption de taxes aux commerçants touchés par des travaux majeurs. Le gel des coûts des permis, vignettes, services et contraventions.

L’augmentation de l’offre de stationnements. Continuer à permettre les espaces de stationnements dans les ruelles. La construction de stationnements étagés près des métros au tarif maximum de 2 $/h.  Un tarif maximum de 2 $/h pour tous les parcomètres. Les parcomètres gratuits les dimanches sur Saint-Denis, Saint-Laurent et Mont-Royal. Le gel des coûts des vignettes. L’amélioration et la simplification du système de vignettes en prévoyant des espaces de stationnements libres pour les visiteurs.

La diminution des coûts de l’administration municipale. La diminution graduelle du nombre de conseillers pour épargner une moyenne de 80,000 $ par poste. L’abolition d’ un poste de conseiller par arrondissement à chacune des élections générales, soit une épargne de 1,520, 000 $ (80,000 $ fois 19 arrondissements.) L’attrition des postes à la suite de départs volontaires, retraites ou autres. La priorité accordée à l’amélioration des rues et à la diminution du nombre de nids de poule. L’augmentation des dépenses pour la réparation des rues.

La simplification de la signalisation. La priorité au déneigement des rues et trottoirs dans un premier temps et ensuite les pistes cyclables. La diminution du nombre et de la durée des chantiers par une meilleure gestion et contrôle.  La dynamisation de la vocation commerciale de la rue Saint-Denis. Permettre davantage de locations résidentielles pour les espaces sur la rue Saint-Denis qui ne sont pas au niveau des rues. Faciliter l’amélioration des maisons. Une campagne citoyenne pour la propreté des rues et ruelles. La sécurité des piétons et des cyclistes.

La reconstruction du terrain de balle-molle du parc Jeanne Mance. La réouverture du Club de natation du Plateau.

Une meilleure gestion du programme de recyclage pour diminuer les coûts et accroître les résultats concrets. Un équilibre entre la désignation de nouveaux espaces vers et le développement immobilier. L’immense Parc de l’Ouest, coûtera plus de 125 millions $, sans compter les frais d’avocat suite aux poursuites des promoteurs, peut être compatible avec un développement immobilier raisonnable et respectueux de l’environnement.

Contre

Les nouveaux sens uniques inutiles et irritants. Les placottoires. Les « espaces éphémères » à la fois coûteux et laids. Les saillies de trottoirs à 75,000 $ pièce. (300,000 $ pour les quatre coins d’un coin de rue.) Le projet d’autoroute cyclable (REV) sur Saint-Denis.

Le Règlement voisin, est une restriction à la liberté et au droit de propriété, qui oblige à des consultations avec ses voisins avant d’avoir le droit améliorer sa maison. Les entraves, les détours inutiles et les enclaves à la circulation automobile. Le labyrinthe des rues.

L’augmentation des coûts des services, permis et contraventions. Les bouchons automobiles qui augmentent la pollution. La mentalité de ville assiégée. La diminution incessante de l’offre de stationnements. L’obsession anti-voitures et anti-stationnements.

L’exode des familles. L’étalement urbain. La plateauïsation de Montréal. L’approche agressive et dogmatique de Projet Montréal.

Vivement du sens unique au bon sens !

(1) Le texte de Luc Rabouin : Déséquilibre fiscal: https://www.ledevoir.com/opinion/libre-opinion/559588/le-desequilibre-fiscal-impossible-dans-laquelle-la-ville-de-montreal-et-les-municipalites-se-retrouvent

(2) Le texte de Pierre Delorme :  Pauvre Montréal: https://www.ledevoir.com/opinion/libre-opinion/559400/pauvre-montreal

(3) La Ville annonce une consultation pour la relance des commerces de la rue Saint Denis. Les mesures envisagées seront inadéquates et inefficaces :  « Le plan de relance, échelonné sur cinq ans, comprend une série de mesures, dont l’aménagement de voies cyclables, le verdissement, l’ajout de feux de circulation, la révision du zonage, l’ajout d’éclairage, la création d’un corridor d’art public et la restauration de l’ancien Institut des sourdes-muettes (…) ».

Poésie Trois-RivièreLe Pois Penché