Description : Un dessin animé de gens sur la plage avec un phare en arrière-plan, profitant de leur temps à la plage tout en capturant des moments sur leur cellulaire.

La barbarie du cellulaire ou l’art d’être asocial

L’expression la barbarie du portable (l’équivalent du cellulaire au Québec), origine de Fabrice Luchini dans son récent livre Comédie française. Ça a débuté comme ça… L’usage immodéré, sans retenu et de façon compulsive du cellulaire, produit une horde de zombies asociaux qui vivent dans leur bulles solitaires.

Vous avez sans doute remarqué, comme moi, ces fous qui parlent tout seuls en marchant, qui s’arrêtent en centre d’un trottoir bondé, sans avertissement, qui traversent les rues des centres-villes nerveux, sans regarder et sans précautions. Le cellulaire devient un outil favorisant une sorte de barbarie nouveau genre qui fait éclater la société en une juxtaposition de solitudes et de monologues.

La frontière entre la vie privée et la vie publique, pourtant vitale au vivre-ensemble, est abolie.  À tue-tête vous entendez des conversations de boudoirs, des états financiers pénibles, des détails de conflits familiaux, et j’en passe.  Tout ce que vous ne voulez pas entendre vous est servi sans ménagement par le voisin d’autobus, de métros ou de trottoirs.  Les drogués du cellulaire cherchent désespérément à brancher leur dépendance mobile dans le restaurant, à la maison.   Que se passera-il dans leur vie si leurs courriels et Facebook ne sont pas lus depuis cinq minutes?

 » Picoté par les blés, fouler l’herbe menue.  Il n’aime pas les groupes, Rimbaud.  On est à l’inverse de notre époque de sursociabilité. Nous, nous voulons communiquer avec le monde entier sauf avec notre voisin. Le voisin est considéré comme un gros paquet de merde et on ne lui dit même pas bonjour. Maintenant, on entre dans le train et on a plus un mais quatre appareils avec nous : portable (cellulaire) de boulot, portable privé, tablette, casque.  Le voisin direct qui pourrait être le miracle n’a même plus droit à un regard. » (Fabrice Luchini. Comédie française. Ça a débuté comme ça…, p. 134.).

L’art de vivre signifie tenir compte de l’autre et avoir quelques considérations d’usage.  Céder sa place à une personne âgée dans le métro ou l’autobus relève de la bonne éducation et du savoir-vivre et, de grâce, arrêter de gueuler vos problèmes sur votre cellulaire dans des lieux publics et enlever vos foutus écouteurs qui vous rendent totalement imperméable à l’autre. 

Notre ère de communication, c’est de la foutaise! Personne ne communique plus avec personne et jouer à un jeu-vidéo avec un inconnu sur un autre continent, c’est tout sauf de la communication. Ne soyons pas ringard, l’Internet est une superbe technologie.  Encore faut-il savoir s’en servir de façon civile et intelligente!

La barbarie du cellulaire ou l’art d’être asocial

Alain Clavet, LaMetropole.Com

Mains LibresPoésie Trois-Rivière

Carrière à Patrimoine canadien, au Commissariat aux langues officielles et aux Archives et Bibliothèque Canada. Conférencier à l'UNESCO-Paris, à l'Internet Society à Washington, à l'Université de la Sorbonne à Paris et à l'Internet Society au Japon. Maîtrise de l'École nationale d'administration publique et M.A en histoire canadienne de l'Université de Sherbrooke.