Un homme en costume tenant une bouteille de Beaujolais.

Le Pape du Beaujolais n’est plus!

Après un règne de 55 ans, Georges Duboeuf nous a quittés et laisse un grand vide dans le monde vinicole français. Il s’est éteint le 4 janvier dernier, à l’âge de 86 ans.

Son histoire et sa vie sont liées à une seule passion, le vin de Beaujolais.  La maison Vins Georges Duboeuf a été créée en 1964 par Georges Duboeuf qui était alors un petit vigneron de la commune de Chaintré, une des quatre communes dans l’Appellation Pouilly-Fuissé.  Il était fatigué de vendre ses vins aux négociants de la région parce qu’ils demandaient des volumes de plus en plus grands et payaient des prix de plus en plus bas. Il était convaincu qu’il pouvait vendre ses vins dans des meilleures conditions aux restaurateurs de la région.

Les restaurateurs lui demandèrent de leur trouver d’autres vins du Beaujolais, de la même qualité que les siens pour compléter leurs caves. C’est ainsi que Georges Duboeuf a rapidement fédéré au début une quarantaine de producteurs, qui sont devenus 400 aujourd’hui, et une vingtaine de caves coopératives.

Le Beaujolais, c’est un vignoble de 22,000 hectares, qui s’étend sur un couloir de 12 kilomètres de large sur 55 kilomètres de long sur des flancs vallonnés et des monts du Beaujolais, entre les villes de Macon au nord et de Lyon au sud.  

Le terroir est divisé en douze appellations : Beaujolais et Beaujolais villages, et 10 crus qui sont du nord au sud : Saint Amour, Juliénas, Chénas, Moulin-à-vent, Fleury, Chiroubles, Morgon, Régnié, Brouilly et Côtes de Brouilly.

Laurent Gamonet, qui fait autorité affirme que «les vins du Beaujolais se distinguent chacun par un terroir qui lui est propre, mais avant tout ce sont des vins de plaisir, des vins de partage, des vins avec un caractère jovial, généreux, des vins taquins, des vins gourmands.»

Le cépage roi au Beaujolais, c’est le Gamay noir à jus blanc. Certains vignerons en Beaujolais et en Beaujolais Villages font des Rosés faits de Gamay, d’autres élèvent de délicieux vins blancs issus de Chardonnay et des superbes Crémants.  Dans sa forme la plus festive : le Beaujolais nouveau, accapare toute notre attention le troisième jeudi du mois de novembre de chaque année.

Georges Duboeuf a toujours soutenu ses vignerons, en les encourageant, en les payant les meilleurs prix, en les poussant à se surpasser, en associant le nom des meilleurs à son propre nom. Pendant plus de vingt ans, il a invité tous ses vignerons qui avaient obtenu des prix dans l’année, à un grand banquet chez Paul Bocuse.  Pour illustrer cet esprit d’encouragement il avait imaginé la création de la Tasse d’or. Elle a germé lors d’une rencontre avec l’écrivain Alexis Lichine en son Château du Prieuré, celui-ci fit part à Georges Duboeuf de son intention d’organiser une belle et grande exposition de tableaux et de tapisseries au Château Lascombes. C’était en mai 1962. Il y avait là des œuvres des plus grands artistes de l’époque, dont une somptueuse tapisserie de Lurçat et un tableau de Bernard Buffet.

Pour l’inauguration, Alexis Lichine avait rassemblé des personnalités politiques, des propriétaires des Grands Châteaux bordelais, la presse, des diplomates, des spécialistes des arts et de la table, sous la présidence de Jacques Chaban Delmas, alors Président de l’Assemblée Nationale et Maire de Bordeaux.

Georges Duboeuf était invité au vernissage. Il écouta avec respect les discours des uns et des autres. Alexis Lichine clôtura cette cérémonie en attribuant des Trophées aux artistes lauréats sous la forme d’un «Bouchon d’Or». Le lendemain Alexis Lichine demanda à Georges Duboeuf ce qu’il pensait de cette exposition. « Elle est fabuleuse, exceptionnelle, en tout point remarquable, répondit celui-ci, cependant, je voudrais vous poser une question : vous avez offert aux lauréats de cette exposition des « Bouchons d’Or », est-ce que vous ne pourriez pas un jour féliciter les vignerons du Beaujolais et du Mâconnais qui vous fournissent leurs meilleures cuvées en leur attribuant une Tasse d’Or? Alexis Lichine aima l’idée et c’est ainsi que fut organisée la première Tasse d’Or. Elle s’est tenue dans ce que sont aujourd’hui les cuisines, dans le fond de la salle de dégustation à Romanèche-Thorins. Il y avait là une dizaine de personnes.

Au fil des millésimes, elle est devenue célèbre et s’est déroulée au Domaine de la Grand Cours à Fleurie, au Château de Lachassagne, au caveau de Morgon, en l’Abbaye de Tournus et chez Ducloux. L’aventure s’est terminée 10 ans plus tard par une tournée américaine, qui a commencée à New York à l’Hôtel Hilton en présence de 200 vignerons, de plusieurs personnalités du monde du vin et d’une dizaine de grands cuisiniers. De New York le groupe s’est déplacé à San Francisco où il a été reçu par le maire et a terminé son périple à Napa Valley où il a été accueilli chaleureusement par la Famille Mondavi qui avait organisé en son honneur un barbecue géant. Tous les participants gardent un merveilleux souvenir de cette épopée fantastique que furent les Tasses d’Or.

Le nom de Georges Duboeuf demeure lié au Beaujolais nouveau. C’est un vin de Gamay qui est un vin de primeur, fermenté quelques semaines avant d’être mis en vente le troisième jeudi de Novembre. Des règles strictes règlent déterminent sa production : les raisins de la région doivent être récoltés à la main. Le vin est élaboré par macération carbonique et fermentation anaérobie de baies entières qui met en valeur les saveurs des fruits sans extraire les tanins amers des peaux de raisin.

Les raisins sont chargés et scellés dans des grands récipients de 76,000 litres remplis de dioxyde de carbone. Les raisins qui sont légèrement écrasés au fond du récipient par le poids des raisins commencent à fermenter, émettant plus de CO2.  Tout ce dioxyde de carbone provoque la fermentation à l’intérieur des raisins non foulés (sans accès à l’oxygène, d’où la « fermentation anaérobie »). Le vin obtenu est frais, fruité et très pauvre en tanins. (Source Wikipédia).

Au tournant des années 90, Georges Duboeuf devient le promoteur du Beaujolais nouveau et en fait un événement mondial en organisant des fêtes mythiques, courues par des personnalités politiques, artistiques et sportives.  En 2017, 2,000 producteurs ont produit 27.5 millions de caisses de 12 bouteilles de vin nouveau, à partir de 4,000 vignobles, 40% de la production a été exportée. Georges Duboeuf avait passé la main en 2018 à son fils Franck. La société Vins Georges Duboeuf réalise des ventes de l’ordre de 30 millions de bouteilles par année.  Georges Duboeuf est rentré dans la légende. Ceux parmi nous qui avons eu le privilège de le connaître gardons de lui le souvenir d’un homme généreux et d’un parfait gentleman.

Liens :

Vins Georges Duboeuf.

http://www.duboeuf.com

http://www.hameauduvin.com

https://www.facebook.com/Georges.Duboeuf.Canada

Au Québec

Vins Philippe Dandurand, 1304, avenue  Greene, Westmount  (Québec)  H3Z  2B1, pdandurand.comgalleonwines.ca

Anne Vaillancourt, RP & Événement – Assistante Chef de marques / PR & Events – Assistant Brand Manager, [email protected]T 514.932.2626 x 241  1.888.820.2089

Roger Huet chroniqueur, Président du Club des Joyeux

Las OlasLe Pois Penché

Ce Québécois d’origine sud-américaine, apporte au monde du vin, sa grande curiosité, et son esprit de fête. Ancien avocat, diplômé en sciences politiques et en sociologie, amoureux d’histoire, auteur de nombreux ouvrages, diplomate, éditeur. Dans ses chroniques Roger Huet parle du vin comme un ami, comme un poète, et vous fait vivre l’esprit de fête.