Un coureur court dans une rue de Montréal, en pleine pandémie de Covid.

Covid, sauvez Montréal!

“ Tout cela était indispensable, répliquait le docteur borgne, et les malheurs particuliers font le bien général, de sorte que plus il y a de malheurs particuliers, et plus tout est bien. ”  (Candide ou l’Optimisme. Voltaire, 1759, p. 25.)

La gestion du Covid ne tient pas suffisamment compte de la réalité complexe de Montréal.  Montréal est déserte et triste.  Il y a urgence sociale, culturelle et économique.  Montréal c’est la moitié de l’économie du Québec et davantage pour sa culture.  Les bibliothèques publiques, les théâtres, les cinémas, les restaurants, les bistros et les gyms font partie intrinsèques de l’ADN de Montréal. L’accès à la Grande bibliothèque du Québec (GBQ) est maintenant limité à ceux qui ont réservé des livres.  Au Québec, on accepte de nombreux clients dans les Walmart et les épiceries, mais aucun accès sans réservation à la GBQ.  Cela reflète-t-il les valeurs et les priorités du Québec ?  Les bibliothèques, les théâtres, les cinémas, les restaurants, les bistros et les gyms sont des espaces structurés où les normes sanitaires peuvent être mises en place et surveillées.  L’absence de ces espaces suscitent des rencontres plus nombreuses dans les espaces privés, sans possibilité d’imposer et surveiller les normes sanitaires et donc davantage propice à la propagation du Covid.

Des centaines de clients chaque jour ont le droit de fréquenter les Walmart, mais des personnes assises à deux mètres de distance dans un cinéma avec un plafond très haut, c’est défendu.  Quelle est la logique?  Acheter des produits de consommation Made in China serait-il plus important que voir un film, lire dans une bibliothèque publique ou partager un repas dans un restaurant à deux mètres de distance et avec un séparateur?  Deux poids, deux mesures d’une société qui dit oui à la consommation de masse et non à la culture. L’accès à la culture devrait pourtant être plus important que l’accès aux produits de Walmart.

Les résidents choisissent d’habiter des espaces petits, situés au centre-ville, car la ville est le prolongement de leur vie quotidienne, sociale, culturelle et sportive. Souvent sans automobile, les urbains voient détruire leurs façons de vivre.  La gestion actuelle du Covid détruit plus que l’économie, elle détruit une culture et un art de vivre. La définition médicale de la santé qui domine les décisions est réductrice.  La santé exige pourtant un équilibre social, culturel et relationnel. Il faut pourtant apprendre à vivre avec le Covid et non seulement mourir à cause du Covid. Le patient est mort, oui mais le remède était bon, répond Candide.

Montréal est déserte et triste.  Montréal est acculée à la faillite par une gestion du Covid inadaptée à sa réalité. Il importe de tenir davantage compte des dimensions sociales, culturelles et économiques de Montréal. Montréal ne doit pas devenir une ville « (…) sans odeurs, sans couleurs et sans germes de maladie, sauf celui de la bêtise. » *

* Cette grenade dans la main du jeune nègre est-elle une arme ou un fruit ? Dany Laferrière, Éditions TYPO, 2013, p.63.

JGAPoésie Trois-Rivière

Carrière à Patrimoine canadien, au Commissariat aux langues officielles et aux Archives et Bibliothèque Canada. Conférencier à l'UNESCO-Paris, à l'Internet Society à Washington, à l'Université de la Sorbonne à Paris et à l'Internet Society au Japon. Maîtrise de l'École nationale d'administration publique et M.A en histoire canadienne de l'Université de Sherbrooke.