La politique américaine

Joe Biden, figure de la politique américaine, est assis devant un drapeau américain. Joe Biden, figure de la politique américaine, est assis devant un drapeau américain.
Les Américains sous la lunette québécoise. Par Anne Campagna.
Une règle d’or en journalisme, ne jamais utiliser le je. Mais je dois l’avouer je vais enfreindre aujourd’hui cette sacro-sainte règle pour parler d’un sujet qui me tient très à cœur, les États-Unis, pays que plusieurs des membres de ma famille maternelle ont choisi pour s’établir sur la côte est américaine, francophile s’il en est et démocrate en plus.  Je me permets donc ici, plutôt qu’un article drabe comme moi aussi je sais les faire, un article qui tient plus de la chronique.
Jeudi le 3 novembre s’est tenue à l’Université du Québec à Montréal une conférence sur les prochaines élections de mi-mandat aux États-Unis qui auront lieu aujourd’hui le mardi 8 novembre 2022. Disons le d’emblée, non seulement les Québécois sont généralement plutôt froids face à leur géant américain, mais aussi règne parmi l’intelligentsia québécoise une générale répréhension pour ne pas dire détestation de tout ce qui est vient des États-Unis, politique y compris. Il n’est pas de bon ton, surtout à la très francophile UQAM, d’avouer que l’on a des origines américaines, et je me souviens d’une réaction d’opprobre générale lorsque je fis cet aveu dans un cours de politique américaine à l’UQAM il y a quelques années.
C’est donc avec appréhension que je me dirigeais vers le pavillon Péladeau, un nationaliste convaincu déjà là, pour écouter les panélistes Québécois, tous des spécialistes de politique américaine. Un public restreint, mais informé a suivi la conférence et les questions posées furent des plus intéressantes. Les Québécois semblent avoir trop souvent une compréhension limitée des Américains.  Les États-Unis sont d’une grande complexité tant par ces fractures sociales entre l’establishment, au statut quasi royal ; la classe moyenne, qui périclite dans le contexte de la mondialisation ; et la classe modeste, traditionnellement respectée. Lorsqu’on travaille fort, même dans un Burger King, on contribue à la société américaine qui valorise le col-bleu, le « hard worker » le Jeans Levi’s, symbole emblématique, et les chansons de Bruce Springsteen et autres en témoignent.  Les panélistes, Valérie Beaudoin, Marin Fortin-Bouthot et Gabrielle Turp, présidés par le directeur de l’Observatoire sur les États-Unis, Frederick Gagnon (avec un c et un k me dit-il répété), qui au final intervenait aussi souvent que les panélistes, refusa de façon plutôt arrogante de revérifier les sources de ses citations.
Que dirent-ils d’intéressant ?
Tout le monde journalistique est sur le même sujet et semble ânonner les mêmes choses et les mêmes lieux communs.  Ils nous disent ce qu’on doit dire dans ce genre de conférence, à savoir que l’Amérique était profondément blessée sur le plan démocratique, blessée, entre autres, par un président qui en avait approfondi les fractures sociales et les fractures idéologiques. L’attaque du Capitole du 6 janvier à l’appui, les élections de mi-mandat portent les marques de ce Président pantin d’une certaine faction américaine, mais laquelle ? Je fais référence à l’excellent livre français expliquant les mafias ayant aidé Trump au pouvoir (les références vont suivre), les extrémistes américains seraient-ils subventionnés et par les démocrates et par les républicains ?  Comme toute journaliste, j’attends  les preuves à ce sujet.
Ils soulevèrent aussi l’importance du débat sur l’avortement. Débat qui fait rage et qui divise encore plus un peuple américain qui craint que les tensions sociales puissent dégénérer en guerre civile. Malgré les discours rassurants sur les mesures de sécurité, les panélistes ont fait état des enjeux sur l’élection des juges, leur rôle important dans la société américaine, la situation du Sénat au coude à coude 50-50 entre démocrates et républicains. Un questionnement qui traverse cette société relativement au positionnement réel aujourd’hui du parti démocrate.
L ’Amérique des Kennedys est un lointain souvenir même si de nouveaux Kennedys s’impliquent aussi dans la société.  Des possibilités de manipulations électorales sont maintenant un sujet crucial pour ce peuple qui craint, maintenant toujours et avec raison, que leurs élections soient manipulées de l’extérieur.  L’opinion publique américaine est fortement préoccupée par l’ingérence russe dans les élections américaines.  Les prochaines conférences me permettront de poser des questions plus précises aux deux panélistes qui ont gentiment accepté que je vérifie les sources de leurs citations. God save America? Je l’espère.
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Je m'intéresse au journalisme d'enquête et au reportage international depuis l'âge de 19 ans. Issue d'un milieu politique québécois et canadien, les histoires de corruption m'ont toujours fascinées, ainsi que le partage du pouvoir dans les sociétés, les décisions des gens de pouvoir, leurs réussites et leurs échecs. La place des femmes dans ce milieu aussi m'est un sujet d'intérêt important, et je termine présentement un roman en collaboration avec le directeur de l'Agence Québec Presse qui touche ces sujets.