La société des poètes disparus

Société des poètes disparus

Le Théâtre Denise-Pelletier dans Hochelaga-Maisonneuve présente La société des poètes disparus jusqu’au 26 avril 2019. Un audacieux pari que de s’attaquer à un monument du cinéma. La scénographie est très simple et efficace. La scène est entièrement occupée par un escalier d’une dizaine de marches et d’un immense écran monochrome qui occupe le mur arrière. La mise en scène utilise habilement cet espace qui nous déplace virtuellement dans des lieux très différents. 

Vermont, USA, 1959

Le jeune public aura certaines difficultés à se représenter la société qui est dépeinte. Nous sommes en 1959 aux USA, dans un collège privé où les parents fortunés envoient leurs fils dans l’espoir qu’ils intègrent les meilleures universités et l’élite de la société. En 60 ans, les mœurs ont bien changé. Mais les drames, les enjeux, les aspirations et les conflits intérieurs demeure d’actualité. Le professeur brillant et anticonformiste qui éveille les sens de ses étudiants est un thème éternel. M. Keating, alias « O Capitaine ! Mon Capitaine », reste l’archétype de l’enseignant idéal et stimulant.   

On retrouve un groupe de jeunes hommes de 17 ans en dernière année préparatoire avant l’université. Leur professeur d’anglais revient tout juste de Londres ou il enseignait. Ancien diplômé du collège et un peu allergique au conformisme de l’enseignement préconisé dans cette institution, il initie ses élèves à la libre-pensée. Cependant, cette vision des choses aura une tournure tragique pour un personnage. 

Société des poètes disparus
Crédit: Gunther Gamper

J’ai trouvé que les acteurs et l’actrice habitent leurs personnages. Le texte est bien adapté, mais je ne comprends pas pourquoi la traductrice a teinté de locutions et d’expressions québécoises à l’occasion plutôt que de rester dans un français normatif. Ainsi, un français impeccable, à la « Radio-Canada », nous aurait aidé à mieux situer la classe sociale des personnages. Il manquait aussi de rigueur dans certains dialogues, surtout les scènes de groupes ou un peu de brouhaha aurait ajouté au naturel. 

Le film avec Robin Williams (1989)
Dead poets society
Crédit: Touchstone Pictures.

Adapté un film en pièce de théâtre reste un défi rare. Le théâtre a 2,500 ans d’histoire, alors que le cinéma a à peine 125 ans. Les grandes pièces ont presque toutes été adaptées au cinéma. Mais les exemples de l’exercice inverse restent l’exception. Quand Mr Keating est interprété par un Robin Williams au sommet de son art, la barre est haute. Néanmoins, la pièce est très réussie. Elle est tout à fait compréhensible pour un spectateur qui n’a pas vu le film. Ou encore lut le livre, un roman basé sur le film a été écrit après sa sortie au cinéma ! Pour ceux qui ont vu le film, il est savoureux de voir comment les scènes ont été transposées. Je pense que la pièce est un bel hommage à ce chef-d’œuvre et une raison de plus de voir ou revoir le film de Peter Weir. 

1 h 45 sans entractes.
Informations

Le Pois PenchéMains Libres

Anthropologue de formation, spécialisé en archéologie, Raymond Carpentier travaille dans le milieu des nouveaux médias et de l’internet depuis des décennies. Passionné de cinéma, de technologies, de cuisine, d’histoires, de sciences, de santé, de nutrition, de musique, c’est un touche-à-tout.