Balenciaga maître du vêtement.

Balenciaga au Musée McCord

Le Musée McCord présente, jusqu’au 14 octobre prochain, une rétrospective de Cristóbal Balenciaga, figure incontournable de la haute couture française des années 50 et 60.

Avant-gardiste et visionnaire, il est toujours considéré comme un pionnier sur la recherche des matières et des volumes. Yves Saint-Laurent le considérait d’ailleurs comme son maître absolu, plus même que ne le fut Christian Dior. En soi, le choix d’une exposition sur Balenciaga est intéressant. En effet, aujourd’hui, la maison Balenciaga, sous l’égide de son directeur artistique Demna Gvasalia, connaît un essor exceptionnel et un renouveau tape à l’œil à l’instar de Givenchy, Lanvin ou Balmain. « Brands haute couture des stars», les Beyoncé, Rihanna, Jay-Z et autres Kardashian font rêver les jeunes à coups de photos lookées sur Instagram, faisant, en un seul post, grimper les actions de ces entreprises de la mode de façon vertigineuse.  Holt Renfrew, partenaire de l’exposition, en sait quelque chose : sa clientèle « Madame et Monsieur Westmont » se fait de plus en plus rare et cède la place à un public jeune, souvent d’origine asiatique ou tendance rappeur, qui dépense des sommes colossales pour du prêt-à-porter signé Balenciaga ou Gucci.

La haute couture

Après Eleganza, exposition précédemment présentée au McCord, décevante à bien des égards, on pouvait espérer une nouvelle exposition couture plus dynamique, à la pédagogie actuelle, comme l’avaient été par exemple les rétrospectives Yves Saint Laurent et Jean-Paul Gaultier au MBAM.  On en sort, malheureusement, assez insatisfait. En effet, l’univers Balenciaga est à peine présenté dans son contexte historique et superficiellement abordé d’un point de vue sociologique. La notion même « de secteur » haute couture versus industrie du prêt-à-porter reste à peine effleurée, semant la confusion dans les esprits des néophytes et dans celui du jeune public qui, eu égard à l’accessibilité médiatique de leur stars, confondent, à juste titre, les deux.

La scénographie, d’autre part, s’avère un peu déprimante, rappelant les anciennes expositions du Musée des Arts déco à Paris avant son récent réaménagement et le renouveau de sa politique culturelle. Présentation sur mannequins figés et jaunis, vitrines réfléchissantes, atmosphères volontairement vieillottes, éclairages d’antan donnant comme un goût de désuétude has been à l’oeuvre du grand couturier, alors même qu’en regardant de plus près les pièces présentées, Balenciaga reste totalement tendance aujourd’hui.  La dernière salle, enfin, qui cherche à mettre en exergue l’influence de Balenciaga sur les couturiers contemporains, sème la confusion et ne fait pas tout à fait honneur au travail des designers d’aujourd’hui. Une mise en perspective sociétale de la couture, du branding, du star système et des médias aurait pu constituer un angle plus pertinent afin d’éclairer les visiteurs.

Points positifs

Quelques points positifs tout de même : une magnifique sélection de modèles somptueux et une excellente pédagogie du savoir-faire des artisans-artistes. C’est déjà beaucoup, sans doute, mais il y aurait eu moyen de faire plus à partir de la richesse du sujet. Il n’en demeure pas moins que cette exposition semble s’adresser surtout aux nostalgiques de la Haute Couture des années 50-60, aux étudiants en mode et aux connaisseurs.

Pierre Ranjard, Collaboration spéciale, LaMetropole.Com

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