Un Japonais agenouillé dans la neige avec une épée.

L’Invitation au Voyage – 2 : Le Japon

Cette semaine, je vous convie au Japon… où je ne suis encore jamais allée ce qui ne me permet pas, comme je l’ai fait la semaine dernière pour l’Égypte, de croiser mes souvenirs personnels avec la vision d’écrivain. Je laisse donc la parole aux écrivains.
Yukio Mishima ou la face sombre du Japon

De tous les écrivains du 20e, et ils sont légion, Mishima est l’un de ceux, sinon dont le seul nom provoque la fascination, et donc l’incompréhension qui constitue l’autre versant de la fascination. Et cela en partie pour de mauvaises raisons. On est surtout fascinés, ébaubis, interdits par sa mort, par l’implacable et terrifiante mise en scène de son suicide, à 45 ans, en 1970, Marguerite Yourcenar, qui a écrit l’excellente biographie Mishima ou la vision du vide, en a été stupéfaite elle aussi et ira jusqu’à considérer que cette mort atroce et sublime à la fois est la plus grande œuvre de Mishima, celle qui a été le mieux préparée. Disant cela, Yourcenar, par ailleurs grande connaisseuse de la tradition japonaise et de sa littérature, a-t-elle voulu délibérément occulter l’œuvre littéraire de Mishima, pourtant abondante et éclectique ? Ce serait dommage d’en arriver à cette conclusion. Car si Yukio Mishima a en effet mis en scène son seppuku (c’est le mot originel chinois pour dire suicide par éventration puis décapitation, aussi connu sous le nom harakiri) avec toute l’intransigeante minutie qu’exige ce rituel sacrificiel en pratique dans les sociétés samouraï à partir du 12siècle (et officiellement abandonné en 1868 ce qui n’est pas vrai dans les faits), il n’en a pas moins écrit, et donc laissé en héritage à l’humanité, toute une œuvre remarquable. Mais lui n’était pas satisfait de lui-même.

Son œuvre avait beau avoir fait l’admiration de la communauté littéraire internationale de son vivant, il avait beau avoir depuis sa prime jeunesse suscité l’admiration de ses professeurs, rien ne semble avoir vraiment restauré ce qu’aujourd’hui nous appellerions son auto estime, et que lui nommait, à l’instar d’un des fondements séculaires de la société japonaise, l’honneur. Yukio Mishima est déjà en soi destiné à le camoufler, à dissimuler la honte d’être ce qu’il est. Yukio Mishima est un masque comme il le dit dans Confessions d’un masque (part en 1949). Il n’a pas 20 ans lorsqu’il publie sa première nouvelle dans une prestigieuse revue littéraire japonaise. Ces professeurs l’admirent beaucoup et lui inventent le pseudonyme de Yukio Mishima afin de lui éviter les moqueries et représailles de ses camarades, car la littérature a toujours été considérée dans la société nippone comme une activité efféminée. Pire, Mishima, parlant le français, l’allemand et l’anglais en plus du japonais, dévorait des auteurs comme Radiguet, Oscar Wilde ou Rilke, et admirait beaucoup la poésie japonaise classique, le waka. Il écrira de la poésie d’abord avant de se tourner vers la prose. Dans ces premiers écrits, La cigarette ou Le garçon qui écrivait des poèmes, il fait part des violences subies de la part de ses camarades. Pour le protéger et sans doute aussi protéger le fait qu’il continue à écrire, les professeurs du jeune Kimitake Horaoka (de son vrai nom) lui donnent donc un camouflage. Mais celui ne peut opérer contre son propre père, qui avait tellement honte de son fils.

Littéralement enlevé à sa mère par sa grand-mère maternelle durant toute son enfance, le petit Kimitake fut élevé par celle-ci à jouer à la poupée avec ses cousines et à masser le dos de sa grand-mère, dans une atmosphère violente (la grand-mère piquait de terribles crises de rage) délétère et ambiguë qui perdura jusqu’à ses douze ans, où il fut enfin autorisé à retrouver sa famille immédiate et notamment sa mère qui lui avait tant manqué. Pourquoi a-t-il été ostracisé ? Pourquoi son père a-t-il si honte de ce fils chétif, maladif, sensible et attiré par la littérature ? Parce que sans doute, il cumule là tous les présumés signes extérieurs de l’homosexualité. Le père le bat, déchire ses écrits, lui fait subir des tortures, tout cela dans le but de l’endurcir ou, comme on le disait en cette première moitié du 20siècle, au Japon comme ailleurs, « pour en faire un homme ». Le père, militaire de carrière, n’est pas impressionné par le fait que son fils soit diplômé de l’université de Tokyo à 22 ans ni qu’il devienne dans la foulée fonctionnaire du ministère des Finances. Ce qui le révulse c’est que son fils ait été déclaré inapte pour faire son service militaire, et qu’il continue d’écrire alors que ça lui est interdit. Au final, dès sa première année comme fonctionnaire, le jeune Kimitake tombe vraiment malade et son père lève les bras de son cas, désespéré ! acceptant qu’il démissionne pour se consacrer à l’écriture. Est-ce vraiment, étant donné les circonstances, une vraie victoire ? C’en est une, une sacrée victoire même, mais Mishima la vit-il ainsi ? L’onde de choc du mépris, des moqueries, des humiliations, des dénigrements subis ne va-t-elle pas perdurer, au-dedans sinon au-dehors ?


Yukio Mishima devient pourtant héroïque. L’héroïsme spectaculaire, quasi mythique, devient sa forme de revanche.
Mais n’est-il pas aussi la face surexposée de sa face cachée, immuable, la détestation de soi ? Sans se lancer ici dans une décortication psychanalytique, il faut dire que des circonstances de sa petite enfance avec une grand-mère morbide, de son adolescence et sa jeunesse violente et torturée, et de l’occultation subie de l’amour maternel, Mishima garde le noyau dur qui caractérise son œuvre, dont lui-même parle dans son récit autobiographique Soleil et Acier (1968) : son vocabulaire luxueux et ses métaphores symboliques et baroques, sa capacité à fusionner les styles littéraires traditionnels japonais et occidentaux modernes, et aussi ses revendications obsessionnelles de la beauté, de l’érotisme et de la mort comme une seule et même chose. Éros et Thanatos unis dans une jouissance mortifère. Une œuvre abondante, pluriforme, violente, où affleure son homosexualité (par exemple dans Le Marin rejeté par la mer, 1963), son goût de l’ordre, sa fascination pour l’ordre, la discipline et le code d’honneur des samouraïs (par son père il est associé à une puissante société samouraï seigneuriale qu’il met en avant), mais son nationalisme ouvertement d’extrême droite (Patriotisme, 1960). Idéologiquement opposé à l’occidentalisation du Japon, Mishima a formé le Tatenokai, une milice civile non armée, dans le but avoué de restaurer le pouvoir à l’empereur japonais. Le 25 novembre 1970, Mishima et quatre membres de sa milice sont entrés dans une base militaire du centre de Tokyo, ont pris le commandant en otage et ont tenté d’inspirer les Forces d’autodéfense japonaises à renverser la Constitution japonaise de 1947. Lorsque cela a échoué, Mishima a commis un seppuku. Mais il n’était pas possible que cela fonctionnât, en fait, et le seppuku était bien trop minutieusement préparé pour qu’il eût été spontané ou improvisé sur place. Et Mishima, malgré de nombreux prix, briguait le Prix Nobel de Littérature (à offrir à son père ?) et en 1968, c’est plutôt son maître littéraire et ami Kawabata qui l’a obtenu. Kawabata prononcera d’ailleurs l’élégie funèbre de Mishima, mais lui-même se suicidera un an après Mishima, mais sans pompe, en ouvrant le gaz chez lui, et alors qu’il est beaucoup plus âgé que Mishima.

Un suicide, même aussi fascinant, aussi ritualisé et littéralement interprété comme s’il avait été un des films dans lesquels Mishima, devenu un véritable athlète au corps sculptural, a joué avec beaucoup de plaisir dans l’admiration suscitée. L’idée de voir ce corps vieillir a-t-elle été au-dessus de ses forces ? Nous n’en saurons rien et de cette interrogation est née la remarquable biographie de Marguerite Yourcenar qui semble en effet plus intriguée par le personnage qu’était devenu Mishima que par son œuvre. C’est Yourcenar qui en substance dit, dans sa propre autobiographie Quoi ? L’Éternité… que le plus grand roman de tous les temps, celui qui contient tous les autres et après lequel il n’y aurait plus rien à écrire est Le Dit du Genji de Murasaki Shikibu, œuvre majeure d’une écrivaine, dame de la cour du milieu de l’époque de Heian, au 11siècle. Tiens les femmes n’ont pas eu que des activités effacées au Japon ? Oh que non, puisque dans l’esprit collectif, encore aujourd’hui, elles sont les artistes, les inspirées, les sages, et peuvent donc être considérées à la suite de Shikibu parmi les écrivains fondateurs de la nation. Cela rappelle que le Soleil, principe masculin, yang, s’il en est, est incarné au Japon par une figure féminine, Amaterasu, la déesse du Soleil (le Japon est le pays du Soleil levant, raison pour laquelle on ne l’oublie jamais dans la peinture traditionnelle, sous la forme d’un grand cercle rouge) dont descend l’empereur du Japon. Pour Yourcenar en tout cas, l’écrivaine du Japon c’est Shikibu et non Mishima même si elle salue aussi son talent éclectique, romans, récits, essais, théâtre, poésie, scénarios, articles engagés…. Au fond, Mishima n’est-il pas trop controversé, ambigu, même pour Yourcenar, homosexuelle, indépendante, libre-penseuse, nomade et érudite s’il en est ?  

Il faut lire Mishima, au moins une fois. L’écriture est puissante, hypnotisante, profonde. Et ses romans laissent toujours dans la réflexion, bien après avoir refermé le livre. Il aura laissé un héritage important. Le matin même de sa mort, autre détail de mise en scène ! il a mis le point final au dernier livre de sa tétralogie La mer de la fertilité parachevant ainsi son œuvre. Avec les années, il a été reconnu comme l’un des stylistes d’après-guerre les plus importants de la langue japonaise. Il a publié 34 romans, environ 50 pièces de théâtre, environ 25 livres de nouvelles et au moins 35 livres d’essais, un livret d’opéra et il a réalisé un film.

Le prix Mishima a été créé en 1988 pour honorer sa vie et ses œuvres. Le 3 juillet 1999, le musée littéraire Mishima Yukio a été inauguré à Yamanakako.

Un biopic de 1985 de Paul Schrader intitulé Mishima : Une vie en quatre chapitres décrit sa vie et son œuvre ; cependant, il n’a jamais été présenté au Japon, pourquoi ? Un autre film, de 2012, intitulé 11 h 25 Le jour où il a choisi son propre destin relate quant à lui le dernier jour de Mishima heure par heure. En 2014, Mishima a été l’un des lauréats inauguraux de la Rainbow Honor Walk, une marche de la renommée organisée dans le quartier de Castro à San Francisco, soulignant les personnes LGBTQ qui ont « apporté des contributions significatives dans leurs domaines ».  Grand admirateur de Mishima, David Bowie a peint un grand portrait expressionniste de Mishima, qu’il a accroché dans sa résidence berlinoise.

Et si la réponse se trouvait dans sa tombe ? La tombe de Mishima est située au cimetière de Tama à Tokyo. Une simple longue stèle sobre qui porte l’inscription Tombe des Hiraoka. Mishima a finalement jeté bas le masque. Kimitake a tué Mishima.

La question se pose : cette fascination pour la mort comme un passage de la vie (dans une société dont les deux religions majeures, shintoïsme et bouddhisme, sont réincarnationistes), la mort comme une ritualisation de l’honneur (si vous perdez l’honneur dans la vie, seule une mort honorable vous le rendra pour une meilleure réincarnation après un séjour auprès d’Amaterasu), la fusion éros-thanatos, l’érotisme n’a d’issue ultime et absolue que la mort (ce qui le postulat du romantisme), l’exaltation de l’exigence héroïque et du sacrifice par soumission et respect, est-ce que cela est propre à Mishima ou bien Mishima est-il une incarnation de sa société nippone traditionnelle, un étendard flamboyant et exceptionnel de celle-ci ? On repense alors au butô, danse des ténèbres jaillie de la mort d’Hiroshima, au kabuki épique où volent les coups et les têtes. On repense surtout aux kamikazes (littéralement esprits du ciel : les kamis, esprits de la nature qui sont au centre du shinto), ces aviateurs japonais qui durant la Seconde Guerre mondiale lançaient leurs avions sur les navires américains sacrifiant leur vie pour retarder les expéditions meurtrières américaines (et bien sûr, le lien avec les kamikazes que nous connaissons aujourd’hui est tout à fait direct, honneur et sacrifice au nom d’une cause plus grande que soi…). Et on ne peut oublier le phénomène du kodokushi (littéralement la mort solitaire, qui semble avoir pris la place du seppuku) phénomène en expansion dans la société japonaise qui désigne des personnes mourant volontairement seules chez elles, et dont les corps ne sont découverts qu’après une longue période. Le phénomène est décrit pour la première fois dans les années 1980 et est en expansion. On pense, on ne l’a jamais oublié le film L’empire des sens (coté Éros mortifère) et les films de Kurosawa (côté sociétés samouraï et code d’honneur) et la réponse affleure : le pays du Soleil Levant recèle une part nocturne édifiante. Fascinante, voire même inaccessible, au fond, à nos esprits occidentaux. Dany Laferrière me l’avait dit en entrevue (pour moi l’ailleurs absolu c’est le Japon) avant d’écrire Je suis un écrivain japonais. Sofia Coppola en a un fait un superbe film, Lost in translation, et comment oublier les scènes japonaises, comme des coups de poing dans le ventre dans le film d’Inarritu Babel ? Inaccessible alors, peut-être, mais inoubliable Japon, qui parle de la face cachée de l’humain. La mienne, la vôtre, la leur, la nôtre.

Olivier Germain Thomas ou la face lumineuse du Japon

Comme le soleil éclaire la lune, comme se succèdent les saisons, comme toute face nocturne appelle sa face diurne, je ne veux pas présenter qu’un côté du Japon. Car il y a Olivier Germain Thomas, écrivain voyageur bien la longue et abondante tradition d’écrivains voyageurs français, qui avec son livre Le Bénarès-Kyôto (Prix Renaudot du Meilleur Essai 2007) m’a donné envie non pas seulement de comprendre le Japon, mais d’y aller pour de vrai. Après des études de philosophie consacrées à l’art bouddhique en Inde, il a produit une œuvre abondante et plurielle, en connaisseur subtil des traditions religieuses capable comme personne de vous faire voyager au gré de sa plume tout en divulguant un enseignement spirituel pertinent. Outre ses livres, producteur à France-Culture, son émission For intérieur a été pour moi, comme pour beaucoup, une référence d’intelligence et de discussions sur le besoin de spiritualité et de sacré. Entre beaucoup d’autres choses, et alors que l’âge s’impose, cet homme malicieux, vif et communicatif vient aussi d’inaugurer une collection de récits de voyage Arpenter le sacré aux éditions Desclée de Brouwer, et de publier un récit La brocante de Mai 1968 sur ses souvenirs, de ce qui fut bon et moins bon, dans Mai 68 qu’il a intensément vécu de l’intérieur.

Revenons à la partie édifiante et enchanteresse qu’il consacre au Japon dans Le Bénarès-Kyôto (qu’il faut par ailleurs lire au complet, d’Inde au Vietnam, Laos, Chine et Japon, par voie terrestre uniquement). Mon livre, écorné, écrit en marges, souligné, avec moult papiers entre les pages, etc. témoigne de ce que je m’y suis nourri. À sa suite dans les monastères shintoïstes ou bouddhistes majeurs, pas forcément les plus connus, mais les plus habités, les plus sacrés, toujours en des lieux uniques dans la montagne de préférence à la mer, dans les jardins de pierres sèches, les temples, les cérémonies —, mais aussi sous la cascade purificatrice de Nachi, dans les traces de Bernard Franck (feu le plus grand japonologue français dont les cendres reposent désormais dans le temple de Tôji) et d’André Malraux et son guide et traducteur japonais Tadao Takémoto. Et, et surtout, toujours accompagné par les kami partout alentour, ces esprits surnaturels du shinto qui littéralement dans l’acception japonaise peuplent la Nature et vivent aux côtés des humains par l’intermédiaire même de la Nature.

D’un coup, à lire Germain Thomas, j’ai saisi l’évidence du but ultime de l’art traditionnel japonais : tenter de reproduire la Nature, car rien, jamais, nulle part, ne peut être plus beau ou plus parfait et encore supérieur à elle. Nous humains qui selon une expression bouddhique sommes faits de « poussière et de vent », à quoi prétendre de plus qu’avoir essayé de rendre hommage à la Nature en la reproduisant.

Il écrit :

« Échapper à l’ânerie qui consiste à polluer un jardin japonais avec des mots abstraits. Éviter également d’en visiter deux de suite. D’ailleurs, il n’y a pas à visiter un jardin, il y a à le vivre. C’est une affaire qui nécessite une disponibilité soumise à des humeurs. Les jardins retiennent, les jardins rejettent. (…) À propos des jardins secs sur lesquels on blablavasse, ne pas les traiter de jardins métaphysiques. Rien de plus physique au contraire que ces lieux clos habités de pierres dressées, sur une masse de cailloux ratissés. Ils représentent simplement la mer, une île, une montagne, une branche de pin. Aucun symbole, des reflets. Une messe.  

Il écrit :

« Nulle part ailleurs l’homme n’a inventé un habitat capable à ce point de recevoir toutes les nuances de la nature. »  

Il écrit, à propos de la fulgurance du haïku :

« Le principe essentiel en matière d’art, que l’on retrouve dans la poésie de Sôgi, dans la peinture de Sesshû, dans l’art du thé chez Rikyû : faire des quatre saisons des compagnes. De ce que nous voyons, il n’est rien qui ne soit fleur, rien qui ne soit lune. »

Il écrit, à propos de la pudeur des fleurs de cerisier :

« Elles annoncent le printemps qui est, avec l’automne des chrysanthèmes impériales, la plus agréable des saisons de l’archipel. Comme elles ne tiennent que quelques jours, elles ont un lieu avec le sens de l’éphémère au cœur du bouddhisme, et servent d’emblème aux samouraïs dont la vie ne tient qu’à un fil. Leur éclosion suscite chez les Japonais une frénésie qui s’exprime par fêtes, poèmes ou nuits blanches passées à guetter leur ouverture. »

Et de citer Bashô, un grand maître du haïku :

Remets au saule

Tout le dégoût,

Tout le désir de ton cœur

Et enfin, pour parler de la fleur de cerisier, symbole tout à la fois de l’éternel impérissable et de l’impermanence de l’éphémère, de la vie qui est cycle d’apparitions et de disparitions (ce qui m’a d’ailleurs inspiré mon roman Fleur de Cerisier, VLB, 2014), il cite cette fois le fondateur du théâtre Nô au 14e siècle, Zéami :  

Cachée, la fleur est présente

Découverte, plus de fleur

Quand vous êtes au milieu d’un champ de fleurs en pâmoison, rappelez-vous que vous êtes au milieu d’un cimetière, car les fleurs qui ont fleuri sont celles qui ne fleuriront plus….

Ce à quoi Olivier Germain Thomas nous ouvre, Mishima le savait en profondeur de l’intérieur. Cet éternel éphémère se trouve d’ailleurs dans la dernière phrase qu’il a écrite avant son seppuku :

La vie humaine est brève, mais je veux vivre toujours. Or l’humain n’atteint l’éternité que par la mort.

Ainsi, au Japon, part nocturne et diurne demeurent indissociables. Ainsi s’achève notre voyage littéraire de cette semaine, en espérant qu’il vous a inspirés. La semaine prochaine, la France, ensemble vers la vallée de la Loire. Bonne semaine à vous !

Un don pour la liberté d’expression

JGAMains Libres

Parisienne devenue Montréalaise en 1999, Aline Apostolska est journaliste culturelle ( Radio-Canada, La Presse… ) et romancière, passionnée par la découverte des autres et de l’ailleurs (Crédit photo: Martin Moreira). http://www.alineapostolska.com