spectacle. Comme les autres. D’ailleurs, reconnait-il piteusement, il y est
contraint : « Le 13 septembre, nous organisons un show politique
au cabaret le Lyon d’Or, rue Ontario Est ». À côté de son siège de
campagne. Un show, mais pas de politique spectacle….
Sa récente conférence de presse était impressionnante de
constats implacables et de propositions audacieuses, se voulant « un projet
de développement équitable, durable et enthousiasmant ». Un professeur
sérieux sur ce qu’il convient de faire à Montréal. Que du fond! Le constat d’abord : une augmentation
exponentielle des voitures, pour la majorité d’entre-elles en transit, pas
assez de transport en commun, de la pollution, une population en voie
d’appauvrissement et 10 000 familles qui émigrent chaque année en banlieue,
une politique économique insuffisante pour attirer les entreprises.
Il propose
des solutions intelligentes pour toutes ces questions. Un vrai discours
d’urbaniste, d’écologiste militant du développement durable depuis longtemps.
En grande forme d’ailleurs, lui qui revient de Barcelone. « La ville
a été transformée par les rues piétonnes, la valorisation de son patrimoine
architectural, une politique dynamique de transport en commun ». Comme à
Bordeaux, qui a revu complètement son organisation en moins de 10 ans et
« fait maintenant partie des plus belles villes au monde.
Son tramway
passe dans le centre historique sans défigurer les façades rénovées de la
Ville, puisqu’il n’y a pas de fils électriques au dessus ». Bravo à
l’ancien montréalais d’adoption Alain Juppé, maire de la Ville! « Le maire
de Bordeaux a eu de la volonté politique et il a mis en œuvre sa politique.
Mais à Montréal, c’est impossible. Pour être élu, le vote dépend des banlieues,
on ne peut pas plaire à tout le monde! » Donc, le mieux est l’inaction,
puisque les contraires s’annulent.
Pour Bergeron, les deux grandes équipes
concurrentes ne sont pas crédibles. « Elles ne pourront pas exprimer de
volonté politique. La preuve, Gérald Tremblay et Louise Harel ont eu le
pouvoir. Madame Harel encore plus que le maire actuel, lorsqu’elle était
ministre des Affaires municipales et de la Métropole. Les problèmes n’ont pas
évolué, rien de sérieux n’a été entrepris. Le seul qui a eu du pouvoir, c’est
moi, avec Projet Montréal. Ainsi, grâce à mon influence, j’ai contribué à faire
adopter le cadre d’aménagement
métropolitain 2001-2027 ».
Ce pouvoir, Richard Bergeron, à défaut
d’être élu maire de Montréal, va le garder. Mais pourquoi ne veut-il pas
vraiment le pouvoir? Pourquoi ne se donne-t-il pas les moyens d’y parvenir, d’y
participer? Parce qu’il a été rejeté.
Par Louise Harel. Peut-être pas seulement… Richard Bergeron est un preux
chevalier, un idéaliste qui plaide pour une véritable éthique à Montréal, pour
un Comité exécutif qui ne soit plus un club privé au membership très étroit. Il
ne croit pas que le problème de structure évoqué soit la solution. Il souhaite
au contraire un pouvoir moins concentré, plus transparent. Et que le futur
maire fasse le ménage dans les pratiques de la Ville. « Jean Drapeau n’a
pu être un grand maire que parce qu’il l’avait fait avant de lancer ses grands
projets! »
Dommage que ce visionnaire n’ait pas tout mis en œuvre pour
avoir une chance d’arriver aux affaires. Mais peut-être n’est ce pas là son
véritable chemin?