Née de parents francophones, je suis tombée
dans la marmite anglophone dès l’enfance, alors que mes parents ont choisi
d’installer leur marmaille dans le West Island de Montréal, alors largement
anglophone (ratio approximatif de cette époque pré-1976 : 95 % anglo, contre 5 % franco).
« Ainsi, ont-ils pensé, nos enfants parleront aisément nos
deux langues officielles ».
Pari gagné. Je suis parfaitement bilingue,
de même que mes frères et sœur. Mieux (some would say « Worse ») :
je suis « franglophone ». Je rêve, réfléchis et parle le français et
l’anglais tout aussi couramment. Je métisse même les deux langues en plantant
des « if » en terre française et en filant des « si » à
l’anglaise.
Mais je ne suis pas seule dans ce Frenglish
ghetto. Montréal, reconnue comme la 2
monde, est essentiellement peuplée de franglophones. Ainsi, si l’on pressent un
accent anglais chez un interlocuteur qui s’aventure en français, on lui
répondra en anglais. De même pour
l’inverse, tout naturellement.
Ceux qui apprécient ce phénomène pour son
originalité culturelle trouvent probablement normal qu’une langue se transforme
selon diverses influences. Après tout, la langue vit et évolue. De l’autre côté
de l’arène, puristes et linguistes « are going bonkers ».
Certains lecteurs m’en veulent parfois, en
commentant haut et
une forme trafiquée au profit du style. « Comment oser maltraiter le
français de la sorte? », pensent-ils.
Oser? « With great pleasure! »
AVIS aux puristes : bien que votre passion
de la langue (que je partage) soit louable, son évolution et les
transformations qu’elle engendre sont inévitables. Ainsi, le français se mutera
en « franglais » dans une
ville bilingue, deviendra jargon pour adhérer à la culture locale ou se
synthétisera dans les textos d’ados. Ainsi vit la langue!
Une étude de l’Université
Laval relève 45 États souverains officiellement bilingues :
http://www.tlfq.ulaval.ca/axl/langues/3cohabitation_Etats-souve_tablo3.htm