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MontrÉal À shanghaÏ 2010

Alors qu’aux Olympiques, on tentait par tous
les moyens d’atténuer la pollution atmosphérique qui aurait pu ruiner le succès
des Jeux, à Shanghaï, en mai prochain, dans la capitale économique du pays, ce dont
on veut discuter, c’est d’une qualité de vie urbaine à conserver, à améliorer.  Shanghaï, avec ses dix-neuf millions
d’habitants,  a donc choisi pour thème
« Meilleure ville, meilleure vie », pour l’exposition universelle la
plus coûteuse de l’histoire, où sont attendus 70 millions de visiteurs, dont 65
millions de Chinois et cinq millions de touristes étrangers.

Déjà, lors d’un séjour à Shanghaï en mai,
nous avons pu constater l’ampleur des travaux, le nombre de grues sur les cinq
kilomètres carrés où seront érigés les pavillons des quelque deux cent pays et
organismes qui ont déjà confirmé leur participation, sans compter les nouvelles
lignes de métro, les centaines de nouveaux hôtels à être aménagés.  Le Canada aura son Pavillon animé par le
Cirque du Soleil, pavillon qui aura un thème aligné sur celui de l’Expo
Universelle, soit « La
Ville
en Vie, Inclusive, Durable et Créatrice ».  Montréal ne sera pas en reste, car elle fait
partie de la cinquantaine de villes qui ont décidé de participer à l’Expo de Shanghaï,
une décision qui n’étonne pas,  après les
nombreux contacts avec la Chine
déjà effectués par l’ancien maire de Montréal, Pierre Bourque, dans les
dossiers justement reliés à l’écologie. 
À Shanghaï, Montréal illustrera, entre autres choses, la bonne pratique
urbaine qu’a été la transformation de l’ancien dépotoir Saint-Michel en parc
urbain.

Alors que la crise économique ébranle
l’ensemble du monde développé et que la grippe H1N1 menace d’une pandémie, les
autorités chinoises demeurent confiantes de pouvoir faire de l’Expo 2010 de
Shanghaï un succès à la
Beijing
  l’an dernier.  Et cela, même si on admet que la période
post-olympique a vu le nombre de visiteurs baisser de 2 % l’an
dernier et  de 7 % pour les quatre premiers mois de cette année, la
turbulence économique ou la crainte de la pandémie pouvant expliquer cette
chute.  Si Shanghaï est si confiante
d’attirer autant de visiteurs, c’est pour des raisons environnementales, parce que
le monde vient de basculer en ville en 2009, l’année où justement plus de 50 % des habitants du globe ont décidé de migrer vers les grands
centres urbains.  Avec les conséquences
pour l’environnement que cela suppose. 
En Chine, depuis 1979, la proportion de citadins a triplé, passant de
20 à plus de 60 % en 2009. 
Avec la conséquence que certaines villes, telles Beijing, connaissent
les pires taux de pollution au monde, avec l’arrivée quotidienne de près de
cinq mille nouvelles voitures sur les routes où essaient de respirer quelque
vingt millions d’habitants.

Car, on a pu le constater lors de notre
visite aussi bien à Shanghaï qu’à Beijing, la nouvelle génération de Chinois
s’embourgeoise, s’aligne sur les valeurs capitalistes de l’Ouest.  Ainsi, comme depuis 1997 le gouvernement ne
fournit plus aux  travailleurs les
logements où les jeunes couples gardaient leurs parents, les jeunes Chinois
cherchent avant tout un bon salaire pour pouvoir se payer un appartement
décent et, surtout, instrument de liberté par excellence, une voiture, qui est
souvent devenu le cadeau de mariage de prédilection.  C’est ainsi qu’à notre grande surprise, on
peut maintenant voir à Beijing des milliers et des milliers de véhicules
pare-chocs à pare-chocs, alors qu’il y a une dizaine d’années, c’étaient une
scène toute différente de milliers de personnes à vélos qui accueillait les
visiteurs.

Exit, donc, de nombreux vieux quartiers
appelés « hutongs », qui sont tombés massivement sous le pic des
démolisseurs pour faire place aux installations olympiques et qui sont
remplacés également à Shanghaï par des tours d’habitations, des décisions
critiquées aussi bien localement qu’à l’étranger.  À Xi’an, l’ancienne capitale de la Chine pendant mille ans, où
on vient admirer les six mille soldats en terre cuite de la dynastie Qin, on ne
peut plus compter le nombre de grues qui s’affairent à la construction
d’immeubles à appartements au pourtour de la vieille ville protégée, du jamais
vu dans tous mes déplacements. 

Toutefois, à la veille de l’ouverture d’une
exposition internationale sur la qualité de vie urbaine sur son territoire, la Chine semble montrer une
certaine voie verte, une option devenue une quasi-obligation, puisque le pays a,
depuis 2007, la réputation peu enviable d’avoir dépassé les États-Unis en
devenant la plus importante émettrice de gaz à effet de serre du globe.  C’est ainsi que, aussi bien à Shanghaï qu’à
Suzhou, la Venise
chinoise, ce sont les motos et les scooters électriques qui ont droit de cité dans
les centre-villes.  Également, pour
tenter de réduire les émissions de monoxyde de carbone, Beijing fera passer de
huit à dix-neuf ses lignes de métro d’ici 2015 et Shanghaï en ajoutera deux.  D’autre part, l’industrie chinoise de
l’automobile pourrait être la première à offrir des véhicules hybrides et
électriques abordables.

Actuellement, donc, entre le succès des
Olympiques et la tenue de l’Expo Universelle de Shanghaï, les autorités
chinoises sont en mode de séduction pour convaincre le monde de venir à
Shanghaï  l’an prochain et en profiter
pour visiter une Beijing que les autorités qualifient de rajeunie par les Jeux
de l’an dernier, bourrée d’activités culturelles, d’une nouvelle vie nocturne, comportant
des aménagements aéroportuaires modernes, sans oublier les installations
olympiques dignes d’une visite, la célèbre Muraille, la Cité Interdite, Place
Tianamen.  Puis, au centre du pays, à
Xi’an, ce site reconnu par l’UNESCO, où l’on peut admirer l’une des plus
importantes découvertes archéologiques des temps modernes, l’armée de terre
cuite de la dynastie des Qin, une visite incontournable où affluent déjà des milliers
de visiteurs chaque année. Les autorités
chinoises sont donc confiantes de recevoir les cinq millions de visiteurs
attendus à l’Expo Universelle de Shanghaï en mai prochain, une confiance que ne
saurait ébranler ou menacer que ce risque de pandémie qui plane non seulement
sur la santé des humains, mais surtout sur celle de l’économie planétaire.

Les frais de ce voyage ont été payés par
l’Office du tourisme de Chine et Wonder Holidays.