Lacroix devait retrouver sa pleine liberté –
Le procès le plus retentissant de la rentrée judiciaire est ainsi amputé de son principal accusé. Mais les cinq autres présumés complices de Lacroix (Serge Beugré, Félicien Souka, Jean Cholette, Rémi Deschambault et Jean Renaud) restent déterminés à subir leur procès. Leurs avocats sont d’ailleurs heureux que le principal architecte de la fraude chez Norbourg ne fasse plus partie du procès. La sélection du jury s’est poursuivie toute la journée hier. Au moment de mettre sous presse, neuf jurés avaient été choisis.
Et la peine?
De son côté, Vincent Lacroix reviendra en cour vendredi, pour les audiences de détermination de la peine. Son avocate suggérera une peine de 10 à 12 ans de pénitencier, suggestion assortie d’une petite particularité, soit la soustraction de la peine pénale de cinq ans dans le calcul. Or, Vincent Lacroix n’a purgé que 17 mois de cette peine avant de reprendre sa liberté conditionnelle, le 29 juin dernier.
À l’issue du procès pénal intenté par l’Autorité des marchés financiers (AMF), Vincent Lacroix a reçu une peine de 12 ans de pénitencier, en janvier 2008. La Cour supérieure a ramené la peine à huit ans en juillet 2008, puis la Cour d’appel a tranché pour cinq ans de détention en août dernier, alors que Lacroix avait déjà déménagé ses pénates dans une maison de transition.
Déjà à l’époque, les victimes de Lacroix étaient montées aux barricades pour dénoncer le traitement du dossier par les Services correctionnels du Canada (SCC). Comme il avait fait preuve d’une conduite exemplaire au pénitencier, qu’il en était à sa première infraction et qu’il n’avait pas d’antécédents, Lacroix était admissible, comme tout autre détenu fédéral, à une remise en liberté expéditive.
Des victimes interrogées hier par La Presse canadienne reprochent maintenant à l’ancien dirigeant de Norbourg de chercher à protéger d’abord et avant tout ses propres intérêts. « Il espère que sa peine ne sera pas trop longue, tous les investisseurs sont convaincus qu’il y a beaucoup d’argent de caché quelque part », a déclaré Pierre Gravel, qui a perdu 100 000 $ aux mains de Lacroix.
« Je suis très, très déçu qu’il plaide coupable. C’est clair qu’il y a eu une entente entre les avocats en fin de semaine », a renchéri Jean-Guy Houle, dont les deux petites-filles ont perdu un héritage de 200 000 $ par la faute de Lacroix. « C’est évident que Vincent Lacroix va y trouver son compte. Il va faire le sixième de sa peine et, dans sept ou huit ans, il va être au soleil avec l’argent des investisseurs. Il va profiter de nos biens jusqu’à notre mort ».
Tout comme Pierre Gravel, Jean-Guy Houle a l’intention de poursuivre ses démarches auprès des autorités, afin que les investisseurs bénéficient d’une meilleure protection légale. « On dit que c’est un crime sans violence, mais il y a eu des suicides, des gens qui vivent avec un stress constant. C’est un viol qu’il nous a fait, il nous a violés », a dit M. Houle.
À en juger par la réaction de la Couronne, la reconnaissance de culpabilité de Lacroix n’a pas fait l’objet d’une entente préalable. Le procureur, Serge Brodeur, a simplement pris acte de la décision du fraudeur. « Aucune suggestion commune ne sera faite quant à l’imposition de la sentence qui sera entendue », a dit Me Brodeur. Celui-ci exigera une peine de 14 ans.
Quant aux investisseurs floués, ils se trompent en croyant que Lacroix est assis sur un petit trésor caché, assure Marie-Hélène Giroux. « Mon client a toujours collaboré avec les autorités, que ce soit avec la GRC et même les syndics de faillite pour retrouver les sommes d’argent. […] Il n’y a pas de magot non trouvé », a-t-elle précisé.
Source: PC