un prurit. Ça c’est une hypothèse, comme ce pourrait être une attaque massive
d’acariens. Vous savez, ces bestioles heureusement microscopiques adorent votre
épiderme. Et si moindrement votre matelas a de l’âge, quel festin!
Bon bref, il
faut tout de même obtenir une réponse. Commence la chasse aux dermatos. On m’en
avait recommandé un excellent sur le boulevard Saint-Joseph. J’appelle, la
secrétaire aussi chaleureuse qu’un glaçon de l’Arctique, qui me répond qu’on ne
prend plus d’autres patients et que ceux existants ont des
rendez-vous… jusqu’à l’an prochain. Tu as le temps de transformer ta chair en
bouillie. J’appelle ailleurs. Non mais c’est incroyable! Dans une clinique, le
message d’accueil vous prévient qu’il y a douze options qui correspondent aux
douze médecins de l’endroit. Seigneur, on a du temps à perdre!
Dans la plupart
des cabinets de dermatos, un mardi après-midi, il n’y a pas un chat. Ce sont des
messages téléphoniques qui vous détaillent par le menu les différentes plages
horaires où vous pourrez rejoindre la réceptionniste. C’est étonnant! D’une
part, vous avez des dermatos débordés par le trop grand nombre de patients et de
l’autre, on compte sur le bout de ses doigts les heures de cabinet.
Seraient-ils finalement paresseux? Cherchez l’erreur. Je me suis dit, allons
vers les dermatos attachés aux cliniques externes des hôpitaux. D’abord, il
vous faut attendre un temps interminable au téléphone avec vos cartes
d’hôpital et d’assurance-maladie en main. Puis, au final, c’est la même
chose, des délais à n’en plus finir.
En fin de compte, je me suis dit que, comme
la médecine privée est très tendance, allons voir de ce côté-là. J’accroche une
polyclinique. D’entrée de jeu, la réceptionniste me dit que le médecin
n’accepte pas la carte d’assurance-maladie. On s’en doutait bien. Et le coût de
la consultation, chère madame? 120 $, répond-elle, et 60 $ pour chaque visite de
suivi. Ouais! Et quand peut-on avoir rendez-vous? Demain, j’imagine? Avec de
tels honoraires… Malheureusement pas avant janvier prochain, me fait-on savoir.
Je rappelle qu’au moment d’écrire ces lignes, nous sommes rendus au mois
d’octobre. J’en appelle à la communauté québécoise de tous ceux qui se
grattent, pour qu’on inscrive une cause pour non assistance de personnes en
danger.
Eh oui! Pensez-y. Une peau infectée peut se transformer en cancer. Je suis
en danger de mort potentiel. Ça m’inquiète, donc je me gratte davantage. Sans
compter mon équilibre psychique qui commence à en prendre pour son rhume. Et
côté libido, quel désastre. Personne ne veut plus me donner un petit bec dans
le secteur. Je comprends donc, j’ai la fesse d’un lépreux. À moins de tomber sur
un ou une partenaire déviant(e). J’ai même collé ma fesse sur une Web cam,
pensant attirer des gens dans la même condition que moi, question d’être
sexuellement solidaires dans l’épreuve. Bien non, ils sont trop gênés. Les
dommages collatéraux, vous le voyez, sont énormes. À moins de touver un dermato à
moins cinq. Ou, comme on dit communément, par la peau des fesses.