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Les professeurs jugÉs ennuyeux

 Un
sondage informel à la sortie des cours d’école et vous obtiendrez la même
réponse : l’école est mortellement ennuyante. Les professeurs sont
ennuyeux, les matières sont administrées de force et jugées souvent inutiles.
Les bâtiments servant d’école ont des architectures qui évoquent davantage des
pénitenciers que des lieux d’ouverture au monde. Et ni le personnel enseignant,
ni les administrations scolaires ne sont plus en mesure de justifier un système
qui ne tient plus la route. La réponse est là. La clientèle scolaire fuit le
produit qu’on leur propose.

LE LIEN EFFORT À L`ÉCOLE ET FUTUR PROMETTEUR  EST ROMPU

Deux
voix se sont exprimées ces derniers jours, appuyant ce qui précède. Le
chroniqueur Stéphane Laporte a souligné que les professeurs se doivent d’être
des animateurs qui devraient suivre des cours de comédie. Vous avez chaque jour
un auditoire à conquérir, comme dans une salle de spectacle. C’est terriblement
exigeant. Mais que ceux qui n’ont pas la fibre comédienne sont invités à aller
se faire voir ailleurs. Et le metteur en scène Serge Denoncourt a de son côté
rappelé la nullité du discours qui veuille que de bonnes études mènent en
droite ligne à une brillante carrière. À voir de quelle façon les entreprises
traitent les diplômés en leur promettant des salaires ridicules au départ, de
la précarité comme perspective d’avenir et de la pression de performance en
prime, pas étonnant que l’équation école et prospérité ne tienne plus la route.
En France, l’entreprise France Télécom a vu 23 suicidés parmi son personnel, en
dix-huit mois seulement. Ici, le nombre de cas d’épuisement professionnel est
effarant. À commencer par les professeurs.

DES COURS DÉCONNRCTÉS DES GOÛTS PERSONNELS

Les
cours dispensés dans les classes sont à mille lieux de ce que désirent
apprendre les jeunes pour mieux se préparer à faire face aux obligations de la
vie courante. Par exemple, pourquoi pas un cours sur les produits financiers au
secondaire, pour qu’un élève sache ce qu’est une hypothèque, un autre
d’initiation au droit pour connaitre l’importance d’un testament, plutôt qu’un
austère cours d’algèbre à faire fuir. On a dramatiquement hissé les cours de
mathématiques comme mesure-étalon du génie humain. Ce qu’a dénoncé l’essayiste
suisse Jean Ziegler, dans un livre condamnant la dictature des mathématiques.
On est encore à débattre de la pertinence de cours sur la sexualité, de peur
d’inculquer le goût de la baise chez les jeunes! Entre parenthèses, le milieu
scolaire, c’est connu, est le plus homophobe qui soit, avec 40 % des causes de
suicide chez les jeunes, en lien avec l’orientation sexuelle.

DES BÂTIMENTS À FAIRE PEUR

Prenez
les polyvalentes, une sorte de bunkers bétonnés. Au plan architectural, elles
n’ont rien à envier au Centre de détention de Ste-Anne-des-Plaines. Seuls de
hauts grillages qui ceinturent ce dernier marquent la différence. Les classes
sont dépourvues de larges fenestrations. La plupart ont des soupiraux vers le
haut, qui s’ouvrent à l’aide d’un long bâton muni d’un crochet à l’extrémité.
Juste de quoi aérer. Pour le reste, ce sont des corridors que longent des
casiers. Les écoles devraient être au contraire des milieux de vie, avec des
agoras au lieu de classes, de grands murs vitrés partout pour laisser entrer le
soleil, des ordinateurs pour chaque poste d’étudiant, afin que chacun dispose
de l’outil de la modernité. Nous en sommes encore à des aménagements issus du
XIXe siècle!

ABOLIR LES CLASSES MIXTES, IMPOSER L`UNIFORME ET LE VOUVOIEMENT

Enfin, il y a aussi des voix qui s’élèvent, tant chez les
élèves que les professeurs, qui appellent de tous leurs vœux d’autres
changements. Au niveau secondaire, période de bouillonnement hormonal par
excellence, il faudrait bannir les classes mixtes. Trop de garçons font la
bravade pour épater les filles et ces dernières, accros hélas aux garçons, se
vêtent souvent comme ne le font même pas des professionnelles du sexe.
L’uniforme s’impose de ce fait, qui éradiquerait les différenciations sociales.
De rappeler aussi que la familiarité engendre le mépris et que le professeur
n’est pas un ami. Il y va d’une distance respectueuse qui ne peut trouver son
compte que dans le vouvoiement. Les parents ont failli à leurs tâches
d’éducateurs. C’est une triste réalité. À défaut de se substituer aux parents
qui « disent » aimer leurs enfants et puisque les professeurs ont
l’obligation de maintenir l’intérêt en classe, ils n’ont pas d’autres choix que
de se transformer en de véritables animateurs passionnés. L’avenir de la
jeunesse est à ce prix. Rappelons en terminant avec ironie que Céline Dion a
déjà été la marraine d’une campagne contre le décrochage scolaire, elle qui n’a
même pas complété son secondaire. Ce qui ne l’empêchera pas de se voir
attribuer un doctorat honoris causa de l’Université Laval!