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Trois jours de fÊte au coeur de la mode

C’est la fête de la mode, la fête de la beauté que l’on trouve dans les vêtements et… la fête tout court. L’atmosphère est électrique. La musique à fond la caisse vous fait vibrer le ventre. Les vedettes se font photographier par les professionnels et tous les paparazzis en herbe, téléphone à la main ou appareil numérique au bout du bras. Les défilés s’enchainent. Ceux de quatre designers québécois et celui d’un collectif de dix jeunes Français pour la soirée d’hier seulement. Les gens se pressent pour entrer.

Quand l’ancien joueur du Canadien Alexander Kovalev est apparu en toute fin de soirée dans une longue veste à rayures d’Yves Jean Lacasse, il clôturait le premier soir de trois jours de folie pour la mode.

Le défilé d’Envers, la marque de M. Lacasse, se terminait par l’apparition d’un mannequin arborant une perruque blanche et présentant une robe de mariée. Tous les mannequins d’Envers portaient des perruques faites de morceaux de tissus, « des chutes de mes tissus depuis quinze ans », explique le designer. Les profits de son défilé iront à la Fondation Kovalev, qui aide les enfants atteints de maladies cardiaques. Envers avait cédé la passerelle, en première partie de son défilé, à la designer russe Tatyana Parfionova : on voyait cette formidable créatrice de mode pour la première fois à Montréal, et en avant-première de la Semaine de mode de Moscou, qui se déroule la semaine prochaine.

Dans le milieu de la mode, on parle actuellement d’un petit buzz autour de la Semaine de mode. « La Semaine n’était pas commencée que j’avais déjà donné trois interviews, dont une pour un portrait que fera Fashion TV sur Muse », raconte Christian Chenail, le créateur de la maison de mode québécoise Muse.

Le lancement de la Semaine s’est fait en… bleu, lors d’un cocktail offert par le designer québécois Andy Thê-Anh. « J’ai découvert le livre de Michel Pastoureau (Bleu:  histoire d’une couleur, Le Seuil) et j’ai été fasciné par l’évolution de cette couleur, considérée comme barbare par les Grecs et devenue la couleur préférée des Européens », explique-t-il. C’est donc dans une atmosphère bleutée que les tenues se sont succédées, la préférée du designer étant la robe Fabergé, dont le corsage serré et la jupe ajustée évoquent le fameux oeuf, dans un bleu… merveilleux!

LA MODE POUR MONTRÉAL

Depuis que Chantal Durivage et Jean-François Daviau, de Sensation mode, ont repris le flambeau il y a trois ans, la Semaine de mode de Montréal n’a cessé de prendre du galon. Dorénavant, avec un budget de 1 M$, les organisateurs se permettent de donner une plus grande envergure à l’événement. « On a de grandes ambitions », dit Chantal Durivage, qui explique que si la Semaine de mode de Montréal veut attirer le public, elle est aussi là pour les acheteurs et les médias internationaux. Cette année, 250 acheteurs ont répondu à l’invitation. « On veut vraiment augmenter la visibilité des designers, mais on veut que ça résonne dans le tiroir-caisse ».

Avoir des acheteurs à la Semaine de mode, ça signifie que le public pourra trouver des designers québécois dans les boutiques. « On agit donc sur deux tableaux : le prestige qu’offrent les défilés, avec les retombées médiatiques qui en découlent, et les retombées économiques par le réseautage et les ententes contractuelles », mentionne la coprésidente de Sensation mode.

Mais le grand défi, cette saison, est que Montréal puisse se distinguer de toutes les autres modes. Depuis la création du Bureau de la mode, au mois de mars, les efforts de Sensation mode se sont tournés vers la recherche identitaire. Comment faire se démarquer les créateurs de mode montréalais, comment les rendre uniques et essentiellement… montréalais?

Christian Chenail, qui présentait hier soir une collection « post-récession » teintée d’optimisme par les robes, les vestons blancs texturés, les rouges, les turquoises et les pois… pense que c’est le confort – une caractéristique américaine – alliée à notre sens esthétique plus européen qui nous distingue. « Mais il y a une [qualité qui a] préséance, et c’est toujours : est-ce que ça va être beau sur une femme? »

Dinh Bà, qui n’a pas manqué une Semaine de mode, estime avoir créé une tendance qui lui est propre en écoutant les besoins de ses clientes. Pour sa collection printemps-été 2010, inspirée par la ville de Tokyo, le créateur de 32 ans mêle des influences asiatiques – il est d’origine vietnamienne – aux influences européenne et américaine. « La coupe est américaine », dit-il. La touche japonaise dans sa collection s’exprime par les rouges cerise, les larges ceintures et les manches surdimensionnées évoquant les geishas.

Source : Le Devoir