vais vous raconter une anecdote pour vous résumer notre relation, à
Céline et moi, m’explique Gérard Schachmes. C’était pendant les
répétitions à Las Vegas, j’étais arrivé depuis quatre jours et Céline
était sur scène pour essayer des costumes. Soudain, un de ses pantalons
craque et paf, la voilà en string! Tout de suite, je pose mon appareil.
Plus tard, dans la loge, je la rassure : « Fais-moi confiance, je n’ai
pas pris de photo du string! » Céline m’a répondu, avec un large sourire :
« Je le sais, Gérard. Si je n’avais pas confiance en toi, tu ne serais
pas là! » »
Schachmes a été là. Pendant les 14 mois de répétition
et les 12 mois de la tournée : 25 pays au programme! En feuilletant le
lourd recueil grand comme une pochette de 33 tours publié par le Groupe
Librex (propriété de Quebecor Media), on réalise que le photographe
était manifestement animé de la volonté de faire un album de photos qui
rappellerait des souvenirs d’abord à Céline Dion (certains clichés sont
pris à partir de la scène, comme si nous étions un des musiciens ou
techniciens), puis à son fils René-Charles, qui a suivi le couple
Dion-Angélil pendant toute l’année, avec grand-maman Thérèse pas loin.
Oui, il y a beaucoup de photos de spectacles, classées par escale dans
le monde. Mais il y a au moins autant de photos prises dans l’avion
privé (devenu une véritable maison volante), pendant les visites de
lieux célèbres (que ce soit un zoo d’Afrique du Sud ou le camp de
concentration de Sachsenhausen, près de Berlin), avec les membres de la
famille, dans les coulisses, etc. Donc des photos de Céline avec ou
sans maquillage. Resplendissante ou fatiguée. Heureuse ou souffrante.
Une photo de Schachmes vaut généralement plus de mille mots, justement
parce qu’il a eu accès à l’entourage immédiat de la chanteuse.
L’ouvrage de 2,5 kg sur beau papier glacé (il vaut bel et bien ses
49,95 $) compte 485 photos couleur réunies sur 368 pages, et peu
d’entre elles sont accompagnées d’une légende : elles n’en ont pas
besoin.
On y trouve tout au plus quelques commentaires de Céline, recueillis
par Mia Dumont : cette dernière, qui fut d’abord relationniste de la
chanteuse, est devenue, au fil des ans, celle qui lui écrit ses discours
et, pour reprendre les mots de Mme Dumont elle-même, sa « consultante du
superflu ».
C’est elle qui, dans les années 70, a mis Céline en contact avec le
parolier Eddy Marnay (avec qui Mme Dumont a vécu une grande histoire
d’amour). C’est également elle qui lui a présenté Gérard Schachmes.
« En 1995, René et Céline voulaient faire des photos pour des cartes de
Noël, a-t-elle expliqué, et j’ai donc regardé du côté des photographes
de célébrités ».
Or, M. Schachmes a « croqué » aussi bien Brigitte Bardot que Romy
Schneider, Gérard Depardieu, Michael Jackson et compagnie depuis 1974.
« J’avais vu des photos qu’il avait faites à Monaco, et de tous les
photographes, c’était celui qui avait réussi les plus belles, très
naturelles, malgré des conditions difficiles. Je lui ai donc demandé
s’il accepterait de faire des photos de Céline; nous avons fait décorer
une chambre d’hôtel avec des accessoires de Noël, et Gérard s’est
libéré une nuit pour faire une séance photo, alors que Céline était de
retour d’un spectacle à Berlin! »
Depuis 1995, le photographe a régulièrement travaillé avec René Angélil
et Céline Dion, que ce soit lors du renouvellement de leurs voeux de
mariage, au baptême de leur enfant, à Las Vegas, etc. D’où leur
proposition à Schachmes au moment de la mise en branle de la tournée Taking Chances.
« Comme je le dis souvent, commente le photographe avec humour, faire un
reportage sur un artiste, c’est assez facile. C’est faire le second, le
troisième, etc., qui est plus difficile ».
Et le plus ardu au cours de ce projet? « Franchement, les déplacements
en avion. Dubaï-Tokyo, c’est long. Mais Céline et moi avons un
tempérament joyeux, fondamentalement. Je me souviens, à Séoul, où elle
avait de graves problèmes de santé : son médecin était dans la loge, il
l’examinait et elle faisait tout de même des sourires, des farces… »
Et lui des photos.