Dans une décision qu’il a qualifiée d’« intérimaire », M. Sansfaçon avait donc décrété que les agents Stéphanie Pilote et Jean-Loup Lapointe se présenteraient à la barre avant les autres témoins directs du drame du 9 août 2008. Il avait fait valoir que les deux policiers n’avaient jamais été questionnés, contrairement à tous les autres témoins, n’ayant eu à produire que des rapports écrits. Il faudra maintenant voir si André Perreault maintiendra cette décision, sur laquelle son prédécesseur s’était lui-même gardé le droit de revenir.
FAUX DÉPART
Avant cela, l’enquête tant attendue avait déjà connu un spectaculaire faux départ. Les audiences publiques qui avaient débuté le 25 mai avaient été suspendues dès le lendemain par Robert Sansfaçon. Celui-ci invoquait des raisons d’équité procédurale. C’est que la famille Villanueva et les personnes blessées lors de l’incident, Denis Meas et Jeffrey Sagor Metellus, avaient renoncé à participer activement à l’enquête, à la suite du refus du ministre Dupuis de payer l’ensemble de leurs frais d’avocats. Ils réclamaient aussi une enquête plus large.
UN LONG DIALOGUE DE SOURDS
Puis, en juillet, après six mois de mésentente sur la question des frais d’avocats, on apprenait que celle-ci était finalement réglée. Le camp Villanueva obtenait même un tarif supérieur aux taux gouvernementaux pour ses avocats et acceptait à nouveau de collaborer.
L’enquête a pour but d’établir les causes et circonstances de la mort du jeune homme qui, à l’âge de 18 ans, a été abattu par le policier Lapointe dans un parc de Montréal-Nord. Denis Meas et Jeffrey Sagor Metellus avaient été blessés lors du drame et une émeute avait suivi le lendemain.
CRITIQUES ET CONTROVERSES
L’enquête initiale sur les événements, menée par la Sûreté du Québec, n’a semblé satisfaire que bien peu de gens. La famille Villanueva et MM. Meas et Metellus ont déposé des poursuites civiles totalisant 1,8 M$ contre la Ville de Montréal et ses policiers. Les agents Lapointe et Pilotte ont tenté, sans y réussir, d’obtenir une ordonnance empêchant les médias de les identifier. Des manifestations se sont tenues. Plusieurs personnalités et groupes sociaux ont réclamé en vain l’institution d’une commission d’enquête publique au mandat très large. Et, à travers tout cela, le ministre Jacques Dupuis a été la cible d’une multitude de critiques.
L’enquête est censée se poursuivre tous les jours cette semaine, puis sporadiquement au moins jusqu’en mars, en fonction des disponibilités de la quinzaine d’avocats impliqués et des salles du palais de justice. Une quarantaine de témoins devraient normalement donner leur version des faits.
Source : PC