« Je suis une femme comblée, heureuse et privilégiée et là, je m’en vais me paqueter! » s’est encore exclamée l’heureuse gagnante du trophée de la chanson pour Fais-moi la tendresse. Ses deux premiers Félix lui ont été remis par Louis-José Houde qui s’est rendu à la salle Pierre-Mercure, de l’autre côté de la rue, où elle donnait un spectacle. La chanteuse a pu rejoindre le Gala de l’ADISQ à temps pour recevoir son troisième Félix de la soirée. Mes Aïeux a aussi connu une brillante performance, avec un Félix pour l’album folk contemporain et un autre pour le groupe de l’année, remis pour la première fois par le public.
Yann Perreau, qui était en tête des nominations avec Les Cowboys Fringants, a réussi à déjouer Gaston Miron et Gilles Bélanger (Douze hommes rapaillés) et il a remporté le Félix de l’auteur compositeur-interprète, un de ceux qui lui tenaient le plus à coeur, avec celui de la chanson de l’année. « Je me sens bien! Après six, sept ans, mon projet s’ouvre, je suis plus groundé que jamais, ça a été bien reçu par la critique et les gens embarquent. Venez nous voir en show, c’est là que vous allez pogner votre plus grosse puff! » a dit l’artiste aux journalistes, qui ont applaudi dans les coulisses quand il a gagné.
C’est la jeune Béatrice Martin, alias Coeur de pirate, qui a remporté le Félix de la révélation de l’année. Visiblement dépassée par tout le succès qui lui tombe dessus au Québec et en France depuis la sortie de son premier album il y a un an, la jeune femme de 20 ans s’est dite très touchée par cet honneur. « Je me rappelle encore du jour où on m’a dit que je n’étais pas assez vieille pour écrire des chansons… » a-t-elle dit en recevant son premier Félix en carrière. Plus tôt, Coeur de pirate avait semblé plutôt mal à l’aise dans le numéro d’ouverture du gala, entourée des deux bêtes de scène que sont Béatrice Bonifassi (Beast) et Yann Perreau.
Sans surprise, Pierre Lapointe, dont les deux premiers albums avaient aussi été récompensés en 2005 et en 2007, est reparti avec le Félix de l’album pop-rock pour Sentiments humains. « Ce Félix fait extrêmement de bien. Ça a explosé vite pour moi, j’en ai eu beaucoup d’un coup et celui-là me fait particulièrement plaisir parce qu’il vient dire que ça continue… »
Nicola Ciccone a obtenu du public le trophée de l’interprète masculin pour une deuxième fois en carrière et Karkwa a été récompensé dans la catégorie Spectacle de l’année auteur ou compositeur.
L’AUTRE REINE
Mais l’autre reine de la soirée a probablement été Renée Martel. Le Félix qu’on lui a remis pour le spectacle de l’année interprète ne pouvait davantage l’émouvoir. « Ça fait 57 ans que je fais ce métier et c’est la première fois que je suis en nomination [pour le spectacle de l’année] », a souligné la chanteuse de 62 ans, la gorge nouée par l’émotion. Spontanément, les gens dans la salle ont accordé une ovation à Mme Martel, qui a remercié les diffuseurs d’avoir reporté ses spectacles plutôt que de les annuler. Deux fois dans la dernière année, en raison du suicide de son conjoint, la chanteuse a dû s’arrêter.
L’animateur de la soirée Louis-José Houde a été fidèle à lui-même, pas de « bitcheries », ou si peu… Il a quand même sifflé Jean Leloup pour son spectacle au Colisée! Sa suggestion de remplacer Éric Lapointe par Gilles Vigneault comme maitre des excès dans la colonie artistique a bien fait rire. « Y’est pas tuable! » a t-il-lancé, ajoutant qu’il rêvait de le voir sur la brosse. (On lui propose plutôt Ginette Reno, puisqu’elle s’en allait se « paqueter »!)
Du côté des interprétations de la soirée, on retiendra surtout celle de la demi-douzaine d’hommes rapaillés venus chanter Gaston Miron. Pour le reste, c’était simple et efficace : avec pratiquement une heure en moins, pour cause de compressions budgétaires, il fallait que ça roule.
Source : Cyberpresse