Les démêlés de Lafleur avec la justice, impliquant son fils Mark et ensuite lui-même, accaparent le reste du documentaire. Au cours d’une entrevue menée par Réjean Tremblay, le scénariste et
réalisateur Nicolas Houde-Sauvé met alors en relief le sentiment
d’injustice ressenti par Lafleur devant la cour, malgré les efforts
qu’il a mis à tenter de sauver son fils Mark, affecté par la maladie de
Tourette. «Je l’appelais à tous les jours, parfois deux ou trois fois dans la même journée», affirme Lafleur.
Le Démon blond souligne dans le documentaire que lors de son premier
témoignage, jamais ne lui a-t-on spécifiquement demandé si son fils
avait passé la nuit ailleurs qu’à sa résidence. Lorsqu’on lui a demandé
si son fils avait respecté les conditions de sa libération, explique
Lafleur, il avait répondu dans l’affirmative parce qu’à ses yeux il les
avait effectivement respectées, notamment en ne prenant pas de drogues. L’ancien numéro 10 du Canadien ajoute que si la maison de réinsertion
sociale qui suivait la famille Lafleur lui avait spécifiquement dit que
Mark Lafleur ne pouvait coucher ailleurs qu’à la résidence familiale,
il aurait obéi à ces instructions et n’aurait pas permis à son fils de
passer la nuit à l’hôtel.
Lorsque Tremblay lui souligne que le fait qu’il ait un casier
judiciaire n’a «tellement pas de bon sens», Lafleur répond «c’est
tellement ridicule» et s’interrompt, contenant visiblement sa
frustration avant de lâcher «en tout cas», les dents serrées. Lafleur a toutefois dit ne s’être jamais laissé décourager, même si
tout semblait s’écrouler autour de lui, notamment quand son épouse Lise
a perdu l’usage de la parole pendant huit mois. «J’ai complètement perdu le sens de la réalité», souligne Lise Lafleur dans une rare entrevue.
Lafleur a dit trouver source de réconfort dans l’appui du public et de
ses anciens partisans qui l’ont adoré pendant sa carrière avec le
Canadien – chez qui il trouvait d’ailleurs sa principale source de
motivation durant sa carrière de hockeyeur. «Je ne sais pas comment il a fait, souligne son épouse dans le
documentaire. Il devait rester fort pour Mark, pour moi, pour Martin
(Lafleur), pour tout le monde dans notre entourage, pour tout le monde
autour de lui. Je ne m’explique encore pas comment il a pu trouver la
force pour faire ça.»
Au sujet de la décision du premier ministre Jean Charest de ne pas lui
retirer l’Ordre du Québec malgré son casier judiciaire, Lafleur dit
dans le documentaire qu’il était «vraiment content et fier» d’avoir
reçu un tel appui. Jean Charest, qui a d’ailleurs assisté au visionnement public du
documentaire aux côtés du Démon blond, a indiqué lundi qu’il n’avait
jamais été question de lui retirer l’Ordre du Québec.
«Sur le moment j’ai réagi très spontanément, d’abord comme père de
famille, a déclaré le premier ministre à son arrivée au lancement. Le
deuxième réflexe que j’avais eu, c’est qu’on retrouve chez cet homme
qui a donné à tous les jours de sa vie, qui est une vedette de hockey,
des choses qu’on ne pourra jamais enlever ou soustraire de ce qu’il
nous a donnés, à nous.»
SA RETRAITE FORCÉES
Dans le documentaire, Lafleur revient sur un autre événement qu’il dit
avoir ressenti comme une grande injustice: sa retraite du Canadien, en
novembre 1984, qui a été précipitée par le traitement que lui avait
réservé Jacques Lemaire, son ancien coéquipier devenu entraîneur du
Tricolore. «La rumeur que j’entendais, c’est que (Lemaire) voulait se débarrasser
des joueurs avec qui il avait joué. Lise m’a dit que mon tour s’en
venait», raconte-t-il dans le documentaire.
Lafleur, dont le temps de jeu avait beaucoup diminué depuis l’arrivée
en poste de Lemaire, a commenté la fameuse discussion qu’il avait eue
avec l’actuel pilote des Devils du New Jersey, quelques heures avant
son dernier match avec le Canadien. «Après qu’il m’eut dit qu’il voulait me faire jouer sur le jeu de
puissance, me donner une chance de me faire valoir, j’étais prêt à
repartir à neuf, raconte le Démon blond. Durant le match, j’ai joué…
six minutes. Après, dans le vestiaire, j’ai dit à Larry Robinson que
c’était terminé. «J’étais très malheureux, au point où je ne dormais pas la nuit.»
UNE THÉRAPIE
En distribution limitée pour l’instant, le coffret DVD se retrouvera dans tous les magasins à partir du 10 novembre. «Ce DVD était une occasion d’éclaircir certaines choses, de donner
notre point de vue», a indiqué Lafleur, lundi, avant le visionnement du
documentaire. Mais ç’a aussi été une thérapie.» Le coffret contient aussi une heure de suppléments, dont la lettre «Mes sentiments» que Lafleur souhaitait lire à son procès.
Source: PC