Il faut que ces processus soient impeccables », a
mentionné le maire Tremblay, lundi après-midi, lors du premier point de
presse de son nouveau mandat. Le maire a rencontré la direction
générale de la Ville et la direction des Finances et leur a demandé de
réduire les investissements et de les limiter « à l’essentiel et aux
engagements pris, jusqu’à ce que nous ayons fait la lumière sur les
rumeurs de collusion et de corruption qui existent dans le milieu de la
construction ».
Le maire Tremblay a rapidement compris le message que les électeurs
montréalais lui ont envoyé en le réélisant avec 37 % des voix,
comparativement à 54 % en 2005. Il faut dire aussi que le ministre des
Affaires municipales, Laurent Lessard, avait averti, lundi matin, que
le gouvernement Charest exigera de la part des villes qu’elles fassent
des « gestes additionnels », afin que la population retrouve confiance en
leurs administrations municipales en ce qui a trait à l’attribution de
contrats.
« Entretemps, avec les arrondissements, la direction générale travaille
très fort pour resserrer le processus d’approvisionnement qui nécessite
l’expertise du privé, revoir le rôle du privé dans la préparation des
devis et des appels d’offres, renforcer la reddition de comptes et
surtout mettre en place un contrôleur qui s’assurera que les contrats
sont donnés au juste prix et surtout que l’on a un nombre de
soumissionnaires qui permet d’avoir le meilleur prix », a précisé le maire.
Gérald Tremblay n’a toutefois pas détaillé ses intentions, notamment
comment il entend faire le ménage.
La Ville de Montréal a un trou financier de 205 millions au 30
septembre. Pour y remédier, elle doit soit adopter une hausse des
impôts fonciers généraux, soit se serrer davantage la ceinture, soit
adopter une combinaison des deux. Selon un scénario dévoilé par La Presse
vendredi, l’administration envisage notamment d’augmenter l’impôt
foncier du secteur résidentiel de 6 % en 2010. Mais en réduisant ses
investissements et ses dépenses, elle peut à la fois compenser la
baisse de ses revenus et en profiter pour réviser ses façons
d’attribuer des contrats.
Aussi, le maire a mentionné à la directrice générale Rachel Laperrière et à
la direction principale des Finances qu’il « suspend la taxe pour le
fonds de l’eau et le fonds de la voirie ». La taxe de l’eau représente
pour Montréal quelque 109,9 millions en 2009. Pour le contribuable,
c’est 0,0513 $ par 100 $ d’évaluation. Quant au fonds de la voirie, il
représente des revenus de 16,5 millions en 2009, ou 0,0059 $ par 100 $
d’évaluation. Pour le propriétaire d’une maison de 260 000 $, la taxe
de l’eau et la taxe de la voirie représentent un impôt de 148,72 $
cette année.
Mais en fait, le maire ne suspend pas la taxe de l’eau; il en gèle
plutôt l’augmentation qui était prévue en 2010. Le taux d’imposition
devait passer à 0,0613 $. C’est cette augmentation que le maire
suspend, ce qui prive la Ville d’environ 20 millions et fait économiser
26 $ au même propriétaire de maison. Pour la taxe sur la voirie, elle
est par contre totalement suspendue, ce qui coûtera 16,5 millions à la
Ville et permettra à ce propriétaire d’économiser 15,34 $.
Pourquoi le maire a-t-il pris cette initiative qui le prive d’environ
36,5 millions? Pourquoi n’a-t-il pas poursuivi le programme fiscal
prévu et placé la somme dans un fonds en attendant que les travaux
d’infrastructures fassent de nouveau l’objet de contrats? Il n’a pas
été possible de lui poser la question, lundi, chaque journaliste ayant
été cantonné à ne lui poser qu’une seule question. Et l’accès à la
direction des Finances de la Ville ne nous a pas été permis.
Par ailleurs, Gérald Tremblay a rejeté d’un revers de main la
possibilité d’accueillir des élus de l’opposition dans son prochain
comité exécutif, en signe d’ouverture. « J’ai une très bonne équipe et
la majorité de mon équipe a été réélue », a déclaré le maire. Toutefois,
celle qui devait devenir sa présidente du comité exécutif,
l’ex-péquiste Diane Lemieux, n’a pas été élue. Elle est arrivée en
deuxième position dans le district électoral d’Ahuntsic, avec 33 % des
voix, soit 120 voix de moins qu’Émilie Thuillier, l’attachée politique
de Richard Bergeron.
Source : PC