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Construction : une dizaine d’arrestations

La Sûreté du Québec (SQ) a ainsi procédé mardi à l’arrestation de huit hommes et deux femmes, dans la grande région de Montréal, dans le cadre de l’opération Diligence. Quatre hommes de plus sont aussi recherchés en vertu de mandats. Et six autres personnes, dont une femme, avaient déjà été appréhendés. Il semble que les suspects formaient un réseau dirigé par Normand Marvin Ouimet, l’influent dirigeant de la section de Trois-Rivières des Hells Angels. L’homme âgé de 40 ans est toujours en cavale.

Les trois autres individus qui ont jusqu’ici échappé aux autorités sont François Boivin, 50 ans, de Longueuil, Daniel Lafond, 40 ans, de Repentigny, et Louis-Pierre Lafortune, 40 ans, de Lachenaie. L’inspecteur Michel Forget, directeur adjoint du renseignement des enquêtes criminelles et l’inspecteur Denis Morin, chef du Service des enquêtes sur la criminalité financière organisée ont fait le point, mardi, lors d’une conférence de presse.

Parmi les 20 personnes visées par des mandats figurent des entrepreneurs, des comptables, un agent immobilier et un délégué de la FTQ. Plusieurs des prévenus auraient agi comme facilitateurs, ont précisé les deux inspecteurs. Les individus arrêtés devront répondre à un total de 143 chefs d’accusation, incluant extorsion, menace, intimidation, participation à une organisation criminelle, recel, recyclage des produits de la criminalité et complot.

Surnommé « Casper », Normand Ouimet est recherché dans la continuité de l’opération SharQc, qui avait permis d’arrêter près de 130 membres et sympathisants des Hells en avril dernier. On le recherchait déjà pour meurtre prémédité, complot et gangstérisme. Il a lui-même exploité plusieurs compagnies du secteur de la construction. « Nous présumons que son but était de prendre le contrôle de la totalité de l’industrie de la maçonnerie au Québec, a indiqué Michel Forget. Nous avons pu contrecarrer ses plans ».

« Ce que l’enquête a permis de faire, c’est de tuer dans l’oeuf, ni plus ni moins, la prise de contrôle de ce segment-là, d’agir rapidement afin de protéger les entrepreneurs légitimes », a déclaré l’inspecteur Forget. Ouimet tenterait toujours d’exercer un certain contrôle dans le milieu, a estimé Denis Morin, bien que son statut de fugitif limite grandement sa liberté de mouvement.  « Il peut difficilement circuler », a-t-il noté.

UN RÉSEAU ACTIF SUR TROIS FRONTS

L’opération de mardi constituait la dernière phase d’une enquête visant à mettre un terme aux activités du réseau, qui auraient tenté de prendre le contrôle d’entreprises de maçonnerie en difficulté financière pour y injecter de l’argent provenant du trafic de stupéfiants. D’importants projets immobiliers auraient aussi servi à blanchir l’argent et de grosses sommes auraient abouti dans des paradis fiscaux.

En fait, il s’agit de la plus importante enquête sur le blanchiment d’argent jamais effectuée par la SQ. Elle aura permis le blocage de 9 à 10 M$ de biens appartenant à Ouimet, qui figure sur la liste des 10 criminels les plus recherchés au Québec. Des projets immobiliers, deux résidences et plusieurs comptes de banque ont été saisis, a précisé l’inspecteur Morin.

Quelque 530 policiers ont participé aux cinq phases du projet Diligence, amorcé il y a plus de deux ans. Ils ont réalisé plus de 70 perquisitions et rencontré 75 témoins ou victimes. L’opération Diligence s’ajoute notamment à l’opération Marteau, lancée il y a deux semaines, qui examine les liens entre le domaine de la construction, le monde politique municipal et la mafia.

Source : PC