La réponse du metteur en scène Jean-Guy Legault : en faisant du théâtre, justement. C’est-à-dire en faisant un spectacle qui n’essaie pas de mimer la réalité mais qui, au contraire, à l’aide d’artifices, la suggère au spectateur et l’invite à y croire, à embarquer dans le jeu. Cela donne un spectacle étonnant, intense, touffu, essoufflé, essoufflant, plein d’action et de belles trouvailles, bien léché, superbement réalisé… quoique peut-être un peu trop long.
UN LIEU CENTRAL
La pièce permet de prendre la mesure des moyens que s’est donnés le théâtre Denise-Pelletier, qui vient de subir une rénovation complète. Les effets d’éclairage sont sidérants, la sonorisation est fabuleuse. On fait un usage très efficace des projections sur écran et sur des rideaux de tulle pour créer des ambiances. L’essentiel du décor est en gros un cerceau de métal et de plexiglas suspendu et mobile, qui sert tout à la fois de radeau, de pont et de hublot; c’est le lieu central de la pièce, l’élément théâtral par excellence qui force le spectateur à imaginer l’action, à entrer dans le jeu.
Mais, malgré tous ces gadgets modernes, le Vingt mille lieues sous les mers de Jean-Guy Legault a cet aspect suranné des émissions de télé d’autrefois, où tout se passait en direct. C’est un retour à la prémisse du théâtre que les Anglais appellent « the suspension of disbelief » : pour que le théâtre marche, il faut que le spectateur accepte d’y croire et de jouer le jeu. Audacieux et rafraichissant.
Vingt mille lieues sous les mers, d’après Jules Verne. Adaptation et mise en scène de Jean-Guy Legault. Au Théâtre Denise-Pelletier, jusqu’au 9 décembre.