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Gregory charles : un spectacle ÉchinacÉe

Est-ce à dire que c’est une répétition de ce qu’il a déjà
présenté? Niet, pas du tout. Le concept de super héros musical, qui
révèle les deux superpouvoirs de la musique (le souvenir et l’époque),
tout en tentant de relever un défi délirant à la fin, a le mérite de
renouveler la formule à laquelle il nous a habitués. Et en faisant
appel à Serge Postigo pour la mise en scène et en ménageant quelques
moments particulièrement touchants – même s’ils sont aussi un peu
mélo-sentimenaux -, le chanteur et érudit de la musique parvient à se
réinventer.

Bon, c’est vrai, il y a parfois un peu trop de mise en scène, par
exemple dans le très beau moment où Gregory Charles évoque le premier
pouvoir de la musique, celui du souvenir, et qu’il profite de cet
instant pour parler de la maladie d’Alzheimer qui frappe sa mère, « mon
premier héros » : pas besoin de silhouettes pour évoquer une mère et un
enfant, la vraie vie suffit, tel que présenté par des photos projetées,
la vraie vie et la musique… Et puis, le petit enfant (c’est une
petite fille) qui incarne Gregory enfant, au début du spectacle, et qui
chante une version remaniée de Ordinaire (« Je suis un petit gars bien
ordinaire (…) avec des envies d’extraordinaire »), joue du violon et
du piano, c’est bien, mais il revient inutilement à la fin de la
première partie. Mais cela étant dit, Gregory Charles présente un spectacle à haute
teneur vitaminée, un spectacle échinacée, fait pour affronter l’hiver
et le froid. Un spectacle digne des très grands shows de très grands
casinos – et qu’on me comprenne bien, c’est là un compliment, puisque
c’est dans ces endroits que Sinatra, Presley, le Rat Pack et tant
d’autres ont été des entertainers de première qualité.

Entertainer de grand acabit, super héros de la musique, musicman
qui marquera son époque, c’est justement le titre auquel Charles aspire
pendant tout le spectacle, on l’a déjà dit. Il y réussit notamment avec
un pot-pourri de ses musiciens noirs favoris, mêlant Ray Charles,
Stevie Wonder, Marvin Gaye, les Jackson Five – et une de
ses choristes interprète Don’t Stop The Music de Rihanna. Mais
c’est dans la deuxième partie qu’il frappe fort, en invitant un couple
marié depuis plus de 50 ans et qu’il leur interprète leur vie à l’aide
des chansons des années marquantes de leur union.

Et surtout quand il
relève l’exploit d’interpréter en 25 minutes, 25 chansons de 25 années
lancées par le public. Évidemment, c’est une deuxième partie pas mal
plus chaotique, mais finalement, c’est quand il improvise et qu’il se
lance dans le vide – et quelques trop longues digressions, c’est vrai –
que Gregory demeure unique. « Un peu freak, un peu nerd », comme il le dit
lui-même, mais ce sont les qualités fondamentales des super héros de
tous temps. Le pouvoir de la musique est réel et il faudrait être bien
fou pour nier le plaisir qu’on prend pendant le spectacle du Super
Gregory Charles
, l’homme qui joue toujours plus vite que son ombre,
pour le bonheur de milliers de simples humains avec qui il communique
par la musique.

Gregory Charles et son spectacle MusicMan, jusqu’au 12 décembre, au théâtre Saint-Denis.

Source : PC