Le premier hommage est venu du premier ministre Jean Charest. « Une nation se fonde sur ses pionniers et à ce titre, Gilles Carle a transformé l’instinct d’un peuple », a affirmé M. Charest. Gilles Carle était, selon le premier ministre, « un réalisateur plus grand que nature, dont l’oeuvre aura été marquée par l’amour des gens « ordinaires ». Un homme comme Gilles Carle, ça passe vraiment une fois dans une génération », a ajouté le premier ministre, après la cérémonie.
Sa fille Martine Carle, l’artiste innu Joséphine Bacon, l’écrivain Bruno Roy et le réalisateur Charles Binamé ont pris le micro au cours de la cérémonie, qui a duré un peu plus d’une heure. M. Binamé a souligné que son ami était « le plus vaillant des hommes » qu’il avait connus. Puis, celui qui a été le vice-grand chef de la nation crie, Roméo Saganash, a fait rire la foule en affirmant que personne d’autre que Gilles Carle, le Métis, n’avait su réunir sur une même tribune, un « Indien et un premier ministre ».
Par ailleurs, l’artiste et polémiste Armand Vaillancourt a profité de la tribune qui était offerte pour apostropher Jean Charest, lui demandant de faire une enquête éclairée sur le crime organisé. « Je profite de l’occasion pour parler au nom de la justice sociale, une chose qui nous manque affreusement aujourd’hui », a-t-il vociféré. Le principal intéressé n’a pas voulu commenter la sortie de M. Vaillancourt.
Puis, après une projection du montage des extraits de quelque-uns des films de Gilles Carle, sa conjointe depuis les 27 dernières années, Chloé Sainte-Marie, a pris la parole. La voix claire et franche de l’artiste colorée a ensuite résonné dans la basilique lorsqu’elle a interprété « Brûle brûle », la dernière chanson que son amoureux lui a écrite. Les porteurs de cercueil étaient tous des acteurs ayant tourné dans les oeuvres de Gilles Carle : Anne Létourneau, Micheline Lanctôt, Raymond Cloutier, Donald et Daniel Pilon, Yvon Barrette, Yvon Allaire, René Blouin. À la fin de la cérémonie, ils ont lentement mené Gilles Carle dans le véhicule qui allait l’amener vers les lieux de son dernier repos.
En plus des représentants du milieu culturel québécois, de nombreuses personnalités politiques étaient présentes à l’événement, dont la ministre de la Culture, Christine St-Pierre, celle de l’Éducation, Michele Courchesne, le président de l’Assemblée nationale, Yvon Vallière, l’ancien premier ministre du Québec et ex-chef du Parti québécois, Bernard Landry, la maire de la Ville de Montréal, Gérald Tremblay, et le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe.
AIDANTS NATURELS
Peu avant l’arrivée du cortège funéraire, l’apport de Gilles Carle à la culture québécoise n’était pas le seul sujet de conversation. Tous ont reconnu que l’homme et sa conjointe, Chloé Sainte-Marie, avaient contribué à faire reconnaître le rôle des aidants naturels au Québec. La chef du Parti québécois, Pauline Marois, a soutenu que ces derniers n’étaient pas suffisamment reconnus et soutenus financièrement. « Madame Sainte-Marie aura fait en sorte que ce soit une situation connue à travers le Québec qui, sûrement, incitera, et je le souhaite, le gouvernement à faire davantage pour soutenir les aidants naturels », a-t-elle affirmé.
La ministre responsable des Aînés, Marguerite Blais, s’est targuée d’avoir écouté l’appel du couple en faisant passer une loi pour soutenir les proches aidants qui prévoit un fonds de 200 M$ disponible pour les dix prochaines années. « C’est du jamais vu dans l’histoire du Québec pour les proches aidants », a-t-elle déclaré, ajoutant que cela s’additionnait à l’aide offerte pour la Maison Gilles-Carle. Jean Charest, a quant à lui rappelé que la vie de Gilles Carle était intimement liée à la question des proches aidants. « On a beaucoup travaillé avec mme Sainte-Marie et nous allons continuer à le faire. Son combat ne sera pas oublié », a-t-il indiqué. Il n’a cependant pas voulu dire si de nouvelles mesures étaient prévues. « Ce n’est pas aujourd’hui que l’on va annoncer cela », a-t-il répondu.
Source : PC