C’est ingrat, mais c’est comme ça. Et c’est tant mieux, devons-nous
ajouter. Éric Lapointe, pour la première fois de sa vie de rock star,
célébrera Noël (mercredi, à la salle Albert-Rousseau de Québec) et la
nouvelle année (le 31 décembre, au Métropolis de nouveau) dans un autre
« fuseau éthylique » que la grande majorité de ses fans. Rappelons
les faits, au risque de nous répéter. Fin janvier dernier, Lapointe a
entamé un périlleux séjour à l’hôpital, conséquence de tous ces excès
qui font, en partie, la légende des rock stars de sa trempe. Du genre
de séjour dont on ne s’extrait qu’à condition d’être sage pour le
restant de ses jours. Un combat quotidien, ne pouvons-nous que présumer.
Et un combat que Lapointe semble vouloir mener de front. Solide comme
le roc, il a donné un vrai de vrai spectacle, et non pas ce genre de happening
« à la bonne franquette », un peu tout croche mais sympa, qu’il avait
pris l’habitude de donner lors de telles occasions. Samedi soir, pour
le premier des trois Party des Fêtes qu’il offrait, très bien
accompagné de Marjo et de Marie-Mai, Éric Lapointe a donné l’un des ses
meilleurs concerts, de récente mémoire. Car nous y étions, l’année dernière, au Centre Bell, le soir du 31
décembre. Avec ses fans, avec sa tribu d’amis musiciens qui
déambulaient sur la grande scène pour nous faire traverser jusqu’à la
nouvelle année à grands coups de pied au derrière. Lapointe, à
l’époque, aurait eu besoin d’y être transporté, tant il avait du mal à
se tenir sur ses jambes durant toute la soirée… Ç’en était navrant.
Sa soirée
Samedi soir, un Lapointe en grande forme a dirigé cette soirée,
davantage la sienne que celle de ses deux amies chanteuses, d’ailleurs,
qui ont néanmoins eu l’occasion de pousser leurs succès devant un
public plus ou moins réceptif, festivités aidant. Seule référence aux fiestas d’antan, l’introduction au spectacle par l’inénarrable Minuit Chrétien, version musclée, bien entendu. C’est ingrat, mais c’est comme ça. Il semble qu’un séjour ait fait le
plus grand bien au rockeur, droit sur ses pieds, fort et juste en voix,
la guitare solidement maintenue, imposant et souverain sur scène. Même
si le bar ne dérougissait pas et que ses fans ont convergé vers le
Métropolis avec la même intention que les années précédentes, le
Lapointe nouveau, lui, servait ses fans, avant de se servir lui-même
une couple de froides.
Le Métropolis était bondé et accueillait son messie avec cris et
réjouissances. C’était la fête, dans la foule et sur scène, avec son
bataillon de musiciens – dont une puissante section de cuivres de six
instrumentistes – et ses deux amours, Marie-Mai et Marjo, celle-ci
particulièrement en voix ce soir-là, applaudie avec l’honneur qu’on lui
doit lorsqu’elle entonnait Illégale, pour ne nommer que ce succès. Le Party des Fêtes de
Lapointe était chaleureux, intense, alors que le rockeur, toujours
aussi près de ses fans, a offert une performance exemplaire. La petite
passerelle installée au bout de la scène renforçait le sentiment de
proximité. Généreux, Lapointe, faut-il souligner : alors qu’au parterre,
on levait son verre, lui, à sec, chantait fort pour ses fêtards.
On lui souhaite une bien meilleure nouvelle année.
Source : PC