Des baisses de revenus de 3,1 milliards (4,3 %)
étaient anticipées. Les médias ont été particulièrement touchés, avec
les compressions à Radio-Canada, CTV, Corus et ailleurs, le lock-out au
Journal de Montréal, les négociations difficiles dans ce quotidien et
Canwest, qui s’est placée sous la protection de ses créanciers. Au Québec, plusieurs organismes culturels ont vu leurs revenus
diminuer. Plus de 60 % des organismes sondés par HEC Montréal
prévoyaient réduire leurs dépenses durant l’année, pour affronter une
baisse de revenus. Malgré tout, la vie continuait.
« Guéguerre et politicailleries »
Chaput à Cannes, crise à la SODEC
Pendant que Jean-Guy Chaput, président de la SODEC, est au Festival de
Cannes, le vérificateur général dépose un rapport sur ses dépenses
jugées excessives, comme sa suite à 1300 $ la nuit. Grâce au rapport, le
Québec se familiarise avec le mot « somptuaire ». M. Chaput sera poussé à
la porte. François Macerola le remplace aujourd’hui.
ADISQ et Quebecor vers un schisme?
En mai, deux représentants de Quebecor ont quitté le conseil
d’administration de l’ADISQ. Puis, cet automne, ils ont menacé de
fonder leur propre remise de prix pour le peuple, avec leurs artistes
du peuple.
L’Autre Saint-Jean
Les anglos Bloodshot Bill et Lake of Stew sont invités à jouer en début de soirée à l’Autre Saint-Jean.
Le commanditaire du spectacle, l’Association culturelle Louis-Hébert,
s’y oppose. Après quelques lancers de tomates sur la place publique, on
permet aux anglos de chanter à la Fête nationale. Au concert, une
poignée de Jeunes Patriotes leur brandissent des doigts d’honneur. Ils
danseront, quelques bières plus tard.
Taxe télé contre télé locale
Les chaînes généralistes et les câblodistributeurs continuent de
s’affronter au sujet des redevances, réservées aux chaînes
spécialisées. Les généralistes veulent y toucher. Question de survie,
clament-ils. Les câblodistributeurs s’y opposent. Le dossier se
retrouve encore une fois devant le CRTC. Et aussi au coeur de campagnes
publicitaires qui conjuguent mauvais goût et mauvaise foi.
La guerre de la 20, encore Les FrancoFolies, annoncent leur déménagement
en juin., soit quelques semaines avant le Festival d’été de Québec. « Une
déclaration de guerre », tonne le maire Régis Labeaume, qui accuse Alain
Simard, patron de Spectra, d’agir ainsi pour s’en mettre « plein les
poches ». Les deux finissent par faire la paix.
Le Moulin et le Manifeste
Brigitte Haentjens, des membres de Loco Locass et quelques autres artistes organisent le Moulin à paroles,
un marathon de lecture de textes historiques. L’un d’eux est le
Manifeste du FLQ. Le gouvernement libéral crie au révisionnisme et
refuse de verser une subvention de 20 000 $. L’organisation, elle, crie
à la censure. Des textes seront finalement lus pendant plus de 10
heures, y compris ceux de Jacques Cartier, Raymond Lévesque et le
controversé manifeste du FLQ.
Les Prix de la discorde
Le dernier budget fédéral prévoyait 25 millions pour la création des
Prix du Canada des arts et de la créativité, décernés aux artistes
internationaux. Le milieu culturel dénonce qu’on encourage l’étranger
tout en sabrant dans les subventions locales (coupes de 45 millions
l’année précédente). On apprend peu après que des organismes soi-disant
« consultés » pour la création des prix n’avaient même pas été joints. Le
ministre du Patrimoine dit travailler à une nouvelle version des Prix.
On attend encore les détails.
Tapages médiatiques
Le Bye Bye-Gate
L’année a commencé avec le Bye Bye-Gate. L’émission spéciale n’était
pas drôle. Plusieurs l’ont aussi jugée choquante et raciste. Véronique
Cloutier osait même y rire de Nathalie Simard, que son père a agressée
sexuellement. La controverse éclate et l’encre coule abondamment. Il
n’y aura pas de Bye Bye en 2009.
La machine à caca
Il fallait un peu de scatologie pour attirer l’attention sur les arts
visuels. Le Belge Win Delvoye a reçu une subvention de 15 000 $ du
Conseil des arts du Canada pour présenter à l’UQAM son oeuvre qui
reproduit le système digestif humain. Le débat sur l’art contemporain
se poursuit.
Guy Laliberté dans les étoiles
Guy Laliberté signe un chèque de 35 millions pour s’envoler dans
l’espace. Cela s’appelle une mission poétique et sociale. Il en profite
pour concocter un spectacle interplanétaire pour la cause de l’eau.
Yann Martel lira un conte infantile et ésotérique dans ce spectacle
bancal. La marque du Cirque du Soleil fait le tour du monde, encore une
fois.
Eh oui! Elle chante
Elle est vierge et pas très jolie, mais elle sait chanter. Les Terriens
n’en reviennent pas. Susan Boyle devient une vedette instantanée grâce
à la téléréalité Britain’s Got Talent.
Le cirque médiatique finit par épuiser l’Écossaise de 48 ans, qui
séjournera brièvement dans un hôpital psychiatrique. Elle en ressort et
lance un premier disque. Il établit un record de prévente sur le site
américain d’Amazon.
Tendances, épiphénomènes et augures d’apocalypse
Duos, reprises et maux de tête
Les reprises et duos ont pris beaucoup, beaucoup de place cette année.
Dan Bigras a chanté avec les filles, Marjo avec les gars, Garou a joué
au gentleman cambrioleur, Boom Desjardins a profané quatre décennies de
rock québécois, les Lost Fingers ont encore essayé de faire rire avec
des guitares manouches et Sylvain Cossette a imité la Castafiore, avec
ses tubes 70’s. Pitié.
Call-TV, cet ovni
Call-TV, cet ovni télévisuel, lobotomise les insomniaques six
soirs par semaine. On y apprend que le p-i-t-o-n est un type de serpent
et que Hakan, Darko et Gabor sont des prénoms masculins comprenant la
lettre « a ». Le Conseil canadien des normes de la radiotélévision reçoit
environ 200 plaintes. Il réprimande TQS. Le réseau devenu V abandonnera
l’émission.
La quasi-révolution
Lip dub
La mode lip dub
atteint le Québec. Des étudiants des HEC et de l’UQAM réussissent à
faire parler d’eux avec une vidéo. Plusieurs autres reprennent l’idée,
dont l’Université Laval, Tandem.mu, l’UPA et la radio NRJ, qui offre un
beau moment de neutralité politique en louangeant le maire Labeaume.
Comme le faisait remarquer un collègue : Le Club des 100 watts, c’était
presque un lip dub. On peut retrouver son calme.
« Ah ouin, sârieux? »
Les linguistes se grattent encore la tête. En 2009, la téléréalité leur
a fourni assez de néologismes, de barbarismes et autres tentatives de
communication intelligible pour les occuper pendant quelques décennies.
Le tatouage tribal et le bronzage beta-carotène sont déclarés les
véritables gagnants d’Occupation double et de Loft Story.
Succès critiques et populaires
Wajdi Mouawad
Le dramaturge reçoit le Grand Prix du théâtre de l’Académie française
pour l’ensemble de son oeuvre. Il est le premier Québécois à le
recevoir. Il se joint ainsi à Marguerite Duras, à Jean Anouilh et aux
autres prestigieux anciens lauréats. Mouawad a aussi été
artiste-associé au Festival d’Avignon et a reçu un premier doctorat
honorifique, décerné par l’École normale supérieure de lettres et de
sciences humaines de Lyon.
Dany Laferrière
Grande année pour le Québécois d’origine haïtienne. Dany Laferrière a
gagné le prix Médicis, le Grand Prix du livre de Montréal et le Grand
Prix littéraire international du festival Métropolis bleu pour son 19e
ouvrage, L’énigme du retour. Pedro Ruiz lui consacre aussi un documentaire, La dérive douce d’un enfant de Petit-Goâve. Comme dirait Benoît Brunet : chapeau.
Xavier Dolan
J’ai tué ma mère est couronné au Festival de Cannes. Son
premier film lui vaut trois des quatre prix de la Quinzaine des
réalisateurs. Il est aussi primé aux festivals de Vancouver, Namur,
Zagreb, Reykjavik et Moscou. Récit de la colère adolescente saucé dans
la petite psychanalyse, J’ai tué ma mère a été bien reçu par les critiques québécoise et française, même si elle relève quelques « maladresses ».
De père en flic
La comédie d’Émile Gaudreault est le succès de l’année du cinéma
québécois. Ses recettes de plus de 10 millions en font le deuxième film
le plus populaire de notre histoire, derrière seulement Bon Cop, Bad Cop. Sony Pictures a acheté les droits pour une version américaine.
Sans oublier…
eXcentris se cherche
En janvier, eXcentris annonce la fin de sa programmation régulière de
cinéma. Le complexe rouvre avec des salles redessinées et une nouvelle
programmation multidisciplinaire. Les débuts sont difficiles. Parmi les
problèmes : trop de spectacles, personnel parfois hautain et ambiance
froide, comme au concert de Fred Fortin. La directrice générale a été
renvoyée. eXcentris songe maintenant à présenter davantage de cinéma.
Le nouvel eXcentris est né il y a seulement trois mois. Laissons-lui le
temps de s’ajuster.
Le combat de Robinson
Après 14 ans de combat judiciaire, Claude Robinson obtient finalement
gain de cause. La Cour supérieure condamne Cinar et ses partenaires à
lui verser 5,2 millions pour plagiat de son oeuvre Robinson Curiosité. Il attend toutefois encore son argent. Les défendeurs veulent porter la cause en appel.
Débuts d’un quartier
Le Quartier des spectacles prend lentement forme. La place des
Festivals a été inaugurée l’été dernier par Stevie Wonder devant une
foule monstre. Les travaux ont aussi commencé à l’Adresse symphonique,
la future salle de l’OSM. Des retards sont toutefois prévus pour la
construction du 2-22, rue Sainte-Catherine. À suivre…
Source : PC