Née le 27 septembre 1972 dans l’État de New York, d’un père mexicain et d’une mère américaine, Lhasa a connu les allers-retours entre les États-Unis et le Mexique assez tôt mais, comme elle confiait dans un entretien à L’Humanité en 2004, « les années passées au Mexique sont extrêmement importantes ». Elle a raconté avoir beaucoup écouté Chavela Vargas, Violetta Para ou Victor Jara.
« La musique mexicaine traditionnelle m’émeut profondément », a-t-elle souligné. Elle émigre à Montréal à l’âge de 19 ans et déjà, en 1997, son premier album intitulé « La Llorona » (La pleureuse, en espagnol) avait séduit les audiophiles. Cet album, écrit en collaboration avec le guitariste et producteur Yves Desrosiers, l’a fait connaître au Québec et en France. Elle y chantait en espagnol.
Au cours de l’entretien à L’Humanité, la chanteuse avait même affirmé que cet album découlait d’un « besoin essentiel de la langue espagnole pour évacuer son trop-plein d’émotions », ajoutant même que cela lui « avait sauvé la vie ». Selon son site personnel, l’album est vendu à plus de 700 000 exemplaires au Canada et en Europe. L’album lui permet de remporter un Félix dans la catégorie « musique du monde » en 1997 et un prix Juno dans la même catégorie, en 1998.
Elle part en tournée pendant deux ans avant de s’établir dans le sud de la France, où elle écrira son deuxième album qui ne sortira qu’en 2004. Elle y chante autant en anglais qu’en français et en espagnol. L’album consacre son talent d’auteure et d’interprète. Plusieurs producteurs de cinéma et de télévision choisissent ses chansons et la BBC la nomme parmi les candidats aux World Music Awards en 2005. Quand elle parle de cet album, Lhasa de Sela raconte qu’elle avait « le besoin de trouver un rayon de lumière qui puisse la guider », tout en donnant du bien à ses auditeurs.
Six autres années s’écouleront avant la sortie de son dernier opus, pour lequel Lhasa de Sela a choisi la langue anglaise. L’artiste a alors « senti le besoin de plus de temps pour faire sa recherche, pour véritablement trouver sa musique ». Elle a d’ailleurs réalisé qu’elle voulait le réaliser elle-même. L’album, enregistré en direct, sera aussi bien accueilli. Si les uns parlent de « beauté crépusculaire », d’autres font état d’une « douce inquiétude, des émotions fortes exprimées en toute placidité et d’une croissance intérieure ».
Lhasa de Sela a aussi collaboré avec des chanteurs provenant d’horizons différents comme Patrick Watson, Arthur H et le groupe Bratsch. La chanteuse prévoyait partir en tournée à l’été 2009, mais la maladie la contraint à modifier ses plans. Comme l’indiquait un communiqué mis en ligne sur son site personnel, « « es récents déplacements en Europe nous ont démontré que son niveau d’énergie n’était peut-être pas encore suffisant pour lui permettre d’affronter les voyages et les tournées qui venaient ».
Elle laisse dans le deuil son conjoint, Ryan, ses deux parents, sa belle-mère et neuf soeurs et frères. Les funérailles se dérouleront dans l’intimité, peut-on apprendre dans le communiqué.
Source : PC