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À l’aube d’un 3e mandat, gÉrald tremblay fait le point

Monsieur le maire, comment avez-vous vécu la dernière campagne
municipale?

Elle n’était pas de tout repos, mais quand on pense à la
cause, quand on pense à Montréal, à l’avenir de la métropole du Québec, on
passe à côté de certaines critiques. Même si parfois cela peut nous paraître
injuste, face aux efforts que l’on fait.
Si c’est le prix à payer pour relever le défi de la métropole, l’important ce
sont les résultats. Comme homme, j’ai réussi à tenir parce que je crois à ce
que je fais, que j’ai la chance d’être soutenu par mon épouse et aussi grâce au
soutien de la spiritualité.

Ce qui est important, c’est la confiance qu’ont les citoyens
et citoyennes dans leurs institutions. Aujourd’hui, j’ai 4 ans pour corriger le
tir, de façon très claire, ce qui veut dire regagner la confiance de la
population le plus rapidement possible.

On a pourtant  travaillé très fort depuis 8 ans et des
résultats ont été obtenus, comme par exemple le plan de transport ambitieux et
audacieux de Montréal issu du Sommet de Montréal ou le quartier des spectacles.
Mais il faut du temps pour terminer les projets. C’est difficile en deux mandats
de quatre ans, le troisième sera donc le plus important. En France, par exemple,
un maire est élu pour six ans. Quand on regarde mon collègue Bertrand Delanoë,
le maire de Paris,  il est à son deuxième
mandat de six ans. Le premier mandat a été prolongé  d’un an à cause de la présidentielle  et maintenant il a la chance d’avoir son
second mandat de six ans. C’est beaucoup plus qu’ici. On a le temps d’avoir des
résultats.

Votre troisième mandat a été obtenu dans un contexte où
l’opposition a été fortement renforcée. Quelles leçons en avez-vous tiré à
l’égard de la gouvernance de Montréal et du rôle de l’opposition?

Le résultat des élections comprenait  aussi des messages, très clairs. L’un des
messages était de vouloir faire les choses différemment. L’autre message très
clair  était d’ouvrir le comité exécutif
pour le rendre le plus transparent possible. J’ai  alors décidé de confier deux responsabilités
importantes à des membres de l’opposition : Lyn Thériault au développement
communautaire et social et Richard Bergeron à l’urbanisme. Parce qu’au-delà des
échanges acrimonieux de campagne, les Montréalais
nous ont tous fait confiance.

On ne peut
pas faire de la politique municipale avec tout ce que cela implique si l’on n’a
pas un amour profond pour Montréal. C’est le cas de tous les élus, de la
majorité et de l’opposition et nous partageons tous les mêmes valeurs. Nous
savons tous que la chose qui compte est la qualité de vie des citoyens. J’ai
voulu envoyer ce message à la population sans remettre en cause les
responsabilités, la compétence et la crédibilité des autres membres de mon
équipe.

Mais ne s’agissait-il pas d’une habileté politique pour que
Richard Bergeron joue moins son rôle d’opposant?

Les gens peuvent me prêter des intentions mais pour moi,
c’est l’état d’esprit qui compte. Je
n’ai pas nommé Richard Bergeron pour le priver de son rôle d’opposant, mais
parce qu’il a un doctorat en urbanisme. Nous avons de nombreux accords sur les
projets. Lyn Thériault a aussi des responsabilités prestigieuses, en assumant le
développement social et communautaire.  Comme traiter les dossiers de la pauvreté, de
l’itinérance, de la prostitution, de la toxicomanie.

Vous avez pris la présidence du Comité Exécutif. Comment
va-t-il évoluer?

La venue de deux personnes de l’opposition au Comité Exécutif
est un symbole profond que l’on peut changer les attitudes et le comportement
dans le meilleur intérêt des citoyens et des citoyennes. Nous sommes tous des Montréalais.
Nous avons été élus par des Montréalais. Quand on est membre du comité exécutif,
on représente l’ensemble des Montréalais. Je souhaite qu’au Comité Exécutif, on
discute désormais des grandes orientations.

J’ai choisi  pour cela
deux bonnes personnes des partis d’opposition. Parce que je veux que l’ensemble
des élus soit parties prenantes des recommandations faites à l’exécutif, quel
que soit leur parti. Devant les modifications que je suis en train d’apporter,
devant les arbitrages que je suis appelé à faire, la venue de deux personnes de
l’opposition au comité exécutif   représente la meilleure chance au changement
que nous apportons présentement. Dans ces nouvelles circonstances, j’ai donc
pris la meilleure décision. C’est-à-dire la présidence du Comité
Exécutif. Il faut démystifier le fameux Comité Exécutif, où l’on prend les
décisions derrière les portes closes. On se réunit le mercredi matin et les
décisions sont rendues publiques immédiatement après, elles sont sur le site de
la Ville.

Mais ce qui est important, c’est que des membres de
l’opposition reçoivent ainsi toute l’information, ce qui leur permettra de faire
des recommandations adéquates. C’est de leur responsabilité d’expliquer à leur parti pourquoi telle ou telle décision est prise. Après cela, ils pourront
avoir un point de vue différent du nôtre. Mais ils pourront également être
capables de donner une orientation,  des
propositions plus réalistes. Mais ce que je leur demande, ce n’est pas la
confidentialité des décisions. C’est celle des échanges entre les élus. Sinon
les gens vont avoir peur de s’exprimer

Vous envisagez un
rôle beaucoup plus important pour les Commissions du Conseil.

Pour avoir plus de transparence, on revoit le rôle  des commissions. Elles avaient jusqu’ici un
pouvoir de recommandation, mais pas toujours sur les sujets importants. Elles
auront de nouveaux pouvoirs de propositions, notamment en matière de contrats.
L’octroi des contrats ne sera plus de la compétence du Comité Exécutif. Les
décisions les concernant seront prises dorénavant en public par les commissions
du conseil. Il faut aussi se souvenir que l’opposition en fait partie.

Vos rapports avec l’opposition dans ce contexte et vos
projets?

Ma réalisation la plus chère, pour le troisième mandat, est le
renouveau du processus démocratique que l’on est en train de réaliser. J’ai  aussi de bons rapports avec madame Louise  Harel, chef de Vision Montréal et de
l’Opposition municipale. L’opposition a d’ailleurs joué son rôle de façon très
positif durant les dernières semaines. Souvent, on s’oppose parce que l’on ne
sait pas. En donnant toute l’information, les circonstances changent.

Les dossiers ou projets sont alors regardés de façon
différente. Par exemple, sur le dossier de l’échangeur Turcot. Parce qu’on veut
en faire une infrastructure du 21e siècle, un projet urbain intégré.  Cela permet de parler d’une seule voix face
au gouvernement du Québec. On  a confié
le mandat à Richard Bergeron qui est un urbaniste, quelqu’un qui a un doctorat
dans cette matière-là. Pour moi, on a dépassé la question de l’opposition
traditionnelle. On partage les mêmes valeurs. Là, il y a une différence entre la
théorie et la pratique. Un autre exemple est celui du transport en commun;
c’est  aussi une valeur. Parce que ça
répond à la question des changements climatiques. Ça donne un choix à la population.
En travaillant sur ces valeurs, on va trouver des solutions concrètes. En mode
action, mais aussi en mode solution.

L’occasion est là, puisque Montréal connaît un certain nombre
de projets historiques, un véritable momentum de projets qui ont été acceptés
par la population : la 30, le pont de la 25, le boulevard Notre-Dame, Turcot,
le train de l’Est qui s’en vient, la liaison avec Dorval, l’amélioration des
trains de banlieue, etc. Mais aussi le quartier des spectacles. Les gens
réalisent de plus en plus la métamorphose de Montréal.

Cela va encourager les investisseurs,
comme la société du Havre qui va redonner un nouveau visage à l’une des entrées
principales de Montréal. Ou pour les
musées, comme celui du projet Muséum Nature : on a une richesse séparée en
des musées différents. En pièces détachées.  Or, notre jardin botanique est le second au
monde et un investissement de 25 M$ a été décidé pour le planétarium le plus
avancé au niveau scientifique au monde. Le biodôme  est aussi le seul au monde de cette envergure.
Ce qu’on a réussit à faire, c’est de regrouper les muséums nature et de
convaincre les universités canadiennes d’investir avec le gouvernement fédéral
et le gouvernement provincial.

Dont un centre sur la diversité biologique, qui est en
construction présentement. Ce centre va jouer un rôle important, puisque la
variable qui va influencer les comportements des grandes villes, c’est le
changement climatique et la diversité biologique. Richard Bergeron vient
également d’accepter la responsabilité du Plan d’urbanisme pour 2012. Son
objectif? Redonner un accès aux berges pour les citoyens, un vrai
projet de société durable.

Vous êtes aussi
devenu le maire de Ville-Marie…

Le maire des grandes métropoles du monde est également
responsable du centre ville. On a un avantage extraordinaire à Montréal :
un centre ville moderne, à l’échelle humaine, accueillant, sécuritaire,  très animé de jour comme de nuit. Un centre ville habité par 80 000
personnes, pour lesquelles les services de proximité de qualité sont essentiels.
 Mais aussi pour les 300 000 personnes
qui viennent  y travailler, pour les
membres des grandes institutions d’enseignement du centre ville de Montréal.

Si
la qualité de la ville n’était pas au rendez-vous, il serait difficile
d’attirer des investisseurs et des travailleurs. Il y a deux défis : la qualité de vie et
le développement de la métropole du Québec.  Voilà pourquoi j’ai recommandé  au Gouvernement du Québec que le maire de
Montréal soit le maire de Ville-Marie. Pour plus d’efficacité. Toutes les
fois qu’il y a un problème, en effet, qui
est responsable? Le maire de Montréal, qui est élu au suffrage universel.

On a voté pour le maire de Montréal et on va s’assurer qu’il
va bien nous représenter. Certains me reprochent d’avoir brimé les droits
démocratiques de Ville-Marie. Pour
nommer les deux conseillers de ville prévus pour compléter le conseil
d’arrondissement, j’ai consulté les groupes communautaires et les représentants
des gens qui travaillent dans l’arrondissement. Qui m’ont-ils recommandé? Deux
conseillers membres de mon parti, qui étaient les plus qualifiés :

Jocelyn Ann Campbell et Richard Deschamps, les représentants des
arrondissements Ahuntsic-Cartierville et LaSalle. Pourquoi? Parce qu’ils ont
le plus d’expérience et de compétence pour le centre ville. Mais tous les
partis sont représentés au Conseil d’arrondissement et nous travaillons
ensemble, assis à la même table.

Certains vous ont reproché de donner trop de contrats au
secteur privé. Quel est le bon équilibre entre service public et service privé?

Le rapport du vérificateur général nous a identifié
énormément de pistes  en matière de
reddition de comptes, de  mécanismes de
suivi. Nous sommes en train de finaliser notre réponse à ses recommandations.  Il y a selon moi un équilibre global  satisfaisant. Mais si l’on retire le dossier
de la neige, est ce que l’on a intérêt à raffermir nos équipes? La réponse est
oui. En ce qui concerne les compteurs d’eau, faut-il plus de collaboration à l’interne? Nous sommes en train de faire toute cette réflexion.

Le déneigement

Je ne souhaite pas remettre
en question l’importance des élus locaux en matière de décentralisation, de
services de proximité de qualité. Mais il
faut une bonne équipe de coordination à
la ville centre et des orientations générales qui soient très claires. Par
exemple, pour sélectionner les sites de dépôt de neige et les artères
prioritaires à dégager. Les gens ont mieux compris  cette année qu’il vaut mieux prendre les
transports en commun quand il y a une tempête de neige. Les résultats sont
meilleurs. Il reste qu’il est de plus en plus difficile de déblayer la neige, avec le nombre croissant
d’automobiles. Un motif de satisfaction est l’utilisation de nouveaux abrasifs
sur les trottoirs, permettant un nettoyage dans les douze heures. Il faut que la
ville centrale, qui attire au total 500 000 personnes, soit bien dégagée.
L’arrondissement Mont-Royal sera jugé sur ses décisions par la population.

En conclusion?

Je souhaite que Montréal soit reconnue comme une ville
cosmopolite harmonieuse, une ville de créateurs, de justice sociale et où il
fait bon vivre. Une ville réalisant de grands projets. Comme un artiste, je
revendique le droit du politicien d’avoir une vision qui l’inspire et le motive
dans l’action. C’est le sens de notre nouveau mandat, qui va permettre de
préparer la ville pour son 375e anniversaire de fondation, en 2017.