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Un arbre illuminÉ aux fÊtes : coup de matraque pour un commerÇant!

Le
soir venu, la rue Saint-Jacques, aux abords de la Place d’Armes, se trouve
plongée dans l’obscurité quasi totale. C’est pourquoi le propriétaire de la
mercerie pour hommes le Sir St-James, Michel Bensoussan, un pionnier de la mode
masculine à Montréal, a voulu redorer le coin en habillant totalement de
lumières l’arbre se trouvant juste en face de sa porte. Il avait fait la même
chose l’an dernier, sans problèmes. Mais c’était sans compter les caprices de
la Ville de Montréal, qui tolère un jour ce qu’elle bannit le lendemain.

C’est
ainsi qu’une inspectrice de la Ville s’est pointée sans crier gare au début de
décembre dernier, prenant des photos de l’arbre… et de la gérante Catherine
Leduc. Cette dernière voulant savoir à quoi tout cela rimait, s’est fait
ordonner de « déshabiller » l’arbre sur-le-champ; que la vitalité de
l’arbre s’en trouvait menacée. Évidemment, elle s’est vue opposée une fin de
non recevoir. Et le proprio, quelques jours plus tard, de voir atterrir dans
son courrier une amende de 1 875 $! M. Bensoussan a été pris de colère. Jamais
en trente ans, dans les affaires, il n’a vu pareil comportement. Il va
évidemment contester l’amende abusive.

 

QUAND LA VILLE VEUT VOTRE BIEN… 

En
regardant en arrière, il se rappelle novembre 2008, alors qu’un véhicule,
conduit par des voleurs, a volontairement enfoncé la façade du même commerce.
Les malfaiteurs ont dérobé tout le contenu du magasin. Il a fallu trois mois
pour remettre en état l’établissement saccagé. Et en pleine reconstruction, un
autre inspecteur de la Ville s’est amené, voulant mettre à l’amende le
marchand, sous prétexte qu’il n’avait pas de permis de construire! Vous pouvez
imaginer la réplique. Déjà que dans le quartier, les commerces font mine grise,
avec tous les chantiers de voirie qui ont nui considérablement aux affaires.
Cette nouvelle nuisance frappant un marchand a fait l’effet d’un coup de batte
de baseball! Ironie du sort, quand on pense que plus haut, rue Saint-Denis, le
haut des arbres qui la bordent est constellé de lumières bleues. Cherchez la
logique.

 

ET LA VILLE SE JUSTIFIE 

Quand
le couperet de l’amende tombe, bonne chance, si vous tentez d’obtenir des
explications. Le « la loi c’est la loi » s’applique avec tout le
poids pesant du bras de la justice. Dans un premier temps, l’inspectrice
signataire du constat d’infraction, Martine Savard, a refusé de nous répondre,
se drapant derrière le règlement interne qui veuille que tout fonctionnaire
doit s’en remettre au service des communications. Mais fort heureusement, le
directeur du service des inspecteurs de l’arrondissement Ville-Marie, Marc
Gauthier, a pris sur lui de nous expliquer que le montant en question se trouve
être le montant minimum pour ce type d’infraction. Qui en passant est d’avoir
contrevenu à l’article CA24 085 du règlement sur le civisme, le respect et
la propreté en ayant utilisé le mobilier urbain à une autre fin à laquelle il
est destiné. Cette disposition a été votée au Conseil d’arrondissement en mai
2007. Quand nous avons demandé pourquoi les arbres de la rue Saint-Denis se
trouvaient gratifiés d’ampoules sans problèmes, le directeur a expliqué que ce
pouvait être une dérogation obtenue par la SDC locale ou bien une disposition
particulière de la Ville. Que ce soit une raison ou une autre, on voit bien que
la Ville de Montréal a des interprétations très élastiques de sa
réglementation. Une latitude qu’elle n’autorise toutefois pas à ses marchands
pour lesquels elle pompe des taxes à n’en plus finir.