En entrevue à Business News
Network lundi, le premier ministre Harper a motivé la prorogation du
Parlement jusqu’au 3 mars par le fait que lorsqu’il siège, les votes de
non-confiance se multiplient, ainsi que les spéculations sur le moment
du déclenchement des élections, à cause du statut minoritaire du
gouvernement. Et, selon lui, cela cause de l’instabilité que les
marchés financiers n’apprécient pas.
Interrogé à ce sujet mardi,
après qu’il eut pris la parole devant un groupe d’étudiants réunis à
l’école des Hautes études commerciales (HEC) à Montréal, Michael
Ignatieff a rapporté avoir entendu la meilleure blague de sa journée, en
prenant connaissance des propos de M. Harper. « Ça a été mon
meilleur rire d’hier. L’idée que la démocratie, ça crée de
l’instabilité, c’est à peine croyable. Nous avons des institutions qui
demandent des réponses à un premier ministre. S’il pense que ça crée de
l’instabilité, il doit revenir aux HEC pour prendre un petit cours sur
les sciences politiques », s’est exclamé le chef libéral.
La
démocratie ne cause pas d’instabilité sur les marchés financiers,
a-t-il protesté. Et le fait que le Parlement siège et que des votes
aient cours est simplement un signe que la démocratie fonctionne, et
non un signe d’instabilité, a affirmé M. Ignatieff. Selon lui, le
premier ministre conservateur « a un problème fondamental à accepter des
limites à son pouvoir comme premier ministre » et c’est surtout parce
qu’il ne veut pas affronter les questions de l’opposition qu’il a
prorogé les travaux de la Chambre.
Juste avant les Fêtes, en
effet, les conservateurs ont essuyé un feu nourri de questions sur le
transfert de prisonniers afghans et les allégations de torture. À cause
de cette prorogation, plusieurs projets de loi sont morts au feuilleton. Sur
la question du budget du ministre Jim Flaherty, qui sera présenté au
début du mois de mars, le chef libéral a indiqué que sa priorité était
d’obtenir des mesures pour combattre le chômage au pays. « Le
dossier-clé, c’est le chômage », a-t-il lancé. Il s’est toutefois refusé
à donner des mesures concrètes, qu’il s’agisse d’aide aux entreprises
ou d’aide aux chômeurs.
Sur la question de la présence canadienne
en Afghanistan, M. Ignatieff a réitéré que la mission de combat devait
y prendre totalement fin en 2011. Pour la mission humanitaire,
cependant, la situation est plus incertaine, a-t-il laissé entendre,
critiquant le président Hamid Karzaï. « Nous avons un partenaire afghan,
qui s’appelle M. Karzaï, qui ne donne pas confiance aux Canadiens. Et
c’est ça le problème-clé, a-t-il lancé. Notre parti cherche un rôle valable pour le Canada après 2011, mais il nous faut un partenaire », a-t-il ajouté.
En
point de presse après sa rencontre avec les étudiants, M. Ignatieff
s’est défendu de critiquer personnellement M. Karzaï. « Ce n’est pas une
attaque contre le président Karzaï, c’est simplement un constat »,
a-t-il précisé. Il n’a pas suggéré de moyen de régler ce problème de
crédibilité du partenaire afghan, affirmant que « c’est aux Afghans de
le résoudre », le problème.
Source : PC