immortelle, on en convient. Que ses personnages ressuscitent dans le
monde virtuel à quelques semaines de la première du Bourgeois gentilhomme
au TNM constitue toutefois une drôle de coïncidence. Ce n’en était pas
une. Leur apparition dans Twitter faisait partie d’une stratégie de
promotion spécialement concoctée pour le théâtre institutionnel de la
rue Sainte-Catherine.
« On a voulu voir comment on pouvait
explorer l’Internet au-delà de l’achat de bannières », explique Annie
Gascon, directrice des communications et du marketing au TNM.
Phéromone, qui se définit comme une agence d’interaction, a donc
imaginé ce dialogue où les personnages issus du théâtre classique
prendraient d’assaut les réseaux sociaux contemporains. L’opération Twitter du TNM est la stratégie promotionnelle la plus
inusitée tentée par un théâtre québécois sur l’Internet à ce jour, mais
elle n’est pas la seule. Plusieurs institutions et compagnies de
création testent les possibilités offertes par ce médium tentaculaire,
en particulier depuis le début de la présente saison.
« On
a décidé, cette année, d’insister sur la présence sur l’Internet, de
bouger les budgets de publicité et d’adopter une stratégie différente »,
affirme Philippe Drago, directeur des communications au Théâtre
d’Aujourd’hui. Une approche qui passe par la publicité sur le Web, bien
sûr, mais aussi par un plus grand déploiement d’énergie sur le site du
théâtre lui-même, comme sur ses antennes sur les réseaux sociaux
(Facebook et Twitter, par exemple).
« La plupart des théâtres
possèdent de bons sites. Ils font bien la vente, mais pas la promotion,
constate André Bélanger, vice-président stratégie et création chez
Phéromone. Et sur l’Internet, la promotion ne se fait pas sur son
propre site, mais sur celui des autres ».
Premier réflexe, la vidéo
Ce théâtre consacré à la création québécoise a d’abord commencé par
mettre en ligne des clips concernant les productions à l’affiche. Il
s’agit soit d’interviews avec l’un ou l’autre des artisans (comédien,
metteur en scène, scénographe, etc.), soit d’une séquence évoquant le
spectacle, ou encore d’extraits de répétitions. « On ne fait pas de
vidéos au look léché, précise M. Drago. Il ne faut pas qu’on ait
l’impression que c’est la pièce, mais qu’on sente qu’il s’agit d’une
répétition ». Sébastien Harrisson, dramaturge et directeur artistique du Théâtre
Bluff, a aussi exploré cette voie pour la promotion de S’embrasent,
créée à l’automne. « Il faut s’assurer d’avoir un contenu original et
approprié », juge-t-il. Pour les vidéos entourant S’embrasent, il s’est
non seulement inspiré du propos et de la structure de la pièce, mais il
s’est aussi assuré d’avoir plus à offrir que de simples extraits du
spectacle.
La plupart des théâtres qui produisent des clips les mettent en ligne
sur leur propre site, sur leur page Facebook ou encore sur leur canal
YouTube. L’Espace Go, l’Usine C et le Théâtre d’Aujourd’hui figurent
parmi ceux qui possèdent le leur. Facebook et YouTube s’avèrent des modes de diffusion particulièrement
intéressants, puisqu’ils permettent aux gens de commenter et de se
partager les clips en question, estime Thomas Gobeil, directeur
interactif à l’agence de publicité Bos. « Le clip en ligne peut être
repris par quiconque déciderait de se l’approprier, dit-il. Le niveau
d’interaction est plus grand qu’avec la télé ».
« L’image, c’est bien beau, mais Internet est d’abord un espace de
conversation et de texte », prévient toutefois M. Bélanger. Plusieurs
des centaines de « suiveux » (followers) de MJourdain, MmeJourdain et
Dorimène semblent en effet avoir pris un grand plaisir à se mêler à la
conversation, s’amusant même à formuler des messages versifiés ou, à
tout le moins, rimés. À la fin de l’expérience Twitter du TNM, les « suiveux » ont été invités
à un 5 à 7 dans le hall du théâtre. De la vingtaine de personnes qui
s’y est présentée, la moitié n’a pas l’habitude de fréquenter les
théâtres, affirme M. Bélanger. « On a rejoint une clientèle qui,
normalement, ne va pas au théâtre », en conclut-il.
Source : PC