contrat qui avait été accordé à la firme en mai 2007. Terminée
en juin 2008 après 13 mois de construction, la réfection de la Main,
entre la rue Sherbrooke et l’avenue du Mont-Royal, a été vertement
critiquée par les commerçants du secteur, qui estimaient les travaux
trop vastes, trop longs. Selon eux, le remplacement de la chaussée, des
conduites souterraines et des trottoirs a fait fuir leur clientèle. La facture globale pour la réfection de ce tronçon de 2,5 km s’établit à 32 millions.
La principale cause du dépassement de coût : les concepteurs n’avaient
pas prévu que l’élargissement des trottoirs affecterait le drainage des
rues. Il a fallu faire des travaux supplémentaires pour modifier les
fondations, les chaussées et les trottoirs des rues transversales à
Saint-Laurent. Devant la colère des marchands, la Ville a aussi ordonné à
l’entrepreneur d’accélérer les travaux, afin de réduire leur durée de 22
à 13 mois. La décision l’a forcé à travailler en hiver et à faire
travailler ses employés en heures supplémentaires.
« Si la Ville n’avait pas accéléré le rythme des travaux en cours de
projet et agrandi la limite des travaux, tous les imprévus auraient été
couverts par les montants de contingence », a indiqué le porte-parole de
la Ville, Philippe Sabourin. Les réparations ont aussi été retardées par des conflits entre les nombreux entrepreneurs qui participaient aux travaux. La facture pourrait grimper encore davantage, puisque Construction
Frank Catania et Associés a adressé une réclamation de 2 millions à la
Ville. La firme affirme que ses profits ont été affectés par
l’accélération des travaux. Le consortium SNC-Lavalin-Cima+, qui a
dirigé le projet, analyse la plainte.
Le vaste chantier de la Main avait semé la controverse pendant plus
d’un an. Alors que la rénovation était presque terminée, Gaz Métro a
annoncé qu’il devrait rouvrir les trottoirs et la chaussée à une
quarantaine d’endroits pour réparer ses propres conduites.
L’entrepreneur embauché par la Ville a effectué ces travaux. Gaz Métro a versé 185 000 $ à la Ville en guise de compensation.
Furieux, des commerçants ont intenté un recours collectif contre le
distributeur de gaz naturel, une démarche qu’ils ont depuis abandonnée.
Le président de la Société de développement du boulevard Saint-Laurent,
association qui représente 600 commerces de l’artère, n’est guère
surpris que les travaux se soient soldés par un dépassement de coûts. « Il y avait tellement de gens là-dedans, soupire Gordon Bernstein,
président de l’organisme. Ils ont essayé de bien faire, mais tout le
monde était un peu dépassé par les événements et le résultat, c’est
que ça a pris trop de temps ».
M. Bernstein affirme que ses membres subissent encore les contrecoups
de cet immense chantier. Car sitôt les travaux terminés, la récession
les a percutés de plein fouet. Même si le boulevard Saint-Laurent s’est
refait une beauté, dit-il, le taux d’inoccupation dans les locaux
commerciaux du secteur est de 8 %.
Source : Cyberpresse