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Manger son prochain… au quat’sous

« Ce
texte est comme un serpent qui est sorti de mon ventre, nous dit
d’emblée l’auteure Anne-Marie Olivier. Le résultat, je ne le trouve pas
beau. J’ai pris certaines branches de mon arbre généalogique et je les
ai brûlées. Pour ne pas hériter des bibittes de mon passé ». Stéphan Allard a participé à la lecture publique de Mon corps deviendra froid.
Il y interprétait le rôle du garçon alcoolique. Quand il a vu la
réaction des gens dans la salle, il a tout de suite su qu’il y aurait
une suite. Trois ans plus tard, c’est lui qui signe la mise en scène de
cette histoire de famille grinçante.

« Ce
texte-là m’a beaucoup parlé », nous mentionne l’acteur et metteur en scène,
qu’on a vu l’été dernier dans la pièce-fleuve de Jean-Pierre Ronfard, Vie et mort du roi boiteux, dans le rôle de Robert Houle, jeune amant de Catherine Dragone… interprétée par Anne-Marie Olivier. « J’avais déjà plusieurs idées pour mettre tout ça sur scène,
poursuit-il. Et puis, je savais exactement ce que je voulais dire.
Essentiellement, que nous ne sommes pas toujours conscients de ce que
nous léguons à nos enfants ».

La réaction du directeur artistique du Quat’Sous n’a pas tardée. Stéphan
Allard se rappelle. « Éric Jean m’a dit : « c’est comme si Michel Tremblay
et Claude Meunier avaient écrit la pièce. Il y a le côté dramatique et
familial de Tremblay et l’humour absurde de Meunier ». Mon corps deviendra froid
réunit donc, le temps d’un souper, une famille encore déchirée par la
mort d’un père, 10 ans plus tôt. Un père étrange, ayant souffert d’une
maladie mentale non identifiée, qui pourrait bien être la
maniacodépression (ou trouble bipolaire).

Profondément marqués

Construite sous forme de flash-back, la pièce nous plonge donc dans les
souvenirs des personnages et de leur relation avec cet homme parfois
cruel qui les a profondément marqués. On y explore notamment l’impact
de la maladie sur les membres de cette famille. « C’est une brassée de linge sale, raconte Stéphan Allard. Je voulais
que le fantôme du père soit toujours présent sur scène. Parce que la
maladie mentale prend beaucoup de place. Elle plane tout le temps. Au
fil des ans, les membres de la famille se sont construit une carapace.
Ce soir-là, tout va sortir… »

L’équipe a même fait appel à un psychiatre pour bien cerner le profil
psychologique du personnage du père – qui commence toujours plein de
choses, mais qui ne termine rien. Également pour mieux comprendre la
réaction de chacun des membres de la famille. « Au fil des ateliers, nous nous sommes rendu compte qu’on connaissait
tous des gens qui souffrent d’une maladie mentale, que ce soit la
maniacodépression, le choc post-traumatique, la paranoïa, la
schizophrénie, etc., ce qui fait qu’on a tous été remués par le texte.
Il y a des répétitions qui se sont terminées dans les larmes », avoue
Stéphan Allard.

Le rôle du père est interprété par Roger LaRue. Celui de sa femme, par
Suzanne Champagne. Leurs enfants sont incarnés par Myriam Leblanc et
Claude Despins. Brigitte Lafleur (Mimi dans La galère),
interprète quant à elle le rôle de la belle-fille, la blonde du garçon.
Elle s’adresse directement au public en même temps qu’elle joue son
rôle. « Le personnage de Brigitte, c’est moi, nous révèle
Anne-Marie Olivier. C’est mon alter ego. C’est une hypersensible qui
transforme sa douleur en autre chose. Elle est un filtre, qui fait
aussi preuve de résilience, qui incarne l’espoir ».

Mon corps deviendra froid, au Théâtre de Quat’Sous, du 25 janvier au 27 février.

 

Source : PC