À
l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC), on explique qu’en date
du 29 septembre dernier, 443 millions avaient été consacrés aux
activités liées à la grippe A(H1N1). Deux mois plus tard, soit en date
du 25 novembre 2009, l’ASPC avait dépensé 345,4 M$
pour acheter les doses, dont 157 millions remboursés par les provinces,
y compris le Québec, qui estime avoir injecté 200 millions jusqu’à
maintenant dans la campagne. À l’Agence de la santé publique du Canada, Danielle Grondin, médecin et sous-ministre, a affirmé à La Presse
lundi qu’il n’y a « rien d’exagéré » dans les sommes qui ont été
engagées.
L’Agence se dit même prête à une autre campagne de
vaccination, l’automne prochain. « En juin dernier, l’OMS avait
identifié le Canada comme l’épicentre de la pandémie, a-t-elle rappelé.
On a été dans une pandémie et nous le sommes toujours. Il serait faux
de prétendre que la menace est derrière nous ou qu’on a créé une crise.
Actuellement, on surveille l’aspect antigénique du virus, c’est-à-dire
sa mutation possible. Je pense que toutes les mesures, notamment
d’hygiène, ont aidé à prévenir les cas de grippe A(H1N1) ».
Si le plus gros de l’enveloppe fédérale a servi à l’achat des vaccins,
l’autre tranche, soit 41 millions, a été consacrée à des activités de
communication. À ce chapitre, on se rappellera que les autorités de la
santé publique craignaient que la population ne réponde pas à l’appel à
la vaccination, notamment à cause des effets secondaires. Mais la
crainte s’est transformée en cohue dans certains centres de
vaccination, au début du mois d’octobre, quand un jeune de 13 ans de
l’Ontario est mort des suites du virus.
Au mois d’avril dernier, donc, une trentaine de firmes de communication
ont reçu des contrats pour l’ASPC. L’une d’entre elles, Cossette Media
de Montréal, a obtenu 15 millions en contrats, dont 5,2 millions
d’avril 2009 jusqu’en mars 2010, pour une campagne de publicité dans
les journaux, les radios, et les chaînes de télévision. Chez Cossette, la
chargée de comptes, Julie Courtemanche, a expliqué que le gouvernement
fédéral est l’un de leurs clients régulier.
UN VACCIN CONTRE LE VIRUS H1N1 « DEUX EN UN »
En plus des 41 millions en communication, l’ASPC a consacré 22,3
millions pour les activités « de gestion, de surveillance, ainsi que les
frais de laboratoire ». De plus, 14,3 millions ont servi à acheter des
antiviraux (Tamiflu), 11,2 millions à « l’intervention accrue en cas
d’urgence », 6,3 millions à des « recherches rapides » et une somme de
1,3 million a été consacrée à « l’intervention stratégique ». Du côté de
Santé Canada, où on a veillé à ce que le vaccin soit accessible à tous,
28,2 millions ont été dépensés, dont 18,2 M$ dans
l’amélioration des interventions d’urgence.
À l’Organisation mondiale de la santé (OMS), on a promis, à la
mi-janvier, qu’une enquête indépendante serait menée à la suite des
nombreuses critiques sur la possibilité d’avoir exagéré la crise sous
la pression des laboratoires pharmaceutiques. L’OMS doit déterminer à
la mi-février la composition du prochain vaccin grippal pour
l’hémisphère nord. Jusqu’à maintenant, on estime que la moitié de la
population canadienne a été vaccinée. Au Québec, où l’on enregistre le
deuxième plus haut taux de mortalité en raison de la grippe A(H1N1),
57 % de la population a été vaccinée à ce jour.
Le directeur national de la santé publique du Québec, le Dr Alain
Poirier, explique que le prochain vaccin pour la grippe saisonnière
pourrait fort bien comprendre la souche A(H1N1) pandémique. Ce serait
en quelque sorte une formule deux en un : la population n’aurait qu’à
se déplacer une seule fois, et il pourrait en résulter une baisse
importante des coûts de la campagne de vaccination, dont on ne
connaîtra la facture finale que dans un an au Québec.
« Des frais énormes ont été rattachés à la logistique de la campagne de
vaccination contre la grippe A(H1N1), notamment pour la logistique. Je
ne pense pas qu’on va revivre une situation d’urgence l’automne
prochain, ajoute le Dr Poirier. Ce qu’il faut comprendre, c’est que
chaque fois qu’on peut le faire, on combine plusieurs souches dans un
même vaccin ».
Source : Sara Champagne