fbpx
Devenir membre

Denis drolet : pour voir un bon show

Ce
spectacle, le duo en veston brun l’a présenté une vingtaine de fois un
peu partout au Québec, notamment l’été passé, sur la grande scène
extérieure, pendant les FrancoFolies de Montréal. C’est en raison de ce
spectacle que Vincent « les dents » Léonard et Sébastien « la barbe » Dubé
ont même enregistré le très énergique album Chant de Plume, lancé en octobre dernier. 
Sur scène comme sur disque, ils chantent toujours à deux voix une
vingtaine de chansons de Mononc’ Pluplu – pas nécessairement les mêmes
sur scène et sur disque, en passant, ce qui ajoute au plaisir.

Et c’est
assez justifié, finalement, ce parti pris du chant constamment à
l’unisson : pour reprendre le commentaire de mon ami et néanmoins
confrère Sylvain Ménard, les deux Denis rappellent les deux
personnalités de Plume Latraverse, le boute-en-train en la personne de
Vincent Léonard et le bougon (ainsi que la barbe broussailleuse) sous
les traits de Sébastien Dubé. Mais au-delà de cela, il y a l’amour indicible et profond que le duo
brun porte au grand Michel Latraverse et à son répertoire. Accompagnés
de leur quatuor de musiciens Les p’tits jeunes hommes et de leur
« danseur à gogo » Just To Buy My Love, les Denis Drolet chantent Plume
avec conviction, avec plaisir et par coeur, parce qu’ils l’ont écouté
et aimé sans fin pendant leur adolescence. Et c’est manifestement à
deux voix qu’ils ont appris à le chanter.

Outre certains des morceaux figurant sur leur album Chants de Plume (Rideau, Léon le caméléon, l’étonnante Faux dur (et trouble-fête), Le retour à la terre, l’inénarrable 1837, Chambre à louer scandée par toute la salle, la décapante Mémoire courte…),
ils n’ont pas hésité à chanter, au grand bonheur des spectateurs, des
morceaux excessivement connus de Plume (Jonquière, La bienséance, La
ballade des caisses de 24, Le rock’n’roll du grand flanc mou, La p’tite
vinguienne pis le gros torrieu
) et méconnus (Vie d’ange, Le fermier
Jean, Ti-Jésus, Ainsi soit-il, Mauvaise herbe bleue, Léopold Gibouleau,
Le loup fuck? Fuck le loup
et l’extraordinaire Moutonoir. Et ils se sont littéralement défoncés en rappel avec une Bobépine vraiment rock.

Avec pour seul décor un montage de pochettes de disques de Plume (plus
un disque de Rocky!), le duo brun entrecoupe évidemment ses prestations
musicales de gags absurdes et de sketchs déjantés : ce soir, il a été
question aussi bien de « Réné Simard » (qui serait en fait un
Pokémon…), de Béatrice Picard (qui prêterait de l’argent à
Sébastien), du petit chaperon rouge (qui apporte des Craven A à sa
mère-grand et à qui le loup crie « Tire la mobylette et la Chevette
shinera »…), sans oublier un numéro sérieusement drogué où le danseur
Just To Buy My Love est venu, vêtu d’un costume de patineuse artistique
rose nanane et de patins à roulettes, nous lancer des beignes pendant
que la voix de Ginette Reno chantait « Je t’offrirai des croissants de
soleil pour déjeuner »…

Ce soir, la salle – où s’étaient faufilés quelques enfants
manifestement bien élevés – réagissait avec un enthousiasme croissant
et entonnait à pleine voix bon nombre de la vingtaine de morceaux au
programme. Musicalement, c’était plus qu’honnête (ce show ne tourne pas
toutes les semaines, et ça s’entend parfois). Mais « chansonnièrement »,
c’était réussi. Tant mieux, car le grand Plume se fait rare et il faut
pourtant que ses chansons continuent à nous brasser la cabane et les
idées toutes faites. Une chance que, pour cela, nous avons le soleil,
oui, nous avons le soleil… et les Denis Drolet.

Source : Marie-Christine Blais