Les deux partis de
l’opposition accusent la Ville de Montréal et son Service de police
(SPVM) de miner le travail de la Commission. La raison : un avocat de la
Ville, qui représente des policiers, a remis en cause sa compétence à
entendre certaines plaintes de profilage racial. Selon lui, elle n’est
pas apte à entendre la plainte d’une personne qui a été déclarée
coupable d’une infraction. Le conseiller Réal Ménard,
de Vision Montréal, fait valoir qu’une dizaine de dossiers sont bloqués
depuis des années par une stratégie des avocats municipaux qu’il
qualifie de « dilatoire ».
Il souhaitait que le conseil demande au SPVM
de collaborer avec le tribunal et que le mandat du service du
contentieux soit revu en conséquence. Sa proposition a recueilli
l’appui de l’autre parti de l’opposition, Projet Montréal. Mais elle
s’est heurtée au refus de l’administration Tremblay de s’ingérer dans
le travail de ses avocats. Le conseiller d’Union Montréal, Frantz Benjamin, a proposé un
amendement par lequel le conseil demandait aux instances concernées
« d’intensifier leur collaboration », mais qui ne donnait aucune
directive au contentieux.
Le débat a donné lieu à de solides prises de bec. Le conseiller de
Projet Montréal, Alex Norris, a accusé Frantz Benjamin de « trahison »
envers la communauté haïtienne, dont il est issu. Réal Ménard a pour sa
part qualifié de « couilles molles » la proposition d’Union Montréal. Mais
le parti du maire Tremblay a utilisé sa majorité pour faire adopter la
motion amendée. Devant le résultat, l’opposition l’a tout bonnement
retirée, mettant ainsi fin à plus de deux heures d’échanges. « Le SPVM
utilise les fonds publics pour aller devant le Tribunal des droits de
la personne pour qu’il n’y ait pas de jugement sur le fond, a dénoncé
le conseiller Ménard. Si on ne leur envoie pas un message, qui va les
arrêter? »
Frantz Benjamin s’est pour sa part dit outré par les attaques dirigées
contre lui. Selon lui, il n’est pas nécessaire de changer le mandat des
avocats du contentieux, puisque la Ville ne leur a donné aucune
directive particulière lorsqu’ils défendent des policiers accusés de
profilage racial. Selon Projet Montréal, le maire est responsable des actions intentées
par les avocats du contentieux, même s’il ne leur a pas donné de
directive précise.
Source : Martin Croteau