TOUTE VÉRITÉ EST BONNE À DIRE
Est-ce
qu’on s’entend au départ pour reconnaître que l’on vit beaucoup plus vieux
maintenant qu’autrefois? Un magazine laissait même espérer, ce mois-ci, que l’on
puisse filer allègrement vers les 120
ans. Personnellement, je n’y tiens pas beaucoup. Non, je corrige! Oui, oui, j’y
tiens, ne serait-ce que pour aller téter le maximum du Régime des rentes et du
fonds de pension!
En même temps, et c’est là la vérité troublante, c’est que
cette rallonge de la vie de l’Homme correspond à l’avènement du junk food.
Autrement dit, la restauration rapide a contribué à faire vivre la race humaine
plus longtemps. Ce qui m’a amené à cette constatation, qui vous l’avouerez,
relève du génie, c’est la lecture d’un livre qui vient de paraître, Toxic Foodde
de William Reymond (Flammarion). Un autre policier de l’alimentation qui
dénonce les dérives de l’agroalimentaire et qui pleurniche sur la disparition
du goût des tomates d’autrefois qui étaient, semble-t-il, bien meilleures, etc.
Vous voyez le genre. Celui qui, à son tour, fait dans le passéisme en entonnant
le « hier c’était mieux ». Bien mon cher, plus on remonte dans
l’Histoire et plus l’espérance de vie était courte. Il n’y avait pas de
pesticides à
et quand on atteignait 40 ans, on vous regardait avec respect.
ALLEZ À FOND DE TRAIN
Et
regardez maintenant, depuis l’apparition des McDonald’s, Poulet Frit Kentucky,
Wendy’s, Burger King et j’en passe, l’Homme vit vieux. Quel étonnant paradoxe!
Même qu’à ce rythme, on se retrouvera avec trop de vieux et plus assez de jeunes
travailleurs pour leur payer leur pension. Vous savez ce que j’en pense? Tout
est dans notre cerveau, qui fait figure d’ordinateur. Si vous êtes branchés sur
le positif, vous allez imprimer à votre ordi personnel de bonnes choses. Votre
métabolisme s’en ressentira tout entier. Exemple concret. Je me rappelle, il y a
quelques années, d’une cafétéria dans une résidence pour gens âgés. Je voyais un
quarteron d’octogénaires qui fumaient en pompant joyeusement la fumée, jouant
aux cartes, riant aux éclats et qui s’étaient tout de même rendus à ces âges
respectables. J’y suis retourné, il n’y a pas longtemps. On interdit bien sûr de
fumer. C’était macabre à voir. Chacun avait le nez sur les genoux, en attendant
quoi? La mort? Le vautour était dans l’air, en mode attente.
Le cancer vient
pour beaucoup de sentiments réfrénés que l’on n’a jamais osé exprimer, de peur
de faire des vagues. Donc au lieu d’exploser, ce qui est très sain, on implose.
On croyait s’être débarrassé du catholicisme, eh bien on s’est donné d’autres
polices, genre la diététiste Isabelle Huot qui, lorsqu’elle voit une motte de
beurre « crampe à mort ». On a ostracisé les fumeurs, les buveurs. Bientôt une taxe
sur la baise? Cessez de vous
culpabiliser quand vous dévorez un sac de chips Hostess. Pour vous
déculpabiliser, lisez plutöt cet ouvrage autrement plus équilibré, « Mangez
en paix », de Gérard Apfeldorfer, chez Odile Jacob. Qui nous donne la
bénédiction quand on a des petites fringales. L’essentiel étant de prendre ses
trois repas à heures fixes, de bouger beaucoup et d’éviter de grignoter entre
les repas. À travers ces règles, vous avez une marge de manœuvre incroyable. Ce
soir, au souper, je vais me taper une soupe aux pois, un hot chicken et un
banana split, et ensuite je marcherai sur Sainte-Catherine, de Berri en direction
d’Atwater. Je dormirai comme un loir et je risque ainsi de pouvoir réaliser mon
fantasme d’être abattu par un mari jaloux… à cent ans!