déjà, de toute façon, a fait valoir le président et chef de la direction
de Loto-Québec, Alain Cousineau, ajoutant que ce jeu est souvent
d’origine étrangère, parfois illégal. « Notre objectif, c’est de
déplacer cette offre-là vers un site qui est sécuritaire, qui protège
le joueur et qui encadre la consommation de jeux
en ligne de façon responsable, a commenté M. Cousineau. Ne mettons pas la tête
dans le sable, ça existe, les jeux en ligne. On est dans une société
Internet et ça va exister de plus en plus », a lancé le ministre des
Finances.
Le ministre Bachand a même soutenu qu’en intervenant
ainsi, le gouvernement accomplissait son devoir. « C’est notre devoir,
comme gouvernement, d’intervenir là-dedans », comme le gouvernement l’a
fait jadis dans le domaine de la loterie. M. Bachand a ajouté
qu’il serait même « heureux » si Loto-Québec parvenait à « cannibaliser
une plus grande part de marché » des jeux en ligne. Il a rappelé que les
Québécois tenaient à ce que le gouvernement combatte l’évasion fiscale.
Plus
précisément, Loto-Québec s’associera avec la société de loterie de la
Colombie-Britannique et celle des provinces atlantiques pour se doter
d’une plateforme commune de jeux en ligne. Elle commencera par le poker
et le pari sportif en ligne, pour éventuellement diversifier son offre
de jeux. Un comité d’experts sera institué avec le ministère de
la Santé et des Services sociaux pour faire rapport au gouvernement,
deux ou trois ans après le début des activités, afin de voir « si des
ajustements doivent être apportés », a noté le ministre des Finances.
Le
ministre Bachand a précisé que le gouvernement prévoyait recevoir « une
cinquantaine de millions » de dollars en dividendes de Loto-Québec après
trois ans d’activités, « plus ou moins 10 M$ ».
M.
Cousineau, de son côté, a promis que sa société prendrait toutes les
mesures requises pour s’assurer que les jeunes de moins de 18 ans ne
puissent jouer à ces jeux en ligne. Il faudra d’abord ouvrir un compte
pour pouvoir jouer et il y aura alors vérification de l’âge du client
et ce, par une firme externe. La vérification de l’âge sera faite chaque fois que le compte devra être approvisionné par carte de crédit
ou carte de débit.
Il sera également possible de s’auto-exclure de ce type de jeux. Une
limite de dépôt hebdomadaire sera déterminée par le joueur lui-même et
celui-ci ne pourra pas changer sa limite en cours de session de jeu.
RÉACTIONS
Réagissant
à cette annonce, l’Opposition officielle a reproché au gouvernement
Charest d’accroître l’offre de jeu, particulièrement pour les jeunes
adultes, tout en fermant les yeux sur les répercussions sociales du jeu. La
députée péquiste responsable des dossiers de services sociaux, Danielle
Doyer, a déploré le fait que l’on s’attarde à mesurer les effets
sociaux du jeu après coup, plutôt qu’avant. « Le ministre Bachand
reconnaît qu’il y a des coûts sociaux importants, mais son appétit à
siphonner notre portefeuille semble plus fort », a critiqué la députée
péquiste. Mme Doyer a également souligné que la ministre déléguée
aux Services sociaux Lise Thériault n’a pas participé à la conférence
de presse du ministre des Finances et de Loto-Québec, jugeant son
absence « éloquente ».
Professeur spécialiste des questions de jeu
pathologique, Jacob Amnon Suissa, de l’École de travail social de
l’Université du Québec à Montréal, n’a pas été impressionné par la
justification politique et sociale de cette offre de jeu en ligne. « C’est
l’extension d’un discours que nous connaissons déjà. Quand il y a eu
décision d’ouvrir le casino à Montréal avec les fameux appareils de
loterie vidéo, on nous a servi à peu près la même salade, à l’effet
qu’on allait pour une fois combattre des réseaux potentiellement
criminels et le crime organisé et que, de cette façon, on allait
justement l’encadrer ». M. Suissa n’y croit guère.
« Le
gouvernement est dans une situation de double message continu. D’une
part, il veut protéger les citoyens, d’autre part, il favorise l’accès
(au jeu en ligne) de manière officielle, sachant très bien que les
revenus vont augmenter », critique-t-il. Le professeur Suissa
ajoute que « ça augmente la désirabilité, l’acceptation sociale du jeu
comme faisant partie des loisirs ». Et il rappelle que ces jeux amènent
leur lot de détresse, de problèmes sociaux et individuels.
Source : PC